Economie

SITAHO 2025: vers la mise en place d’un levier stratégique pour l’assainissement durable

• La Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) dans les réflexions

• Plus de 500 participants en présentiel et 10 000 visiteurs digitaux attendus

• Un comité scientifique pour assurer la qualité technique et méthodologique du Salon

Le Comité d’organisation s’est plié aux questions de la presse. (Ph: Yvan SAMA)

Le Burkina Faso s’apprête à accueillir la deuxième édition du Salon international des toilettes, de l’assainissement et de l’hygiène (SITAHO), prévue les 07 et 08 novembre 2025. Cet évènement, devenu incontournable dans le paysage régional du secteur WASH (Water, Sanitation and Hygiene), s’inscrit dans une dynamique de mobilisation multisectorielle pour accélérer l’accès universel à l’assainissement, conformément à la Cible 6.2 des Objectifs de développement durable (ODD).
Le comité d’organisation, piloté par Noaga Inès Gwladys Zouré/Ouédraogo, était face à la presse le jeudi 16 octobre 2025, à l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE), pour donner les grandes lignes de l’édition. Fort du succès de la première édition, cette deuxième s’inscrit sous le thème : « Accélérer l’accès à l’assainissement pour tous : innover, financer, agir ». « Les défis d’assainissement ne sont pas l’apanage des zones rurales. À Ouagadougou même, les infrastructures sanitaires restent insuffisantes, y compris dans les services publics. Les stations de traitement des boues de vidange, comme celles de Kossodo et de Sourgoubila, sont souvent inopérantes, notamment, en saison des pluies, obligeant les vidangeurs à des pratiques non conformes », précisera la PCO, sur le choix de Ouagadougou pour abriter cette rencontre. Ce thème s’aligne pleinement d’ailleurs sur la vision du Programme national d’assainissement des eaux usées et excréta (PN-AEUE) et contribue à la mise en œuvre de la cible 6.2 des Objectifs de développement durable(ODD), qui vise d’ici 2030, l’accès universel à un assainissement sûr, équitable et inclusif. Il reflète une volonté de passer de la sensibilisation à l’action, en mobilisant les ressources financières, les innovations technologiques et les acteurs de terrain pour répondre aux urgences sanitaires et environnementales.

La première édition du SITAHO a permis une prise de conscience collective sur les enjeux de l’assainissement ; la formulation de recommandations concrètes, lors des panels ; la création de partenariats B2B avec des entreprises locales et internationales ; la vulgarisation de technologies adaptées, comme les toilettes SATO, importées par des partenaires chinois, et la valorisation d’innovations locales, conçues pour répondre aux réalités du terrain.
Une capitalisation de ces acquis sert de base pour l’organisation de la prochaine édition. Dans un contexte marqué par les effets croissants du changement climatique, cette deuxième édition met résolument l’accent sur l’innovation comme levier stratégique pour transformer le secteur de l’assainissement au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest. En plus de son ambition technique, le Salon se distingue par une forte mobilisation institutionnelle et une volonté affirmée de créer un impact durable.
Parmi les avancées notables, figure l’intégration de la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) dans les réflexions sur l’assainissement. Cette approche vise à traiter les eaux usées, les valoriser, et les réintroduire dans les cycles naturels sans nuire à l’environnement. Des Agences nationales seront invitées à présenter leur stratégie de gestion de l’eau, avec pour objectif de renforcer la cohérence entre politiques d’assainissement et de développement durable. Les panels proposés aborderont, notamment, les ouvrages d’assainissement résilients face à la sécheresse, aux inondations et aux vagues de chaleur ; les défis de financement du secteur, encore largement sous-doté malgré son importance stratégique ; la valorisation des déchets issus de l’assainissement en tant que ressources pour l’agriculture, l’énergie et l’économie circulaire.
Autre innovation structurante, la création d’un comité scientifique chargé d’assurer la qualité technique et méthodologique du Salon. Ce comité regroupe des institutions académiques et de recherche telles que l’Université Joseph Ki-Zerbo; l’Université Thomas Sankara; le Centre national de recherche scientifique et technologique; l’École normale supérieure de Koudougou. Leur mission sera d’encadrer les communications, valider les méthodologies, et garantir la pertinence des recommandations issues des panels.
Le SITAHO 2025 va donc se positionner ainsi comme un cadre stratégique de concertation, d’innovation et d’action, visant à renforcer les politiques nationales d’assainissement et à promouvoir des solutions locales, inclusives et durables. Cette édition ambitionne de réunir plus de 500 participants en présentiel et 10 000 visiteurs digitaux. Le programme prévoit des communications scientifiques animées par des experts du secteur ; des ateliers techniques pour renforcer les capacités des acteurs locaux, des conférences-débats, des rencontres B2B et G2B, et tables rondes, une exposition technologique mettant en avant des innovations telles que les toilettes intelligentes, les solutions sans eau et les biodigesteurs.
L’évènement se veut également un hub régional, catalyseur d’échanges entre institutions, entreprises, chercheurs et citoyens autour des enjeux de l’hygiène et de la gestion intégrée des ressources en eau.
Abdourahim Souleymane TRAORE (Collaborateur)

Selon les dernières données mondiales, près de 419 millions de personnes pratiquent encore la défécation à l’air libre, dont 193 millions en Afrique. Au Burkina Faso, le taux d’accès à des services d’assainissement adéquats s’élevait à 28,3 % en 2024, illustrant des progrès encore fragmentés et insuffisants. À moins de cinq ans de l’échéance 2030, les efforts doivent être quintuplés pour espérer atteindre les objectifs fixés par l’ODD 6.2.

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