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Banque mondiale: ces rapports qui projettent des opportunités sur le Burkina

• Une économie résiliente, malgré de nombreux défis

• Des recommandations pour limiter les chocs

• Stimuler la croissance économique et booster le développement du pays

Quelles sont les tendances et perspectives économiques pour le Burkina ? Quels sont les sources et les obstacles à la croissance du pays ? Quid des contraintes au développement liées au changement climatique et les politiques appropriées pour y faire face. C’est autant de questions parmi tant d’autres auxquelles répondent trois récents rapports de la Banque mondiale sur le Burkina, présentés et mis en débats, lors d’une cérémonie de dissémination, le jeudi 27 juin 2024, à Ouagadougou. Il s’agit de la Note sur la situation économique du Burkina Faso ; du Mémorandum économique pays pour le Burkina Faso et du Rapport sur le changement climatique et le développement (CCDR) au Sahel.

Le Mémorandum pays propose des réformes profondes visant à s’attaquer aux facteurs de faible productivité . (Ph. Yvan Sama)

Le premier des trois rapports cités, la Note sur la situation économique du Burkina Faso, met en évidence les tendances économiques récentes tout en analysant les perspectives économiques à court et moyen termes. Alors qu’après une croissance particulièrement faible de 1,8% en 2022, l’économie du Burkina Faso a connu une « croissance modeste » de 3,2% en 2023, soutenue essentiellement par le secteur des services, la Note met l’accent non seulement sur les réformes des finances publiques à même de libérer plus d’espace budgétaire pour renforcer l’action gouvernementale, mais aussi sur des mécanismes spécifiques qui permettront d’améliorer la résilience des populations face aux différents chocs auxquels elles sont confrontées.

S’agissant du Mémorandum économique pays, il faut dire qu’il analyse, d’une part, les évolutions économiques du pays au cours des décennies passées, avec un accent sur les sources et obstacles à la croissance, et d’autre part, construit des scénarios de croissance à long terme. A la lecture du rapport, les évolutions économiques du pays au cours des dernières années n’ont pas été reluisantes, si bien que « la croissance économique rapide (…) n’a pas suffi à assurer une transformation structurelle de son économie, ni à sortir sa population de la pauvreté », comme le souligne le représentant-résident de la Banque mondiale au Burkina, Hamoud Abdel Wedoud Kamil. Le rapport précise que malgré une baisse de 10 à 15 points du taux de pauvreté entre 2003 et 2018, l’augmentation de la population implique que le nombre absolu de personnes vivant dans la pauvreté est resté pratiquement inchangé à 7 millions.  Monsieur Kamil ajoute que « la faible croissance de la productivité agricole n’a également pas permis au secteur de réaliser son potentiel de réduction de la pauvreté ».

Concernant le rapport sur le changement climatique, il analyse les contraintes imposées par les changements climatiques au développement de la région à long terme et vise à identifier les politiques et mesures-clés pour y faire face. Les prévisions du rapport ne sont pas moins alarmantes. Le document révèle, par exemple, que d’ici à 2050, le changement climatique pourrait faire perdre au Burkina Faso environ 7% de son PIB annuel, si aucune mesure d’adaptation n’est entreprise. Au-delà d’une cartographie de la situation économique que dressent les trois documents, ces derniers formulent des recommandations dont la mise en œuvre pourrait permettre de limiter les chocs, stimuler la croissance économique et booster le développement du pays.

La Note sur la situation économique suggère, par exemple, l’accélération de la mise en œuvre des réformes en cours telles que le registre social unique et le Programme d’appui à l’autonomisation des ménages pauvres et vulnérables (PAMPV) qui pourraient permettre de lever les limites du système d’assistance sociale actuel.

Dans la même veine, le Mémorandum propose « des réformes profondes visant à s’attaquer aux facteurs de faible productivité », toute chose qui pourrait entraîner une transformation structurelle décisive. A ce niveau, Hamoud Abdel Wedoud Kamil précise qu’il s’agit, notamment, de la diversification des activités au sein et en dehors de l’agriculture; de l’amélioration de l’accès aux marchés nationaux et internationaux et la promotion de l’abandon de l’agriculture de subsistance; du renforcement de l’environnement favorable aux entreprises privées en réduisant les obstacles à l’accès à l’électricité, aux services numériques et au financement, ainsi que de l’accroissement de la base du capital humain en développant les compétences numériques, en particulier, chez les jeunes.

Pour ce qui est du changement climatique, le rapport y relatif préconise, entre autres, l’accroissement des capacités institutionnelles (clarification des rôles et responsabilités prioritaires pour l’action climatique, identification et appui des domaines spécifiques d’expertise technique, …) ; l’augmentation du financement de l’action climatique et la gestion des risques ; l’accès à l’énergie et à la cuisson propre.

En somme, Hamoud Abdel Wedoud Kamil fait noter qu’il y a des opportunités pour continuer à transformer l’économie burkinabè.

Béranger KABRE(Collaborateur)

 

Encadré

Des rapports à booster une économie résiliente

La publication des trois rapports intervient dans un contexte à forts défis, tant au plan national qu’international du fait de différents facteurs. Qu’à cela ne tienne, l’économie burkinabè fait preuve de résilience, a commenté Saïdou Diallo, conseiller technique du ministre de l’Economie. Entre autres notes positives, il se réjouit de la croissance du PIB réel qui est estimée à 3,6%, après une décélération de 1,8% en 2022, une progression des recettes de 188 milliards FCFA (7,5%). Sous l’hypothèse d’une amélioration de situations conjoncturelles (insécurité, pluviométrie,…), la croissance économique est projetée à 5.5% en 2024. Saïdou Diallo l’admet, dans un environnement de vulnérabilité qui menace les moyens de subsistance, comme c’est le cas du Burkina, la réforme sociale constitue un « enjeu fondamental » et les rapports présents « contribueront à éclairer les actions de développement du Burkina ».  

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