Présomption de détournement de biens publics: des membres de gouvernement, des magistrats, des diplomates, des députés cités

• Plus de 25 milliards FCFA en cause
• 21 dossiers transmis aux juridictions compétentes
• L’ASCE-LC en fait cas dans son rapport d’activités 2023
Nommés pour servir le peuple, ils ont fini par se servir. Eux, ce sont des membres de gouvernement, des magistrats, des diplomates, des élus (locaux et nationaux), des directeurs et chefs de services, des agents d’exécution qui ont « soupé » dans les caisses de l’Etat au détriment du peuple.
En 2023, leurs dossiers ont été transmis devant les différentes juridictions compétentes pour être jugés de leurs fautes. Cette action de salubrité publique a été rendue possible grâce aux fins limiers de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC). Dans une conférence de presse animée le 4 juillet 2025, à Ouagadougou, par le Contrôleur général d’Etat, Lassané Compaoré, qui a présenté le rapport annuel général d’activités 2023, il ressort qu’en 2023, dans les filets des contrôleurs, 21 dossiers d’enquête pénale aux juridictions de Banfora, Bobo-Dioulasso, Dédougou et Ouagadougou ont été enregistrés, contre 29 dossiers en 2022.
Avant transmissions des dossiers, les contrôleurs, après analyse des dossiers d’enquête judiciaire, révèlent qu’au Burkina Faso, les biens publics font l’objet de dissipation par plusieurs acteurs (sus-dessus mentionné) et par plusieurs moyens (blanchiment de capitaux, corruption et détournement de biens publics) qui sont les principales infractions.
Pire, font remarquer les conférenciers, en 2023, c’est au moyen d’au moins 17 infractions pénales que des agents publics, toutes catégories confondues, ont usé pour porter atteinte aux biens publics. Ces infractions qui ont été commises dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions ou mandats ont causé un préjudice à l’Etat évalué à 25.283.382.183 FCFA.
Ordres de missions : sur 533 véhicules contrôlés en 2023, 64 dans l’irrégularité
Autre révélation faite par le Contrôleur général d’Etat, Lassané Compaoré, est que malgré les multiples sanctions des fautifs, des abus ont été relevés sur la régularité des ordres de missions et l’usage des véhicules de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et des Projets/Programmes.
En 2023, des contrôles inopinés en trois jours sur 7 axes d’accès à la ville de Ouagadougou ont confirmé que les abus continuaient. Sur 533 véhicules contrôlés, 64 véhicules publics ont présenté des irrégularités dont les principales constatées sont l’absence d’ordre de mission, les ordres de missions non visés ou partiellement visés, les visas antidatés permettant un retour anticipé et un détournement de frais de mission, la déviation par rapport au trajet prévu, les agents absents malgré leur mention sur l’ordre de mission, la discordance entre l’immatriculation réelle du véhicule et celle mentionnée sur le document et la présence de tiers non autorisés dans les véhicules de mission.
Parmi les fautifs, il ressort les agents missionnaires, les agents chargés des visas frauduleux, parfois contre rémunération.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Plus de 10 milliards FCFA recouvrés en 2023 sur 10 dossiers jugés
En 2023, les juridictions compétentes ont reçu 24 dossiers, elles ont jugé 10 dossiers, 12 autres en cours de traitement et 2 dossiers classés sans suite. Le plus emblématique des dossiers jugés en 2023 est celui de l’ancien ministre des Transports, Vincent Dabilgou. Le montant global des peines pécuniaires s’élève à plus d’une dizaine de milliards de nos francs. Le recouvrement de ces condamnations financières permettra de renflouer sensiblement les caisses de l’Etat et constitue, de ce fait, un capital important d’investissement à travers la production judiciaire liée aux infractions de corruption et assimilées.
Source : Rapport annuel général d’activités 2023 (ASCE- LC)
Recommandations contre les faux ordres de missions et des véhicules de l’Etat
• Remboursement du préjudice financier par les agents concernés,
• Sanctions administratives contre les missionnaires fautifs,
• Sanctions contre les agents ayant visé des ordres de mission fictifs
ou irréguliers,
• Mesures structurelles pour mettre fin à ces pratiques.o
Source : Rapport synthèse ASCE-LC 2023