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BRAFASO: la relance «enfin» actée

• Presque 11 milliards FCFA à injecter

• Pour des travaux de réhabilitation et l’équipement du site

• Reste la date de la reprise de la production

C’est au cours des travaux du deuxième Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM), en  décembre 2023, que le ministre du Développement industriel, Serge Poda, a annoncé la relance de l’entreprise de production de boissons Brasseries du Faso (BRAFASO). Lui-même est allé, en mai 2024, sur les lieux, dans la Commune de Komsilga où il a pu prendre connaissance de cette infrastructure bâtie sur environ 100 hectares, qui combinait plusieurs sections, dont l’eau minérale, la sucrerie, la bière et qui était partie pour devenir la plus grande brasserie de la sous-région ouest-africaine.

Le Conseil des ministres du 17 juillet 2024 a  acté le financement des activités de relance de l’usine par la réalisation d’infrastructures et l’acquisition de biens et services identifiés dans des délais réduits. Au total, onze milliards cent millions (11.100.000.000) FCFA TTC seront décaissés pour la mise en place d’un système de marquage et de traçabilité des produits du tabac au Burkina Faso ; l’acquisition d’équipements ;  la réalisation des travaux de réhabilitation des infrastructures du site de l’ex-BRAFASO ;  l’acquisition de matières premières dans le cadre du démarrage de l’ex-BRAFASO ; la fourniture de prestations de transport et de transit de matériel ; la réhabilitation de la clôture et de la construction de guérites à l’ex-BRAFASO. Il s’agit d’un ensemble de projets spécifiques au titre de l’année 2024 du ministère du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes entreprises. Le financement est assuré par les comptes Trésor « relance BRAFASO » et « restructuration des entreprises en difficulté », gestion 2024.

BRAFASO a été inaugurée officiellement en octobre 2004, certes, mais son installation date de 2002. L’homme d’affaires, Pangueba Mohammed Sogli, PDG du Groupe Sopam, en était le promoteur. L’unité de production comprend deux sections principales : une limonaderie d’une capacité de 235.000 hectolitres/an et une brasserie d’une capacité de 480.000 hectolitres/an. L’usine a démarré avec la limonaderie et les premières bières étaient annoncées pour juin 2010. L’arrêt des activités est intervenu en 2008. Officiellement, cet arrêt était lié au fait que le promoteur n’a pas pu réunir les financements complémentaires au fonctionnement de l’usine. Il s’est alors retrouvé dans une situation d’incertitudes, qui a poussé ses partenaires à arrêter leur collaboration et même à réclamer leurs mises. La société BRAFASO a alors été mise en liquidation judiciaire, en août 2011, par la Cour d’appel de Ouagadougou. Au nom du soutien au secteur privé, de la création et de la protection des emplois, l’Etat s’est engagé pour sauver la situation, car à l’époque, l’entreprise devrait absorber 600 emplois directs et plus de 7.500 indirects.

En 2015, le Bureau de restructuration et de mise à niveau (BRMN) indiquait que l’évaluation des besoins de financement, faite en 2013, avait fixé le budget du redémarrage de l’ensemble de l’usine à 15 milliards FCFA. Ce montant prenait en compte aussi bien la mise à niveau des équipements, l’achèvement des travaux de construction de la brasserie que le besoin en fonds de roulement initial. Ces estimations prévoyaient aussi un délai de 5 mois pour la limonaderie et 10 mois pour la production de bière, pour une remise en activité de BRAFASO. Si pour l’instant, l’Etat a annoncé le déblocage des fonds pour les travaux de réhabilitation et d’équipements, pour le calendrier de la mise en route des machines, rien n’est encore connu.o

Moumouni SIMPORE

 

Encadré

Les dates-clés dans la vie de BRAFASO

Octobre 2004

Inauguration de BRAFASO. Seule la section limonaderie de l’usine a fonctionné durant quatre années.  Des obstacles financiers ont entrainé un feuilleton judiciaire.

12 août 2011

La Cour d’appel de Ouagadougou, par décision N°038, met en liquidation les biens de la société, sur appel de ses principaux créanciers

13 septembre 2011

Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, effectue une visite dans les locaux de l’usine à Komsilga.

23 décembre 2011

Signature d’un accord entre l’Etat burkinabè et la société dirigée par son PDG, Mohamed Pangueba Sogli. L’Etat s’est engagé à racheter toutes les dettes de BRAFASO SA telles qu’elles ont été produites par les créanciers, dans le cadre de la procédure de liquidation mise en sursis d’exécution.

11 janvier 2012

Le ministre de l’Economie annonce en Conseil des ministres l’apurement des créances de la société qui s’élevaient à plus de 20 milliards FCFA. La liquidation avait été évitée de justesse.

Courant 2012

-La réalisation du diagnostic stratégique et de l’audit des installations de la limonaderie et de la brasserie, respectivement par Krones (partie allemande) et Lehui (partie chinoise);
– L’élaboration d’un dossier de demande de financement pour transmission aux banques commerciales de la place pour la mobilisation de 15 milliards FCFA ;
– Le démarrage des négociations commerciales avec les parties chinoise et allemande pour la réhabilitation et la mise en route respective de la brasserie et de la limonaderie.

Février 2013

L’élaboration d’un projet de convention avec Lehui, qui n’a pas été signé jusqu’au mois de juillet 2013, le gouvernement a décidé de trouver un partenaire technique et financier à même de s’investir dans le redémarrage de la société ;
– L’organisation de 2 visites des installations de la société par le Groupe Castel;
– La poursuite des négociations avec le Syndic liquidateur de la Société Brafaso, afin de mettre en œuvre les diligences nécessaires à la clôture du processus de liquidation judiciaire de la société Brafaso ;
– L’organisation de plusieurs rencontres avec le promoteur de la société Brafaso, avec pour objet de racheter l’unité
;

Août 2014

Signature avec le promoteur d’un accord d’acquisition des actifs par l’Etat.

Décembre 2014

La ministre déléguée au Budget, Clotilde Ki, a présenté aux députés la prévision budgétaire dans laquelle étaient inscrits 2 milliards FCFA au titre de la relance de BRAFASO.

Janvier 2015

A l’issue d’un Conseil des ministres délocalisé à Komsilga, le gouvernement de transition visite l’usine, après avoir adopté un plan de relance. Les études avaient estimé une contribution au titre des taxes et recettes cumulées pour le Trésor public à plus de 18 milliards FCFA, au cours des cinq premières années de son fonctionnement.

Fin 2016

Le gouvernement du Président Roch Kaboré prévoit dans son budget de 2017,  la réouverture de certaines unités industrielles comme BRAFASO.  Le Référentiel national pour le développement (RND 2021-2025) rappelait, dans son Schéma de transformation structurelle, la nécessité de relancer BRAFASO et les autres industries en souffrance

29 juin 2020

Le ministre du Commerce, Harouna Kaboré, annonce  que le dossier « BRAFASO » a connu son épilogue et l’Etat est devenu juridiquement propriétaire de la société. Un planning pour une ouverture avait été annoncé pour au plus tard  juillet–août de la même année.

22 mai 2023

Le ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes entreprises, Serge Poda, visite l’usine

19 décembre 2023

Annonce de la reprise des activités de l’usine, lors du Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM).

17 juillet 2024

Le Conseil des ministres annonce l’injection de 11.100.000.000 F CFA pour la réalisation d’infrastructures et l’acquisition de biens et services identifiés dans des délais réduits au profit de projets spécifiques, dont BRAFASO.

Commentaires

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Un commentaire

  1. Bonjour,
    Je viens apprécier un article dans votre dernier numéro sur les exportations et les importations du second trimestre 2024. juste trois observations:
    – un article intéressant qui met en lumière des baisses importantes, même si vous n’avez pas approfondi l’analyse (raisons de la baisse)
    – les importations en provenance de la Cote d’Ivoire sont en grande majorité des re-importation en dehors de l’énergie et des produits alimentaires
    – ces analyses sont une compilation de l’INSD, cela n’est pas suffisant dans la masure ou on n’a pas un autre son de cloche. En outre je ne serai pas étonné que certains grands acteurs n’aient pas répondu à l’INSD

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