Il est de plus en plus difficile de se frayer un passage dans certaines rues de la capitale. Il faut être un gymnaste confirmé pour ne pas être auteur d’un accident. La pagaille se la dispute souvent à la pudeur au grand dam des riverains. La prolifération des maquis et autres bars commence à inquiéter les riverains qui craignent pour leur sécurité et pour celle de leurs enfants. La ville de Ouagadougou est envahie par les maquis. Dans chaque «six mètres» se dresse un bar ou maquis. Des maisons à usage d’habitation sont transformées en bar. La musique tonne. Les mineurs s’y plaisent. Les filles de joie arpentent les couloirs. Les voisins n’ont plus le droit de rentrer ou sortir tranquillement de leur cours, tant la voie est occupée par les clients et leurs bouteilles.
Il faut négocier pour accéder à chez soi. La situation est préoccupante. Face à toutes ces dérives, la police municipale a commandité une enquête en juin –juillet 2014 pour faire un état des lieux en vue de dégager des pistes de solutions et limiter la catastrophe.
De cette enquête des hommes du Commissaire Wango, on retiendra que la ville de Ouagadougou compte: 279 bars, 1.383 buvettes, 1.705 kiosques, 93 jardins, 25 boîtes de nuit, 99 caves, 286 cabarets, 250 restaurants. Le hic est que nombre de ces maquis ne respectent aucune règle régissant le fonctionnement de leur activité.
Selon l’enquête de la police municipale,1.133 buvettes de la commune (soit 81,92%) fonctionnent sans autorisation d’ouverture. Aussi, 1.081 buvettes (78,16%) n’ont pas de certificat de salubrité, 1.206 buvettes (soit 87,20%) sont sans certificat de désinfection, 1.099 buvettes (79,46%) ne disposent pas de carte professionnelle de santé. Parmi les buvettes supposées être en règle, 559 buvettes (40,41%) n’ont pas une licence conforme à la catégorie de boissons vendues et 89,73% de ces buvettes, soit 1241, occupent des parties des voies publiques sans disposer d’autorisation.
Ce n’est pas tout: 47,43%, soit 656 d’entre elles, sont implantées dans des parcelles à usage d’habitation et 1.205 buvettes (87,12%) occupent partiellement une portion du domaine public.
Quid des bars? Les chiffres parlent d’eux-mêmes: sur les 279 bars recensés à Ouagadougou, le secteur 16 tient la palme puisqu’il compte le plus grand nombre de bars : 22 bars, soit 7,88% du nombre total des bars de la commune. A ce niveau aussi, les infractions sont légion.
Il est urgent que l’autorité agisse avec la bonne compréhension des uns et des autres. Certaines pratiques de certains maquis sont aux antipodes de la bonne morale, donc nuisible pour l’avenir de nos enfants.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Que fait l’autorité devant une telle situation
Devant une telle pagaille, il est urgent, comme l’a relevé la police municipale, de réduire le délai d’octroi des documents administratifs ;
– fixer des quotas par arrondissement en fonction du nombre d’habitants pour ce qui est de l’ouverture des débits de boissons ;
– recadrer l’exercice de certaines activités, notamment la gestion des débits de boissons par une relecture des arrêtés relatifs à l’activité ;
– instaurer le respect strict des textes en la matière pour les activités causant des nuisances pour le voisinage ;
– redéfinir les lieux d’implantation de certaines activités ;
– renforcer les mesures de contrôle dans ces endroits ;
– interdire les occupations des voies publiques et du domaine public;
– faire respecter les textes en matière de changement de destination des parcelles.o Les textes et loi en la matière.
Les textes et Loi en la matière :
Selon la loi N° 9-79 du 7 juin 1979 régissant les débits de boissons, le nombre de débits de boissons dont l’ouverture est soumise à autorisation préalable est fixé comme suit:
– un (1) débit de boissons pour 2.000 habitants dans les agglomérations de 10.000 habitants;
– un (1) débit de boissons pour 1.000 habitants dans les agglomérations de 1.000 à 10.000 habitants.
Mais on constate que le nombre de débits de boissons est relativement élevé dans chacun des 12 arrondissements que compte Ouagadougou:
– dans l’arrondissement 1, pour une population de 113.315 habitants, on a 230 débits de boissons recensés, soit un (1) débit de boissons pour 492 habitants;
– dans l’arrondissement 2, on a 323 débits de boissons pour 116 682 habitants, soit un (1) débit de boissons pour 361 habitants;
– dans l’arrondissement 3, pour une population de 280.792 habitants, on a 482 débits de boissons recensés, soit un (1) débit de boissons pour 582 habitants;
– l’arrondissement 4 compte 320 débits de boissons recensés pour une population de 180.428 habitants, soit un (1) débit de boissons pour 563 personnes ;
– dans l’arrondissement 5, on a un (1) débit de boissons pour 483 habitants (287 débits de boissons pour une population de 138.847 habitants) ;
– l’arrondissement 6 compte 559 débits de boissons recensés pour une population de 197 045 habitants, soit un (1) débit de boissons pour 352 personnes ;
– l’arrondissement 7 dispose de 317 débits de boissons recensés pour une population de 157 777 habitants, soit un (1) débit de boissons pour 497 personnes ;
– dans l’arrondissement 8, on a un (1) débit de boissons pour 456 habitants (161 débits de boissons pour une population de 73.434 habitants) ;
– l’arrondissement 9 dispose de 303 débits de boissons recensés pour une population de 160.048 habitants, soit un (1) débit de boissons pour 528 personnes;
– avec une population de 219.374 habitants, l’arrondissement 10 compte 327 débits de boissons, soit un (1) débit de boissons pour 670 personnes;
– dans l’arrondissement 11, on a un (1) débit de boissons pour 600 habitants (360 débits de boissons pour une population de 216.107 habitants);
– dans l’arrondissement 12, on a un (1) débit de boissons pour 304 habitants (201 débits de boissons pour une population de 61.253 habitants).
Il a été recensé 3.870 débits de boissons à Ouagadougou pour une population estimée à 1.915.102 habitants, soit 1 débit de boissons pour 494 habitants.