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Assurance agricole: près de 35.000 hectares couverts au titre de la campagne 2024-2025

• Plus de 14.420 souscriptions pour 9 spéculations déjà couvertes

• De nouveaux produits au niveau de l’élevage en études.

• Décryptage avec le DG de la Promotion de l’économie rurale, Ollé Arnaud Kam,

Ollé Arnaud Kam, DGPER : « L’indemnisation en cas de décès n’exclut pas, lorsqu’il y a survenu du sinistre, que les ayants droit bénéficient de l’indemnisation en cas de baisse de rendement »

L’Economiste du Faso : Quelle est votre position ? Pouvez-vous présenter l’assurance agricole ? Quel peut être l’impact d’une telle assurance sur l’agriculture burkinabè ?
Ollé Arnaud Kam, Directeur général de la Promotion de l’économie rurale (DGPER)
L’objectif de l’assurance agricole, c’est de permettre aux producteurs de gérer les risques dont ils font face dans le cadre de leurs activités. Et donc sur cette base, il faut dire que plusieurs impacts sont attendus, en commençant, notamment, par le renforcement de leur résilience, déjà face aux aléas climatiques. Cela aussi va contribuer ainsi à améliorer la sécurité alimentaire et de leurs revenus. L’assurance agricole a un impact également sur l’accroissement de la productivité agricole.
Et du côté du gouvernement, il y a aussi un impact assez important qu’on peut relever, notamment, la réduction de l’intervention de l’Etat lorsque nous avons des chocs au niveau du secteur agricole, puisque les producteurs seront assurés. On peut aussi relever un impact lié à l’amélioration de l’accès de ces producteurs au crédit agricole, parce que l’assurance permet une meilleure gestion des risques et rassure les partenaires, comme les banques commerciales.

Depuis quand les producteurs burkinabè bénéficient de cette assurance ? Et aujourd’hui, quelles sont les spéculations concernées ?
Les premières réflexions pour développer des produits assurantiels au niveau du Burkina Faso datent de 2010. Mais c’est à partir de 2019 que nous avons eu une première phase pilote de l’assurance agricole, qui couvrait essentiellement les risques liés à la sécheresse. Cette assurance agricole a été mise en œuvre sur trois régions, à savoir la Boucle du Mouhoun, le Centre-Ouest et l’Est, pour essayer de couvrir un peu les zones agro-climatiques au niveau du Burkina Faso. Les principales spéculations céréalières comme le mil, le sorgho et le maïs étaient concernées.
Donc, il faut dire que depuis 2020, nous sommes en train d’implémenter cette assurance agricole au Burkina Faso. Avec l’Offensive agropastorale et halieutique, il y a eu des innovations au niveau des produits assurantiels, pour développer des produits qui sont mieux adaptés aux besoins des producteurs, parce que les risques que ces derniers courent, liés aux aléas climatiques, vont au-delà de la sécheresse.
Pour la phase pilote, il s’agissait essentiellement des risques liés à la sécheresse. Et avec cette innovation qui a été portée dans le cadre de l’Offensive agropastorale et halieutique, les risques qui sont couverts sont, notamment, la baisse de rendement, qui peut être due à un lot d’aléas climatiques, y compris toujours les questions de sécheresse, les questions d’inondation, les feux de brousse, les attaques acridiennes, les maladies de plantes, etc., et aussi le décès du producteur. Et aujourd’hui, nous sommes à 9 produits couverts dont on a déjà eu une première phase d’implémentation pour la campagne 2024-2025. Il s’agit, notamment, du maïs, du mil, du riz, du sorgho, du coton, du sésame, du soja, de l’arachide et du niébé.

Après la phase pilote et les différentes expérimentations, peut-on dire aujourd’hui qu’il existe un dispositif de commercialisation de tous les produits d’assurance agricole ?
Tout à fait, il existe un dispositif de commercialisation. La souscription se fait à travers une plateforme de souscription, ou directement auprès des agents techniques de l’agriculture au niveau des différentes Communes, des différents départements. Et aussi, les producteurs qui peuvent avoir directement accès aux sociétés d’assurance qui commercialisent ces produits peuvent directement se rendre auprès de ces sociétés-là pour pouvoir souscrire à l’assurance agricole.

On a entendu parler de l’assurance climatique indicielle et de l’assurance sur le rendement. Alors, qu’est-ce que l’assurance climatique indicielle et qu’est-ce que l’assurance sur l’indice de rendement ?
Pour ce qui concerne l’assurance agricole, il faut dire qu’il y a deux types essentiellement. Il y a les assurances traditionnelles ou classiques et les assurances indicielles ou paramétriques. Pour ce qui concerne les assurances dites traditionnelles, c’est un peu à l’image de ce que nous avons avec nos véhicules.
L’évaluation du dégât est faite par inspection au niveau directement de l’exploitation, à la différence de l’assurance indicielle où il y a un paramètre ou un indice de départ qui est établi et c’est à partir de cet indice de départ que l’appréciation du sinistre sera faite. Pour maintenant répondre de façon plus précise à votre question, au niveau de ce type d’assurance, à savoir l’assurance indicielle, nous en avons deux types. Il y a, notamment, ce qui concerne l’assurance indicielle climatique qui est basée sur des paramètres météorologiques tels que la température, la précipitation, …et également qui sont corrélés avec soit le rendement, soit les revenus. A ce niveau, généralement, les données sont collectées à partir des satellites. A côté de ça, nous avons l’assurance indice de rendement où les pertes ou les sinistres sont évalués à travers les pertes moyennes par rapport à l’indice qui a été initialement défini en début de campagne. Là, généralement, la collecte se fait au niveau communal, puisque la référence de base est définie à travers la Commune ou le département.

Au niveau du ministère en charge de l’agriculture, quel est le type d’assurance qui a été adopté et qui est en vigueur ?
Au niveau du Burkina Faso, celui que nous appliquons depuis l’année passée, c’est l’assurance indice de rendement.

Dans une même Commune, on peut avoir des sols différents d’un coin à l’autre ou une différence de la pluviométrie d’un point A à un point B. Ces facteurs-là ne jouent-ils pas beaucoup sur le rendement moyen ?
Non. Cela a été minimisé par une technique pour pouvoir évaluer le rendement moyen au niveau de la Commune, qui est la pose du carré de rendement. La pose du carré de rendement s’intéresse à toutes les particularités de la Commune, donc ça prend en compte toutes les différences au niveau de la même Commune qui se posent pour pouvoir avoir la tendance moyenne. Cette même base d›évaluation est faite après de la campagne.
L’avantage aussi avec cette méthode, c’est que c’est fait en présence des producteurs eux-mêmes, qui connaissent déjà un peu cette technique-là, qui est déjà utilisée par le ministère de l’Agriculture pour évaluer les productions à l’issue de nos différentes campagnes.

Ce type d’assurance est en vigueur depuis l’année passée, donc nous sommes dans la deuxième année d’expérimentation, de mise en œuvre. Qu’est-ce qui a prévalu au choix de ce type d’assurance ?
Avec notre première expérience au niveau de la phase pilote, l’assurance s’intéressait juste à la couverture du risque lié à la sécheresse. On a alors remarqué que les problèmes qui sont référents au niveau de notre secteur agricole vont au-delà de la question de la sécheresse.
Il s’agit, notamment, des questions liées aux inondations, des questions liées aux maladies des plantes comme les chenilles légionnaires, les vents violents, les attaques acridiennes et autres. Il y avait autant de préoccupations qui ont été posées par les acteurs pour voir dans quelle mesure ça peut être capitalisé également dans le cadre de l’assurance agricole. Donc ce produit répond encore mieux aux besoins des acteurs du secteur.

Depuis sa mise en œuvre pour l’année passée, peut-on avoir des chiffres avec vous, notamment, le nombre d’agriculteurs qui ont souscrit à l’assurance et le montant total des indemnisations ?
Pour ce qui concerne la campagne 2024-2025, il faut dire qu’on a eu un peu plus de 34.900 hectares qui ont été couverts et nous avons eu autour de 14.420 souscriptions de producteurs à cette assurance-là.
Le montant des indemnisations de ce nouveau produit prend en compte les risques liés à la baisse de rendement et les risques liés aux décès, notamment, du producteur. On a eu des indemnisations autour de 28 millions FCFA pour les risques liés à la baisse de rendement par rapport au rendement moyen calculé et autour de 745.000 FCFA pour les producteurs qui sont malheureusement décédés au cours de la campagne agricole.

Quels sont les assureurs professionnels qui sont dans le domaine, les sociétés d’assurance qui vous accompagnent dans ce processus ?
Il faut dire que dans le cadre de la mise en œuvre de cette innovation au Burkina Faso, nous travaillons déjà avec l’Association professionnelle des sociétés d’assurance au Burkina Faso, qui est la faîtière de ces institutions. Et au sein de cette association, nous avons essentiellement Yelen Assurance et Sonar qui commercialisent ce produit assurant.

En termes de perspectives, qu’est-ce qui est prévu pour le développement du produit ?
Au regard de l’objectif suscité à travers les produits assurantiels qui sont mis en œuvre, je voudrais une fois de plus interpeller les producteurs à adhérer massivement à cette innovation, afin de garantir les investissements qui sont faits au niveau du secteur agricole dans leur activité proprement dite d’agriculture. Et au regard des retours que nous avons également, il faut dire qu’on est dans le processus de développement de nouveaux produits assurantiels qui vont couvrir davantage de produits au niveau de l’activité de l’agriculture et qui vont prendre en compte également des produits au niveau de l’élevage.
Entretien réalisé par Moumouni SIMPORE

La campagne agricole est déjà lancée depuis le mois de mai. Pour ceux qui voudraient y souscrire, quel est le processus pour bénéficier de l’assurance ?

Pour le DG de la Promotion de l’économie rurale, Ollé Arnaud Kam, « il y a la possibilité de souscrire à travers la plateforme de souscription que nous avons, mais de façon globale, au regard de la position des producteurs et du maillage du territoire par les agents de notre département. Les souscriptions se font auprès des agents du ministère, au niveau des services départementaux, à travers les plateformes d’inscription.
Tout producteur qui est intéressé à souscrire à l’assurance agricole peut approcher le service technique. Je disais aussi que pour les localités où les producteurs ont accès aux souhaits d’assurance qui commercialisent ce produit, ils peuvent accéder à l’assurance agricole par ce canal. Mais nous encourageons beaucoup les producteurs à approcher les agents au niveau des services techniques départementaux de l’agriculture pour pouvoir avoir accès à ce produit assurant ».

 

 

Tout savoir sur l’indemnisation, en cas de sinistre

«Pour l’assurance indice de rendement, il y a ce qu’on appelle la pose du carré de rendement en début de campagne. La pose du carré de rendement, c’est une technique qui permet d’évaluer le rendement moyen de la Commune. À titre d’exemple, si on parle du maïs, on peut avoir un rendement moyen au niveau de la Commune de 3 tonnes à l’hectare et à l’issue de la campagne, il y a une évaluation qui est faite à l’échelle toujours de la Commune. On apprécie le rendement à date au niveau de la Commune par rapport au rendement moyen qui a été défini en début de campagne. Alors, si nous avons une baisse de rendement qui va jusqu’à 70% par rapport au rendement moyen initial qui a été défini, il y a un forfait d’indemnisation qui est défini à partir de cette baisse-là, qui correspond à 150.000 FCFA.
Si nous avons une baisse qui est comprise entre 70% et 50%, l’indemnisation est fixée à 60.000 FCFA. Et si nous avons une baisse qui est comprise entre 30% et 50%, nous avons une indemnisation par hectare qui est fixée à 20.000 FCFA. Et lorsque malheureusement on a un décès, pendant la période qui est couverte par l’assurance également, il y a une indemnisation qui est fixée à 150.000 FCFA. Il faut préciser que l’indemnisation en cas de décès n’exclut pas, lorsqu’il y a survenu du sinistre, que les ayants droit bénéficient de l’indemnisation en cas de baisse de rendement », a expliqué le DGPER.

 

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