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Banques L’APBEF-B alerte sur de fausses opérations de transferts

• Des faux documents sous forme d’un message Swift et/ou d’un contrat

• Un mode opératoire qui s’apparente à du blanchiment d’argent

• Une grande vigilance des clients demandée

Le secteur bancaire burkinabè subit, depuis un certain temps, une pratique d’escroquerie de la part des individus ou des sociétés établies au Burkina Faso ou dans la sous-région, avec des complicités à l’international. Qui mieux que le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina Faso (APBEF), Diakarya Ouattara, pour porter cette information à la connaissance des hommes de médias, le mercredi 8 janvier 2024, à Ouagadougou, au cours d’un point de presse ? C’était à l’occasion de l’Assemblée générale ordinaire où l’association a passé en revue les acquis du secteur bancaire au titre de l’année 2024 et envisagé les perspectives de l’année 2025.
Pour Diakarya Ouattara, les personnes morales ou physiques malveillantes qui s’illustrent dans cette pratique d’escroquerie usent de nombreuses astuces malsaines (NDLR : voir encadré 1). De façon concrète, le président de l’APBEF explique que le mode opératoire consiste à ce qu’une personne physique ou morale résidant au Burkina Faso se met dans une relation de partenariat avec une personne résidant dans la sous-région ou au-delà pour la réalisation d’une activité donnée. Une fois actée, le partenaire informe la personne résidant au Burkina Faso de lui avoir envoyé des fonds en produisant des faux documents sous forme d’un message Swift et/ou d’un contrat (de vente ou une convention de dons caritatifs) en guise de preuve de virement exécuté. Dès lors, la personne résidant au Burkina Faso prend attache avec une banque dans laquelle elle ouvre un compte (généralement non approvisionné) pour réclamer les fonds qui lui auraient été envoyés par son partenaire.
Cette étape franchie, la personne résidant au Burkina Faso reçoit le faux document dit message Swift, et convaincue de la réalité du transfert monétaire, se présente à la banque pour réclamer la réception des fonds et demande à ce que la banque crédite son compte. Face aux informations demandées par la banque, ces « clients » formulent des réclamations ; lesquelles réclamations sont généralement assorties de tentatives de corruption du personnel de la banque et de menaces visant à « ternir la réputation de la banque ».

Les patrons des banques regrettent que les pratiques d’escroqueries portent une atteinte à la réputation du secteur bancaire burkinabè. (Ph. Yvan Sama)

Pire, fait savoir le conférencier, la banque n’ayant pas reçu les fonds (faute de transfert effectif) et qui le notifie à son client se voit souvent confrontée à une fin de non-recevoir de ce dernier qui croit mordicus que son partenaire ait effectivement viré les fonds. Diakarya Ouattara souligne que cette situation qui dure depuis plusieurs années déjà, amène plusieurs fois l’institution bancaire et son client devant les juridictions, entrainant ainsi d’énormes charges injustifiées pour ce différend. Même si à ce jour, les banques n’ont pas enregistré de pertes financières, il reste qu’elles engendrent d’énormes honoraires devant les juridictions. Il se désole que les pratiques d’escroqueries portent une atteinte à la réputation du secteur bancaire burkinabè qui demeure solide, malgré le contexte sécuritaire. Pire, il révèle que le pays y perd aussi en partie, car, dit-il, ce genre de fausses opérations de transferts peut s’apparenter à du blanchiment d’argent (montant et provenance d’argent douteux).

Vigilance et prudence

Pour que des honnêtes citoyens n’en viennent pas à être des victimes collatérales, le président de l’APBEF-B appelle à une plus grande prudence et vigilance de leur part. L’APBEF rappelle que le système SWIFT est un système de paiement international sécurisé, qui permet aux banques de transférer les fonds à travers le monde. L’authenticité de toute copie SWIFT peut être vérifiée par la banque qui situe son client, le cas échéant. A propos de ces pratiques d’escroqueries, Diakarya Ouattara a souligné que la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) avait adressé il y a 5 ans de cela, un message de sensibilisation à la profession bancaire pour attirer sa vigilance.
Rachel DABIRE

Encadré

Le mode opératoire se résume comme suit :

– une personne physique ou morale résidant au Burkina Faso se met dans une relation de partenariat avec une personne résidant dans la sous-région ou au-delà pour la réalisation d’une activité donnée ;
– le partenaire informe la personne résidant au Burkina Faso de lui avoir envoyé des fonds en produisant des faux documents sous forme d’un message Swift et/ou d’un contrat (de vente ou une convention de dons caritatifs) en guise de preuve de virement exécuté ;
– la personne résidant au Burkina Faso prend attache avec une banque dans laquelle elle ouvre un compte (généralement non approvisionné) pour réclamer les fonds qui lui auraient été envoyés par son partenaire ;
– la personne résidant au Burkina Faso reçoit le faux document dit message Swift, et convaincue de la réalité, se présente à la banque pour réclamer la réception des fonds et demande le crédit de son compte  et formule une réclamation;
– les réclamations sont généralement assorties de tentatives de corruption du personnel de la banque et de menaces visant à « ternir la réputation de la banque ».

 

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