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Boko Haram se rapproche du Cameroun

Les islamistes nigérians du groupe armé Boko Haram ont pris le contrôle d’une nouvelle ville du Nord-Est du Nigeria, étendant ainsi leur emprise le long de la frontière avec l’extrême-nord du Cameroun.

C’est la ville de Ashigashiya qui a été envahie dans la nuit du 25 au 26 août dernier par les combattants de Boko Haram. Selon un responsable de la police camerounaise dans la région, sous couvert d’anonymat, il n’y a pas eu de combat.
Les militaires nigérians déployés sur place ayant fui la ville pour se réfugier au Cameroun, a indiqué ce responsable. A cheval sur la frontière, Ashigashiya est coupée en deux par un petit cours d’eau qui marque la frontière entre les deux pays. Le groupe Boko Haram veut aussi avoir la mainmise sur la partie camerounaise de la ville.
Les combattants de Boko Haram se sont emparés de plusieurs autres localités de cette partie du Nord-Est du Nigeria, proche de la frontière camerounaise, y commettant de nouvelles exactions, a indiqué un responsable local nigérian à l’AFP. Les insurgés islamistes ont notamment progressé sur environ 25 kilomètres vers le Sud depuis Gwoza (Etat de Borno), ville que le chef de Boko Haram a déclaré être placée sous le règne du califat islamique, dans une récente vidéo.
Les nouvelles du front ouvert isolément par le Cameroun et le Nigeria contre Boko Haram ne rassurent guère. Elles prêtent même à pessimisme. Au-delà de la coopération, «c’est toute la stratégie déployée contre Boko Haram qu’il convient de revoir, se convainc un haut gradé de l’armée camerounaise. Ce qui se passe sur les frontières, c’est qu’en plus de cette porosité endémique, il y a des affinités sociologiques de part et d’autre de la frontière.
Les populations du côté camerounais sont parentées aux populations du côté du Nigeria. Dans la plupart des cas, elles parlent la même langue, elles ont les mêmes obédiences religieuses. Et finalement, ces affinités peuvent même créer des complicités».
Au-delà des revers ou de la capacité des forces de défense des deux pays à faire face à Boko Haram, c’est l’attitude des deux chefs d’Etat qui pose problème. A la conférence de presse organisée à l’issue du sommet de Paris sur la sécurité au Nigeria tenu le 17 mai, Paul Biya et Goodluck Jonathan déclarent la guerre à la nébuleuse islamiste. De part et d’autre, des engagements sont pris dans l’optique, entre autres, d’un renforcement de la coopération entre les deux pays à travers notamment un échange d’informations ou de renseignements.
Mais aujourd’hui, le sommet de Paris donne l’impression de ne pas tenir ses promesses. Tant les deux dirigeants semblent s’être interdits toute rencontre à deux. Annoncée en grande pompe par M. Biya lors de son départ pour le premier sommet Etats-Unis/Afrique, la concertation entre les deux chefs d’Etat n’aura finalement pas lieu.
Pourtant, l’absence de coopération en matière de lutte contre Boko Haram a déjà fait les preuves de sa nuisance dans les rapports entre les deux voisins. Faute de trouver une oreille attentive à Yaoundé, l’armée nigériane avait pris de manière unilatérale la résolution de poursuivre les membres de la secte réfugiés en territoire camerounais.
Ce qui avait bien failli conduire à une crise diplomatique entre les deux capitales.
NK

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