• Impact sécuritaire oblige
• Et les sanctions économiques de la CEDEAO au Niger
• La Loi de règlement, exercice 2023, fait le constat
Comment s’est comportée l’économie du Mali, du Niger et du Burkina Faso déjà confrontée à une crise sécuritaire sans précédent, qui impacte son développement ? Depuis le 12 novembre 2024, la Loi de règlement, exercice 2023, votée le 12 novembre 2023 par les Députés de l’Assemblée législative de transition (ALT), révèle des dynamiques de croissance contrastées dans les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Selon le projet de loi soumis par le gouvernement de transition, il ressort que le Mali et le Burkina Faso présentent des dynamiques de croissance contrastées avec le Niger. Dans les trois pays de l’AES, le rythme d’augmentation générale des prix est à la baisse. Le document constate qu’au Mali, la croissance économique s’est accélérée pour ressortir à 4,6% en 2023, après 3,7% en 2022. Laquelle performance a été tirée par la reprise de la production de coton et la production industrielle d’or. Quant à l’inflation, elle a fléchi fortement en passant de 9,7% en 2022 à 2,6% en 2023, du fait d’une hausse de la production céréalière couplée à la suspension temporaire de l’exportation de céréales.
Même constat au Niger, la croissance a fortement décéléré pour se situer à 4,3% en 2023, après 11,9% en 2022. Les raisons de cette baisse sont, entre autres, les effets combinés des sanctions de la CEDEAO et des crises sécuritaire et climatique qui ont entrainé, notamment, un retard des exportations de pétrole brut et une réduction de la production agricole. L’inflation s’est accentuée à 7,2% en 2023, après 6,8% en 2022, malgré la faible production agricole et la fermeture des frontières. Conséquence, ces facteurs ont entrainé, depuis août 2023, une augmentation continue des prix, notamment, des céréales.
Zoom sur l’économie burkinabè en 2023
Malgré la crise sécuritaire qui affecte le pays des Hommes intègres depuis 2015, l’économie burkinabè s’est toujours montrée résiliente. A titre illustratif, La Loi de règlement souligne que le taux de croissance est ressorti à 3,6%, après un taux de 1,8% affiché en 2022. La Loi de règlement explique que cette croissance a été tirée par l’ensemble des secteurs.
Concernant le secteur primaire, sa valeur ajoutée a progressé de 2,5% en 2023, portée principalement par les cultures de rente, notamment, la production de l’arachide coque, du sésame et du coton, s’inscrivant respectivement en hausse de 22,2%, 18,4% et 0,7%. S’agissant du secteur secondaire, sa valeur ajoutée a augmenté de 2,0% en 2023. Cette évolution est principalement impulsée par les branches « travaux de construction », « électricité-eau-assainissement » et « activités manufacturières ». Les activités extractives, quant à elles, ont enregistré une baisse de 1,9% de leur valeur ajoutée en lien avec la baisse de la production industrielle d’or (-1,9%).
Quant au secteur tertiaire, il a enregistré une croissance de sa valeur ajoutée de 3,2% en 2023. Cette croissance a été portée principalement par les activités dans les branches « activités professionnelles, scientifiques, techniques, services de soutien et de bureau » et « transport et entreposage ». L’inflation a fortement décéléré en 2023, à l’instar de la tendance observée au niveau mondial. Elle s’est située à 0,7% en 2023, contre 14,1% en 2022. La baisse du rythme d’augmentation des prix en moyenne annuelle en 2023 est imputable essentiellement à la baisse des prix dans la fonction « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » et à la décélération du rythme d’augmentation des prix dans la fonction « boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants ». La Loi de règlement affirme qu’au plan national, l’exécution du Budget de l’Etat, exercice 2023, s’est déroulée dans un environnement caractérisé par la persistance de la crise sécuritaire et la dynamique de reconquête du territoire national.
Afrique subsaharienne
En Afrique subsaharienne, la croissance économique a décéléré en s’établissant à 3,3% en 2023, après 4,0%5 en 2022. Comme facteurs explicatifs, il ressort que ce ralentissement de la croissance est la résultante d’effets combinés, notamment, de la baisse de la demande extérieure, de la hausse des taux d’intérêt intérieurs, des écarts de taux d’intérêt souverains prononcés et des pressions constantes sur les taux de change. Le rapport note également les chocs liés au changement climatique, les effets néfastes de l’instabilité politique et la crise sécuritaire dans certains pays. L’inflation au niveau mondial s’est accentuée, contrairement à la baisse observée. Elle est ressortie à 16,2% en 2023, après 14,5% en 2022, en raison principalement de la persistance des effets du conflit russo-ukrainien et de la hausse des coûts d’emprunt due à la dépréciation des monnaies nationales.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré
Économie dans l’espace UEMOA en 2023
Dans la Zone UEMOA, la croissance économique a décéléré pour s’afficher à 5,7% en 2023, après 5,7% en 2022. Cette décélération est en lien avec l’évolution peu favorable de la conjoncture internationale, les répercussions de la situation au Niger sur les échanges commerciaux et financiers au sein de l’espace, la situation sociopolitique et sécuritaire, ainsi que les effets du changement climatique. Sur le volet inflation, La Loi de règlement note que dans l’Union, elle s’est atténuée pour s’établir à 2,9% en 2023, après 7,8% en 2022. Cette atténuation du niveau général des prix est essentiellement imputable à la baisse du rythme de progression des prix des produits alimentaires, consécutive à l’amélioration de l’offre céréalière dans l’Union et au repli des prix sur les marchés internationaux.