Situation sécuritaire: une légère amélioration

• Baisse de 11,5% du nombre de victimes
• Et du nombre d’incidents
• Entrainant une hausse de croissance du PIB
En 2024, la situation en matière de sécurité s’est légèrement améliorée, en témoigne la baisse du nombre de décès et d’incidents. Ce constat est de la Banque mondiale sur la base des sources du projet de données sur les lieux et les évènements des conflits armés (ACLED), du gouvernement du Burkina Faso et des estimations du personnel de la Banque mondiale. Ces sources sont compilées dans le rapport de la Banque mondiale à travers sa représentation du Burkina Faso, qui a produit la Note sur la situation économique, chapitre spécial : l’énergie au service de la croissance économique, publiée en avril 2025 et rendu publique le jeudi 10 juillet 2025, à Ouagadougou.
L’institution de Bretton Wood affirme, sans ambages, que la situation sécuritaire s’est légèrement améliorée en 2024, avec une baisse des incidents et des pertes humaines, reflétant la hausse des allocations budgétaires pour la sécurité et la défense. Mieux, le rapport révèle qu’en 2024, le nombre de victimes a diminué de 11,5% et le nombre d’incidents a baissé de 26,1%, indiquant une évolution modeste mais positive (graphique 1). A en croire les enquêteurs du rapport, ce constat témoigne des efforts accrus du gouvernement pour renforcer les forces de sécurité et améliorer les réponses, notamment, grâce à des augmentations budgétaires significatives au cours des dernières années (graphique 2).
En dépit de ces améliorations, la Banque mondiale souligne que le contexte global reste difficile avec, notamment, des zones à forts défis sécuritaires. Toutefois, note-t-elle, le Burkina Faso fait preuve de résilience, et le gouvernement continue de relever les défis complexes liés à la stabilisation du territoire et à la poursuite des objectifs de développement, malgré les contraintes budgétaires. Cette amélioration sécuritaire a eu des impacts sur l’économie burkinabè dont la croissance du PIB est passée de 3% en 2023 à 4,9% en 2024.
En plus de l’impact sécuritaire, l’économie a été fortement impulsée par le secteur agricole et les services. A titre illustratif, le secteur des services demeure le principal moteur de la croissance, contribuant à hauteur de 3,1 points de pourcentage(PP) à la croissance globale du PIB, en raison de la forte croissance des services de l’administration publique et autres services communautaires ou personnels, qui représentent 22% de l’économie. La croissance de ce secteur a été soutenue par une amélioration progressive de la sécurité, qui a également stimulé la vente au détail, le commerce et les services de réparation. Le document mentionne que l’agriculture a contribué à hauteur de 1,9 pp à la croissance globale du PIB, grâce aux conditions météorologiques favorables, au meilleur accès aux terres cultivables et au soutien accru du gouvernement.
L’insécurité a impacté le secteur minier en 2024
En revanche, le secteur secondaire a moins bénéficié des améliorations de la sécurité, se contractant de 2,8%, en raison de la baisse de la production d’or. Le secteur secondaire a soustrait 0,5 pp à la croissance du PIB, en raison d’une baisse de la production d’or causée par la fermeture de la mine de Boungou en 2023, avant son rachat par l’État en août 2024 et d’une réduction de la production dans d’autres mines, en raison des contraintes liées à l’insécurité et les coûts qui en résultent (Figure 3).
Optimiste… mais des défis majeurs demeurent
Ces indicateurs sécuritaires à la baisse sont, certes, encourageants mais demeurent encore fragiles, au regard de certains enjeux. C’est une observation pertinente qui ressort de la Note de la Banque mondiale. Celle-ci mentionne que les défis sécuritaires demeurent d’actualité, avec des tensions géopolitiques susceptibles d’aggraver la situation.
En 2024, l’ACLED a enregistré environ7 500 décès liés à la sécurité au Burkina Faso, soient 1 000 de moins qu’en 2023. La crise avait entrainé le déplacement de plus de deux millions de citoyens, forçant la fermeture de centres de santé et d’écoles, et perturbant les voies d’approvisionnement. En plus des défis internes (humanitaires), l’institution de Bretton Wood fait observer qu’il y a également des tensions géopolitiques régionales, en particulier, après la formation de l’Alliance des États du Sahel par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, en septembre2023, marquant officiellement leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 2024. Pour elle, la situation politique interne reste inchangée depuis le dernier coup d’État de septembre 2022, et les élections ont été reportées à 2029.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Un mot sur la Note sur la situation économique, chapitre spécial : l’énergie au service de la croissance économique
La Note sur la situation économique du Burkina Faso fait partie d’une série de rapports de la Banque mondiale publiés une fois par an, qui évalue les évolutions économiques et sociales récentes, ainsi que les perspectives du pays. Cette publication propose également une analyse approfondie d’une thématique de politique publique, en présentant les défis actuels et les perspectives. Elle s’adresse à un large public, y compris les décideurs politiques, les chefs d’entreprise, les acteurs des marchés financiers, ainsi que les analystes et professionnels intéressés par l’évolution de l’économie burkinabè. Le rapport a été préparé par une équipe pluridisciplinaire de la Banque mondiale dirigée par Daniel Pajank (Économiste principal).