A la UneFocus

Stade du 4-Août : «Notre agenda, on le tient» Aboubacar Savadogo, ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi

• La réouverture est prévue pour le 4 août 2024

• Classé désormais dans la catégorie 3, la plus grande norme de la CAF

• Plusieurs formules à l’étude pour une meilleure exploitation de l’infrastructure

Présent dans les locaux de L’Economiste du Faso, le 21 juin 2024, comme invité au « Café de L’Economiste », le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, Aboubacar Savadogo, s’est prêté sans tabou aux questions des journalistes.  Dans cette partie de l’entretien, il s’attarde sur la normalisation du Stade du 4-Août. Rendez-vous est pris, en août, pour la réouverture. Lisez ! 

L’Economiste du Faso : Parlons de la réfection du Stade du 4-Août. Où en êtes-vous actuellement ? La réouverture prévue pour août 2024 sera-t-elle une réalité ?

Aboubacar Savadogo, ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi : Ce sera une réalité. Notre agenda, on le tient.

Le budget initial était de 14 milliards FCFA, combien va-t-il coûter à la finition ?

De tous les travaux de normalisation à l’intérieur du stade, rien n’a changé. Le marché d’environ 15 milliards FCFA a été passé pour la normalisation du stade sans aucune précision de normes à l’intérieur. Lorsque nous avons pris les choses en main, on s’est rendu compte qu’au niveau de la CAF, il y a 3 catégories de normes : catégorie 1, 2 et 3. Avec les travaux déjà engagés, le stade n’était ni dans la catégorie 1, ni la 2 ni la 3. On respectait des normes de la catégorie 1 sur certains points, celles de la catégorie 2 sur d’autres et sur certains aspects, on se retrouvait dans la catégorie 3. En tenant compte de la somme injectée, nous avons décidé d’emmener l’infrastructure dans la catégorie 3, et c’est la plus grande. Pour y arriver, il y a la question des vestiaires qu’on devait prendre en compte. Les anciens vestiaires, quand les officiels veulent s’y rendre, il faut qu’ils quittent la tribune, traverser la pelouse, avant d’y avoir accès. Il a fallu créer de nouveaux vestiaires sous la tribune officielle et qui respectent les normes (vestiaires joueurs, vestiaires arbitres, vestiaires officiels des matchs). Cela permettra de jouer deux matchs internationaux successivement.

La tribune de presse ne respectait plus les normes. On en a changé l’emplacement et les équipements. La sonorisation externe et interne. L’accès multimédia est possible. Plus de 600 km de câbles qui ont été posés au Stade du 4-Août. Quand on est à la tribune officielle, on a accès à son propre wifi, quand on est à la tribune VVIP, on a son propre wifi, la presse aussi a son propre wifi…, chaque porte a sa propre bande. 

En matière de sécurité, les nouvelles normes exigent une évacuation sur les gradins en cas de problème.  Au Stade du 4-Août, seule la tribune officielle avait une trame d’accès à la pelouse. Toutes les 19 portes sont désormais dotées d’escaliers des gradins vers la pelouse. Avant, on avait beaucoup de portes d’accès sur la pelouse à partir des bureaux, mais avec les nouveaux dispositifs, toutes ces portes doivent être fermées et ne laisser que des entrées officielles pour maitriser la sécurité. Le stade est doté de trois écrans.

Tous ces éléments sont de la catégorie 3, on a juste réaménagé le marché pour que tout cela puisse se faire à l’intérieur.  Il restait 3 éléments qui n’étaient pas du tout dans le marché et qui relèvent de la catégorie 3. Le premier est la question de l’accès aux tribunes des VVIP, VIP, des personnes à mobilité réduite et de la presse. Il y a  des escaliers, certes, mais il faut  aussi des ascenseurs.

Le deuxième point porte sur l’éclairage. L’éclairage était à 1.200 lux, acceptable pour la catégorie 2. A l’échelon supérieur, il faut 2.500 lux. Cette puissance permettra d’éclairer toutes les parties du stade et pas uniquement la pelouse. Les compétitions d’athlétisme pourraient se faire en nocturne désormais.

Le troisième point concerne l’environnement autour du stade.  Les voies d’accès aux alentours du stade doivent êtres bitumées. Ce sont ces trois éléments qui sont des travaux complémentaires.

En août, ces travaux ne seront pas réalisés. L’éclairage est toujours au 1.200 lux mais permet déjà de jouer. Les ascenseurs ne sont pas encore installés mais l’accès est possible par escaliers. Le bitumage des voies va s’inscrire dans un projet  global des travaux publics. Le stade respectant les normes, nous pouvons commencer à l’utiliser en attendant les travaux complémentaires pour avoir la catégorie 3.

A partir du moment où le délai initial n’a pas été respecté, des voix s’étaient élevées pour demander la couverture de l’ensemble de l’infrastructure par une toiture, ne serait-ce que pour protéger les tribunes qui sont garnies dorénavant de chaises en plastique.  Dans votre volonté de remettre le stade en fonctionnement le plus rapidement possible, ne risquez-vous pas d’ « enterrer le cadavre et laisser ses pieds dehors » ? C’est-à-dire, laisser un goût d’inachevé ou ouvrir la porte à une autre réhabilitation ? 

Je suis venu trouver une correspondance du ministre en charge de l’économie, Abel Selgaro Somé, qui faisait aussi une telle suggestion. Mais pour couvrir un stade comme le nôtre, il faut vraiment se préparer. Le Stade du 4-Août ressemble au Stade Felix Houphouët Boigni et la réhabilitation et la couverture du Stade Felix Houphouët Boigni a coûté plus de 30 milliards FCFA.

Les chaises posées au stade sont de très bonne qualité, de même que les autres matériels. Il nous faut mettre l’accent sur l’entretien pour les préserver des intempéries. L’Etat doit prendre ses responsabilités, car on ne peut pas se permettre de ne pas avoir une équipe de maintenance et même de fabrication de pièces sur place. Dès que le stade est normé, nous devons mettre en place un dispositif sur la gestion de l’ensemble des équipements de sorte que demain, quand on voudra construire un nouveau stade, qu’on importe moins. Les sièges des vestiaires, par exemple, ont été fabriqués par nos artisans à partir de modèles pris dans plusieurs pays.

Le stade nous a coûté très cher en argent, en énergie, en temps, en émotions…. On doit tirer les leçons non seulement pour éviter ce que nous avons vécu, mais aussi développer une expertise à vendre dans la sous-région. Nous allons capitaliser cette expérience pour la mise en norme de tous les stades régionaux qui ont été construits dans le cadre du 11-Décembre et qui ne sont pas fonctionnels. Le premier sur lequel on va travailler est le stade de Ziniaré. On voudrait que ces stades évoluent vers 2500 et 10 000 places pour désengorger le Stade du 4-Août.

Le Stade du 4-Août ne peut pas être la seule infrastructure qui reçoit les grands évènements sportifs. Il sera de catégorie 3, alors que tous les matchs ne sont pas de catégorie 3. Les éliminatoires des coupes africaines des clubs, des petites catégories, des équipes féminines peuvent se jouer dans des stades de catégorie 1 et 2.

C’est l’erreur que nous avons commise. Dès que le Stade du 4-Août a été suspendu, on ne s’est pas posé la question sur ce qu’on peut faire pour continuer de jouer chez nous, en attendant la réhabilitation. Nous avons mis tous nos œufs dans le même panier, alors qu’on aurait pu investir 30% du montant de la réhabilitation du Stade du 4-Août dans un stade régional en une année et on allait jouer nos matchs là-bas.

Y a-t-il une formule pour que le Stade du 4-Août soit rentable ?

Rentable serait difficile, mais exploité, oui. C’est un investissement social. Néanmoins, la Direction commerciale et marketing va proposer plusieurs formules.

Sur une année sans éliminatoires du mondial, par exemple, le stade sera utilisé seulement trois à quatre fois dans l’année par les Etalons. Si les clubs vont en demi-finale, ils auront trois matchs. Si on est optimiste donc, le stade aura un match par mois. Il faut donc que la Direction trouve des activités qui peuvent se faire sur le site. Dans la réhabilitation, on a intégré de grandes salles qui peuvent être louées, par exemple. D’autres grands évènements pourront y être accueillis en préservant la pelouse.  Ailleurs, on intègre des écoles qui peuvent avoir un lien direct dans les stades, on peut y penser aussi.

Pour des pays comme le Burkina Faso, où l’économie du sport n’est pas très développée, on ne construit plus de tels stades, car ils sont très budgétivores. On construit des stades modestes mais très fonctionnels, qui vibrent quand on a un match.

La Rédaction

Encadré

Il faut que les clubs puissent se réorganiser pour générer leurs propres sources de revenus

Au niveau national, certains clubs sont aujourd’hui en train de se muer en clubs société, pensez-vous que c’est aussi un moyen pour développer le football au Burkina Faso ?

« Au niveau du décret sur les structures sportives, nous avons les associations, les clubs et les sociétés. Une association peut bénéficier plus facilement des subventions qu’une société. Dans une association, les décisions peuvent être difficiles à prendre, à cause de la multiplicité des personnes qui la portent,  contrairement à une société, qui reste focus sur la rentabilité de la structure. 

On voit dans les modèles qui existent dans le monde au niveau du football, que la forme société est celle qui est en train de s’imposer de plus en plus.

Compte tenu des contraintes budgétaires que nous connaissons, il est clair que l’Etat ne pourra pas subventionner le football comme il le fait présentement, dans les années à venir. Il faut que les clubs puissent de réorganiser pour générer leurs propres sources de revenus. Quelle que soit la forme, il faut qu’on se fixe des objectifs à atteindre. Selon le contexte, un modèle peut marcher et le même modèle ne marcherait pas dans un autre contexte », Aboubacar Savadogo, ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi.

Commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page