
• Une cession stratégique
• Qui rapportera à la mine 40 milliards FCFA
• Une nouvelle page pour Inoussa Kanazoé
Confrontée à l’épuisement progressif de ses réserves, à un climat d’affaires devenu plus complexe, et à une stratégie de recentrage, la compagnie canadienne Fortuna Mining Corp. a décidé de quitter le Burkina Faso. Elle vient de conclure un accord de cession de ses actifs burkinabè, dont la mine d’or de Yaramoko, avec la société Soleil Resources International.
« Compte tenu de la durée de vie restante limitée des réserves minérales de Yaramoko (environ un an), de l’arrêt de nos activités d’exploration dans le pays et du climat commercial de plus en plus difficile au Burkina Faso, la transaction représente une sortie prudente qui optimise la valeur, évite environ 20 millions de dollars américains d’obligations futures liées à la fermeture de la mine et fournit à Fortuna des liquidités supplémentaires, alors que nous poursuivons des opportunités plus étroitement alignées sur nos objectifs stratégiques », a expliqué Jorge A. Ganoza, Président-Directeur général du Groupe, dans un communiqué publié sur le site web de la société, le 11 avril 2025.
Une cession stratégique
La société Fortuna Mining Corp., cotée à la Bourse de New York et de Toronto, a signé une entente définitive avec la société privée mauricienne Soleil Resources International Limited (SRI) pour la vente de ses actifs au Burkina Faso, incluant la mine de Yaramoko et trois permis d’exploration. Cette opération marque la fin des activités de Fortuna dans le pays.
Une décision qui intervient dans un contexte de réformes profondes du secteur minier burkinabè. Depuis juillet 2024, un nouveau Code minier a été adopté, imposant, notamment, une augmentation de la participation de l’État de 10 % à 15 % dans les sociétés minières, ainsi que l’ouverture du capital aux investisseurs locaux. Fortuna a accepté cette hausse de participation dans Roxgold Sanu, mais sans en fixer la date d’entrée en vigueur.
De plus, toutes les sociétés minières industrielles sont désormais tenues de vendre une partie de leur production à la SONASP (Société nationale des substances précieuses), une entreprise publique créée pour renforcer la souveraineté de l’État sur la filière aurifère.
Mais il n’y a pas que cela. Une lecture rapide du rapport fiscal 2024, déposé le 27 mars 2025, auprès de la Commission de sécurité et d’échanges des USA, révèle les performances en dents de scie de la mine de Yaramoko
Elle a connu une production soutenue, mais avec des réserves décroissantes. Au 31 décembre 2024, les réserves prouvées et probables étaient de 0,6 million de tonnes, pour 151.000 onces d’or, soit une baisse de 27 % par rapport à l’année précédente. La durée de vie de la mine est désormais estimée en 2026. Des efforts d’exploration ont permis de prolonger l’exploitation année après année, mais sans garantir la rentabilité à long terme.
Un climat sécuritaire «tendu»
Dans ledit rapport, sur le chapitre consacré aux risques, Fortuna évoque également les difficultés sécuritaires croissantes dans la région.
Le Burkina Faso, avec le Mali et le Niger, a quitté la CEDEAO début 2025 pour former l’Alliance des États du Sahel, une Confédération régionale. Parallèlement, le gouvernement a instauré un nouveau dispositif de sécurisation des sites miniers, l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM), imposant de nouvelles contraintes contractuelles et des coûts supplémentaires aux opérateurs.
« En 2024, le gouvernement du Burkina Faso a publié un nouveau décret créant l’ONASSIM comme interlocuteur unique entre l›État et les sociétés minières en matière de sécurisation des sites miniers.
Ce qui exige la suspension des contrats avec toutes les autres entités pour la sécurité des mines et la signature de nouveaux contrats par les sociétés minières avec l’ONASSIM. En 2024, la société a conclu un contrat sous forme prescrite avec l’ONASSIM, qui impose des exigences et des équipements supplémentaires aux sociétés minières, ce qui se traduit par une augmentation des coûts de sécurité », peut-on lire dans le document.
ESS
Encadré
Une page qui se tourne
Depuis 2016, la mine de Yaramoko était exploitée par Roxgold Sanu SA, détenue à 90 % par Fortuna et à 10 % par l’État burkinabè. Avec cette cession, c’est un chapitre qui se clôt dans l’histoire minière récente du Burkina Faso. La société SRI, déjà présente dans le pays, devra assurer la continuité de l’exploitation jusqu’à la fin programmée de la mine.
Pour le PDG de Fortuna Mining Group, M. Ganoza, « nous pensons que Soleil, en tant qu’entreprise privée locale, est bien placée pour poursuivre les opérations à la mine de Yaramoko jusqu’à la fin de l’année ».
Pour sa part, la société Soleil Resources International (SRI) Limited a donné les détails de l’accord. On retient que :
SRI acquiert la totalité des actions émises et en circulation de Roxgold Sanu SA et des trois autres filiales, à savoir Roxgold Burkina SARL ; Roxgold Exploration SARL ; Roxgold Boussoura SARL ;
Fortuna Mining Corporation (FMC) recevra un paiement d’un montant total d’environ 70 millions USD, payable à la clôture de la transaction ;
L’accord prévoit, en outre, le paiement des dividendes pour l’exercice 2024 d’un montant d’environ 57.5 millions USD et du montant des remboursements éventuels de la TVA sous certaines conditions.
Pour le Président et CEO de la SRI Limited, El Hadj Inoussa Kanazoé, « la finalisation de cette opération de rachat qui est soumise à l’approbation préalable du gouvernement burkinabè, à travers l’administration des mines, portera le GROUPE SOLEIL RESOURCES au rang des leaders du secteur minier burkinabè ».
A noter que Soleil Resources a été créée au dernier trimestre 2023, avec pour objectif principal de s’investir pleinement dans le secteur minier. En mai 2024, cette vision s’est concrétisée grâce à l’acquisition des actifs miniers du Groupe turc Avesoro au Burkina Faso. Les acquisitions réalisées par Soleil Resources comprennent un large éventail de sociétés regroupées en trois catégories : les sociétés d’exploitation (Burkina Mining Company, Netania Mining Company, Ouaré Mining Company), les sociétés de recherche (Etruscan Ressources Burkina Faso, MNG Gold Burkina, Er Burkina Explication, Regolif Exploration). En parallèle, Soleil Resources a obtenu de nouveaux permis de recherche via sa filiale Soleil Mining.