Le directeur général des routes a donné une conférence de presse en réponse à la colère exprimée par les populations de la ville de Djibo. L’information principale est que la route reliant la province du Soum à celle du Bam sera bitumée à partir d’août 2015. Les études techniques démarreront incessamment. En attendant, après la fin des pluies, l’entretien courant devrait être mis en œuvre. Il faudra donc attendre encore un peu pour goûter aux délices du bitume. Mais deux regrets quand même. Primo, la conférence de presse aurait pu se tenir à Djibo, parce que la ville et ses populations sont les premières concernées. Secundo, le ministre, voire le porte-parole du Gouvernement, avait-là une belle occasion de s’expliquer et de tenter un rapprochement avec les Soumois. Non pas que le Dg des routes n’est pas la personne la plus compétente pour parler du dossier, mais il est évident qu’en termes d’interpellation, on s’attendait de voir le politique sortir de sa torpeur (au propre comme au figuré) sur la gestion de ce tronçon dont le bitumage est une promesse présidentielle faite il y a presque dix ans et non encore tenue.
Au-delà du bitumage attendu, c’est l’état de dégradation permanente de la voie qui a fini par exaspérer des populations qui se sont senties abandonnées par les pouvoirs publics. Car, il est connu que le Gouvernement a signé des accords de financement pour le bitumage de ce tronçon seulement en janvier 2014 et que, tôt ou tard les travaux démarreraient. La question essentielle qui se pose est: que fait-on en attendant pour rendre la nationale 22 praticable entre Kongoussi et Djibo? Le commerce, les évacuations sanitaires, le bétail, bref, l’activité économique s’en trouve réduite à sa plus simple expression, avec un renchérissement des prix. Il est de notoriété publique qu’une seule compagnie de transport osait encore mettre ses cars sur la route Kongoussi-Djibo. Et depuis quelque temps, elle a décidé d’arrêter les frais pour revenir sur l’axe Ouahigouya-Djibo, seulement moins mauvaise. Ce mouvement traduit-il donc le ressentiment de toute une province face à l’indifférence du pouvoir central? On peut regretter, voire condamner, la violence qui a suivi l’intervention du gouverneur de la région sur les ondes locales. Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt.
Abdoulaye TAO