
• Dans le cadre de la Facilité élargie du crédit
• Sous réserve de l’approbation par le Conseil d’administration du FMI
• Provisoirement prévue pour juin 2025
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Jaroslaw Wieczorek, chef de mission pour le Burkina Faso, a tenu des réunions à Ouagadougou du 1er au 8 avril 2025, dans le cadre de la troisième revue du programme de quatre ans soutenus par la Facilité élargie de crédit (FEC). Au terme des travaux et rencontres, les deux entités, FMI et gouvernement du Burkina Faso, ont conclu un accord au niveau des services.
Une fois la revue approuvée par le Conseil d’administration du FMI, le Burkina Faso recevra un décaissement d’environ 32 millions de dollars américains (24,1 millions de DTS) de financement. Ce qui représente environ 13,87 milliards FCFA. L’accord FEC vise à garantir un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires, réduire la vulnérabilité de la dette ; renforcer la résilience face aux chocs, réduire la pauvreté et les inégalités ; et améliorer la discipline budgétaire et la gouvernance.
« La conclusion de cette revue par le Conseil d›administration du FMI permettrait le décaissement d’environ 32 millions de dollars américains (24,1 millions de DTS), portant le total du soutien financier du FMI décaissé dans le cadre dudit programme à d’environ 128 millions de dollars américains (96,3 millions de DTS). La réunion du Conseil d’administration du FMI est provisoirement prévue pour juin 2025 », a annoncé M. Wieczorek, à l’issue des échanges.
La croissance économique s’est accélérée
« Malgré un contexte humanitaire et sécuritaire difficile, la croissance est estimée s’être accélérée pour atteindre 5 % en 2024, soutenue par la forte performance de l›agriculture et des services. L›activité économique devrait rester robuste en 2025, tandis que l›inflation, qui a atteint 4,2 % en 2024, devrait reculer à 3 % », a poursuivi le chef de mission pour le Burkina Faso. Selon ce dernier dont les propos ont été rapportés sur le site du FMI, les autorités ont fait des efforts considérables pour faire avancer leur agenda de réformes structurelles dans un environnement de sécurité très difficile. Elles ont réalisé des progrès louables dans la mobilisation des recettes intérieures, tout en augmentant les dépenses en éducation, en santé et en protection sociale, et en maîtrisant la masse salariale publique.
Les autorités ont également préparé une stratégie pour apurer les arriérés intérieurs et s’engagent à améliorer davantage la gouvernance et la transparence fiscales, y compris dans les marchés publics, l’exécution du budget et la gestion de la trésorerie, tout en élargissant la protection sociale. Néanmoins, Jaroslaw Wieczorek a révélé qu’en raison des pressions sur les dépenses, y compris celles liées à la sécurité, l’objectif de déficit fiscal global de 5 % du PIB avait été dépassé et plusieurs objectifs du programme à fin décembre 2024, y compris les plafonds sur le déficit fiscal primaire et les arriérés intérieurs, n’avaient pas été respectés.
En réponse, les autorités ont adopté un budget pour 2025 visant à renforcer la discipline budgétaire et à accélérer la convergence du déficit fiscal global du Burkina Faso vers le plafond de l’UEMOA de 3 % du PIB. «Les discussions ont révélé qu’une consolidation moins sévère serait préférable pour éviter des coupes de dépenses potentiellement trop drastiques en 2025. Dans cette optique, le personnel soutiendrait un assouplissement de l’objectif de déficit fiscal, jusqu’à 4 % du PIB en 2025, si un financement externe supplémentaire d’un montant de 0,7 % du PIB est disponible, tout en soulignant que le renforcement de la mobilisation des recettes intérieures permettrait d’élargir l’enveloppe budgétaire sans recourir à un endettement supplémentaire », a-t-il conseillé.
La mission du FMI a tenu des réunions à Ouagadougou, avec le ministre de l’Économie et des Finances, MonsieurAboubakar Nacanabo ; le Directeur national de la BCEAO, Monsieur Armand Badiel, et d’autres hauts fonctionnaires du gouvernement. L’équipe a également rencontré des représentants du secteur privé et des partenaires au développement.
A noter que lors de la mission, le personnel du FMI a également eu des discussions initiales sur l’agenda de résilience du gouvernement, en vue de leur demander d’initier des discussions préliminaires sur un éventuel arrangement dans le cadre du Fonds de résilience et de durabilité (RSF) du FMI, à l’avenir.
ESS
Encadré
Sur l’accord de 48 mois au titre de la FEC
Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé aujourd’hui, un accord de 48 mois au titre de la Facilité élargie de crédit , pour un montant de 302,5 millions de dollars (soient 228,76 millions de DTS), avec un décaissement immédiat de 24 millions de DTS (31,8 millions de dollars environ).
À la suite du décaissement au titre du guichet « chocs alimentaires » en mars 2023, ce nouvel accord vise à résoudre les problèmes persistants de financement de la balance des paiements, à stabiliser la situation macroéconomique, à atténuer les effets des chocs actuels sur les plus vulnérables et à réduire la pauvreté. Cet accord s’inscrit dans un contexte de chocs exogènes persistants, graves et multiples, notamment, un environnement politique instable ; des conditions de sécurité fragiles et qui se dégradent ; l’impact de la guerre que mène la Russie en Ukraine sur les prix de l’énergie et des principales importations agricoles et la crise d’insécurité alimentaire qui en résulte, ainsi que les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement internationales après la pandémie. Tous ces chocs ont perturbé l’activité économique, affecté les moyens de subsistance et exacerbé les déséquilibres macroéconomiques. En conséquence, les marges de manœuvre extérieures et budgétaires se sont considérablement affaiblies en 2022 : le déficit courant a atteint 6,2 % du PIB, le solde budgétaire global s’est élargi à 10,6 % du PIB, la croissance économique a décéléré à 1,5 % en glissement annuel, contre 6,9 % du PIB en 2021, tandis que plus de 40 % de la population reste en dessous du seuil de pauvreté.
Dans ce contexte, le programme s’articule autour de trois piliers :
créer une marge de manœuvre budgétaire pour les dépenses prioritaires ;
accroître la résilience aux chocs tout en diminuant la pauvreté ;
renforcer la discipline budgétaire, la transparence et la gouvernance.
Le programme aidera les autorités à combler les déficits de financement dans un contexte marqué par un durcissement des conditions financières sur le marché obligataire régional, des déficits et des vulnérabilités liés à la dette plus importants, et un recul de l’aide apportée par les donateurs. Il contribuerait également à atténuer les risques de correction brutale si les financements venaient à manquer.