
• 165 FCFA pour commencer
• Un prix qui peut évoluer selon l’offre et la demande
• Objectif : sécuriser les revenus et renforcer la transparence commerciale

Enfin ! Les acteurs de la filière oignon se sont entendus sur l’essentiel : un prix minimum garanti d’achat au producteur fixé à 165 FCFA le kg. Ce résultat est l’aboutissement d’un plaidoyer engagé depuis 2021, par les acteurs de la filière, avec l’appui déterminant de leurs partenaires. Depuis plusieurs années, la filière oignon fait face à des difficultés liées à l’absence d’un système uniforme de mesure, entraînant des pertes, des désaccords et une volatilité marquée des prix. L’interprofession a donc travaillé à l’harmonisation des pratiques commerciales, afin de mettre fin aux écarts d’évaluation et aux injustices souvent dénoncés, lors des référendums statutaires. Le plaidoyer engagé portait sur trois axes majeurs : la vente de l’oignon au kilogramme, la normalisation des unités de mesure et la mise en place d’un prix minimum garanti au producteur. Avec l’appui de différents partenaires, les acteurs ont pu conduire les études nécessaires, renforcer le dialogue entre producteurs et commerçants et créer les conditions favorables à l’adoption consensuelle du prix minimum garanti. Les éléments tirés particulièrement de l’étude commanditée, en 2025, sur la proposition d’un mécanisme de fixation d’un prix plancher ; les confrontations et discussions, ont permis d’aboutir à un prix consensuel de 165 FCFA.
Ainsi, le Comité interprofessionnel de la filière oignon du Burkina (CIFOB), l’Union nationale des producteurs d’oignon du Burkina (UNAPOB) et l’Association professionnelle des commerçants d’oignon du Burkina (APCOB) ont tenu la rencontre nationale consacrée à l’annonce officielle du Prix minimum garanti (PMG) d’achat de l‘oignon au producteur, le lundi 1er décembre 2025, à Ouagadougou. Par prix minimum garanti, il faut comprendre qu’il s’agit d’un seuil en dessous duquel l’oignon ne peut plus être acheté chez le producteur. « Ce prix minimum garanti signifie que l’on ne peut pas acheter l’oignon chez les producteurs en dessous du montant que nous avons communiqué. Il faut encourager les producteurs si nous voulons qu’il y ait toujours de l’oignon sur le marché. À travers des sensibilisations, nous allons essayer de faire respecter ce prix minimum, parce que c’est une décision qui doit les arranger et non être un désavantage», a précisé Adama Nassa, vice-président du CIFOB. Ce prix minimum constitue donc un outil essentiel pour une transparence renforcée et une meilleure régulation du marché. Il représente également un levier pour encourager la production nationale, préserver les revenus des agriculteurs et instaurer une dynamique durable au sein du secteur.

René Soalla.
« Ce n›est pas un prix fixé au hasard. Nous avons d›abord commandité une étude avec un consultant dans les différentes zones de production de l›oignon au Burkina, pour nous ressortir le coût de production d’un hectare d’oignon par zone. Et c’est au regard des résultats de cette étude que nous avons pris une moyenne pour mettre sur la table. Et cette moyenne, du côté des commerçants, ils sont allés sur la base aussi du prix minimum qu’ils vendent à l’exportation. Et cela a facilité vraiment nos rapprochements pour en arriver au prix de 165 FCFA le kilogramme. Les 165 FCFA le kilogramme, c’est un prix minimum garanti. Cela ne veut pas dire que l’oignon, obligatoirement, on doit le vendre à ce prix », précise donc René Soalla, président de l’UNAPOB. En français facile, cela veut dire que les commerçants et les producteurs s’engagent à ne pas vendre l’oignon en dessous de 165 FCFA le kilogramme, quelles que soient les situations. Mais lorsque la demande serait forte, on pourrait se retrouver à 200, 300, 400, 500 et pourquoi pas 1000 FCFA le kilogramme. Tout dépendra de l’offre et de la demande. Le prix minimum garantit donc le revenu du producteur et aussi permet aux commerçants de pouvoir exporter, vendre sur le marché local et même exporter et s’en sortir.
Le prix minimum garanti fixé est donc un prix entre les acteurs de l’interprofession. Au niveau du consommateur, il arrive souvent que ce prix soit multiplié par 4 au moins. Voici une explication de René Soalla par rapport à cette variation du prix au niveau du consommateur : « La production de l’oignon est à cheval entre deux années. On commence la pépinière en août-septembre, le repiquage en octobre-novembre et les récoltes, c’est en février-mars. Et lors des récoltes, il y a surabondance au niveau du marché, parce que beaucoup de producteurs ne disposent pas de magasins de stockage. Par manque d’infrastructures de stockage, les producteurs sont obligés d’écouler le produit pour faire face à leur charge. Donc en ce moment, comme il y a plus d’offre que de demande, les prix vont chuter. Mais à l’issue de cette période, le prix de l’oignon ne peut plus être comme au moment de la récolte. C’est la disponibilité qui va réguler le marché. C’est pour cette raison que les prix sont fluctuants au niveau des marchés. A ce prix entre producteurs et acheteurs, il faut ajouter ceux de la collecte des zones de production vers les zones d’enlèvement, la manutention, le transport vers les marchés locaux et les taxes. Finalement, le consommateur aura le kg un peu plus cher».
La disponibilité d’infrastructures de stockage permettrait de pouvoir réguler le marché et il n’en existe pas beaucoup pour le moment. Les producteurs s’adaptent. A défaut de grands magasins, certains s’accommodent de constructions simples comme les greniers traditionnels améliorés pour conserver l’oignon. Les organisations professionnelles, elles, mettent l’accent sur l’itinéraire technique de la production, car si l’oignon est bien produit, suivant vraiment un itinéraire bien précis, il se conserve longtemps, dans n’importe quel cadre, pourvu qu’il y ait un peu d’air.
Moumouni SIMPORE
Quid du PMG ?
Prix déterminé dans un système d’organisation des marchés (PMG) , notamment pour les produits agricoles, afin d’assurer la rémunération du producteur, et maintenu pour une certaine période (prix de campagne, par exemple) sans pouvoir être augmenté ni diminué. Ce prix garanti est établi pour une certaine qualité du produit et peut être soit un prix fixe, soit un prix minimum, soit un prix moyen. Il peut s’appliquer à la totalité d’une production ou seulement à une partie de celle-ci (quantum). Le respect de ce prix garanti peut être assuré par des interventions directes des pouvoirs publics (subventions) ou d’organismes d’intervention officiels, compte tenu de l’importance de la production et de l’état du marché.


