Redonner toute sa valeur au travail des femmes et au militantisme

Les femmes travaillent dur. A longueur de journée, elles s’occupent des autres, font naître de nouvelles idées, partagent des connaissances, trouvent des solutions. Elles construisent notre monde et contribuent à nos économies et à nos sociétés de multiples manières.
Pourtant, une grande part de ce travail est sous-évaluée, et mal rémunérée. Imaginez le quotidien de ces millions d’employées domestiques qui travaillent de longues journées sans aucune sécurité de l’emploi, des ouvrières du textile exploitées dans des ateliers clandestins, des professionnelles du sexe dont l’activité est érigée en infraction, des travailleuses non déclarées, invisibles et sans protection légale. Des normes patriarcales dévaluent à la fois les femmes et leur travail. A tel point que le travail des femmes, parfois nécessaire à leur survie, n’est même pas considéré comme un vrai travail.
La dépréciation du travail des femmes est amplifiée par d’autres injustices économiques : trop souvent dans le monde, dans leur communauté même, les femmes se voient refuser le droit d’hériter de l’argent ou des biens, ou de posséder des terres. Il en résulte un transfert d’actifs systématique des femmes vers les hommes, génération après génération. Les femmes peuvent également ne pas avoir accès au crédit ou à un compte bancaire, ni aux connaissances financières et autres qui leur permettraient de comprendre le système économique et d’en tirer parti. Ailleurs, les terres communales et les ressources naturelles dont les femmes indigènes du monde rural dépendent pour leur survie, et auxquelles elles devraient pouvoir prétendre, sont confisquées par des corporations privées et des gouvernements complices.
L’effet cumulé de ces injustices est que les femmes sont privées de pouvoir et d’accès aux ressources – argent, biens, information sur les rouages économiques et financiers – qui rendent possible une vie digne et autodéterminée.
Chez Mama Cash, nous savons que les activistes féministes qui s’en prennent aux injustices systémiques font face à d’immenses défis. Faire évoluer des normes sociales profondément enracinées qui dévaluent le travail et les tâches domestiques, affronter les propriétaires d’usines qui harcèlent et licencient les militantes, s’opposer aux entreprises qui recourent à des milices privées pour protéger leurs intérêts – tout cela est dangereux. Parfois mortel.
En mars 2016, Berta Cáceres, militante pour la cause des femmes et de l’environnement, est assassinée au Honduras. Depuis des années, elle organisait la défense des terres ancestrales de sa communauté indigène Lenca contre l’exploitation opérée par des entreprises locales et transnationales. Berta Cáceres a été tuée parce que son organisation,
Zohra Moosa, directrice générale de Mama Cash