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Ecoulement des récoltes bord champ: les prix ne devraient pas diviser

• Entre achat et vente, il faut encore le juste milieu

• L’Etat dit consentir d’énormes efforts

• Les producteurs indexent des coûts de production très élevés

Sept (07) millions de tonnes de céréales. C’est l’objectif de production affiché en début de la campagne humide 2025-2026 au Burkina Faso. Cet objectif comprenait un certain nombre de tonnes pour le blé, le maïs, le riz, le mil, le sorgho et le fonio. Pour atteindre ces résultats, le gouvernement a investi dans du matériel agricole, notamment, pour les producteurs de riz et de blé, et apporté des appuis multiformes, comme la fourniture d’intrants agricoles, des aménagements de sites, des labours subventionnés, etc.
Il est encore trop tôt en novembre pour faire le bilan. Pour l’heure, l’attention est aux récoltes et la question de l’écoulement se pose aussi. La Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) a entrepris une opération de collecte bord champs des produits agricoles composés de mil, maïs, sorgho, riz paddy et niébé. Pour cela, voici les prix planchers qu’elle propose : 145 FCFA pour le kg de maïs, 200 FCFA le kg de mil, 170 FCFA le kg de sorgho, 360 FCFA le kg de niébé, 170 FCFA le kg de riz TS2 et orylux et 165 FCFA le kg des autres variétés de riz. « Pour la fixation des prix, nous pris en compte l›ensemble des charges supportées par les producteurs, sans distinction liée à un éventuel accompagnement de l›Etat, tel ques les engrains subventionnés ou les labours gratuits ou subventionnés. Autrement dit, nous avons considéré le producteur comme n›ayant reçu aucun appui spécifique», a précisé Stéphane Gildas Tiendrébéogo, Directeur général de la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS), au lancement officiel, le vendredi 7 novembre 2025, à Karfiguela, dans la région des Tannounyan.

Mahamadi Ouédraogo, une partie de sa récolte en arrière-plan. (DR)

A l’écouter, plusieurs paramètres techniques ont été analysés, afin de garantir une rentabilité équitable pour les producteurs, tout en assurant une structuration cohérente du marché. Des concertations ont été menées avec les producteurs, afin de recueillir leurs préoccupations, et ces échanges ont permis d’aboutir à des prix consensuels, jugés justes et avantageux pour toutes les parties prenantes.

Des producteurs inquiets
Malgré ces garde-fous, les prix proposés ne semblent pas faire l’affaire de tous. Avant même qu’ils soient rendus publics, ils ont suscité des débats. La magie des réseaux sociaux aidant, certains producteurs n’ont pas hésité à exprimer leurs inquiétudes à travers leurs pages Facebook. C’est le cas de Mahamadi Ouédraogo, qui s’est exprimé la veille du lancement officiel de la collecte en ces termes : « Actuellement, dans notre zone, le maïs est à 11000 F le sac de 100kg. Ceux qui sont en ville qui n’ont jamais produit 1ha sont heureux, ils n’ont même pas pitié des producteurs. Nous allons tous nous retourner sur le coton et on verra bord champ de qui vous allez avoir du maïs les années suivantes. Moi en tout cas, j’ai dit à la famille que nous allons stocker notre maïs, même si on fera trois ans sans produire du maïs. NB : nous avons produit 5ha de maïs mais même un sac d’engrais de l’Etat on n’a pas eu ». Cette réalité touche aussi le Nando, en témoigne cette plainte de Nouhoun Ziba: « Dans la province du Sissili, l’engrais NPK Yaramila, nous l’avons acheté à 30 000 FCFA pour produire cette année. Beaucoup d’agriculteurs ont contracté des prêts dans les microfinances pour produire du maïs, mais vu la réalité qui est actuellement sur le terrain, d’autres risquent de tout vendre, après avoir fini de rembourser leur crédit.
Pour 1 ha, il faut au minimum 4 sacs d’engrais, combien de sacs de maïs faut-il vendre pour payer 4 sacs d’engrais. Si la situation ne change pas pour la campagne suivante, beaucoup n’auront pas le choix que de migrer vers les cultures de rente qui demandent moins d’engrais. La province du Sissili n’est pas la seule à se confronter à ce genre de défi ».

Le marché reste tel quel
Si les inquiétudes sont légitimes, la SONAGESS semble être victime d’un faux procès. Pour cette campagne humide 2025-2026, il y a une prévision nationale de 7 millions de tonnes de céréales. Sur cette prévision, la SONAGESS souhaite collecter seulement 530 000 tonnes de céréales et de légumineuses. Cette collecte se fera dans les zones de production réputées excédentaires essentiellement à partir de prix fixés de commun accord avec des producteurs.
La campagne agricole humide 2024-2025 a enregistré 6 millions de tonnes de céréales et un million de plus pour la présente campagne. L’opération de la SONAGESS ne couvre même pas le surplus de la production nationale ; elle ne peut donc pas influencer considérablement le marché national.
Celui-ci reste classique : les échanges directs entre les producteurs et les grossistes ou commerçants pour l’approvisionnement des marchés locaux et peut-être ceux de la sous-région. Le problème soulevé par certains producteurs est récurrent et il faudrait travailler davantage sur les comptes d’exploitations, le choix des spéculations dans les zones de production, l’approvisionnement en engrais.
Moumouni SIMPORE

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