L’Economiste du Faso : Quel est l’effectif féminin à la Gendarmerie nationale et son évolution au cours de ces dernières années ?
Adjudant-chef Major Justin Bayala : D’une cinquantaine au départ en 2007, nous sommes à des centaines de personnes, composant le personnel féminin de la Gendarmerie nationale aujourd’hui et réparties sur l’ensemble du territoire et dans tous les services.
Depuis quand les femmes sont admises à la gendarmerie ?
La première fille a été un soldat reversé à la Gendarmerie nationale, en 2006, pour servir d’échantillon et voir si cet exemple allait marcher. Elle a subi la même formation que tous ses promotionnaires garçons et tout s’est bien passé. Le gouvernement a alors décidé de reconduire ce recrutement à travers un recrutement officiel au profit de la gendarmerie l’année suivante, en 2007.
Quels rôles les femmes occupent dans ce corps (opérationnels, terrain et patrouilles, forces spéciales) ?
Pour un début, elles devaient s’adapter au métier de gendarme. On ne leur confiait pas toutes les missions opérationnelles. Mais au fil du temps, elles se sont aguerries et sont désormais affectées aux unités et sous-unités de gendarmerie, afin de mailler tout le territoire national.
A titre d’exemple, dans les procédures de garde à vue qui impliquaient la fouille des femmes, on était obligé de réquisitionner du personnel féminin d’ailleurs ou des femmes de gendarmes pour procéder aux fouilles. L’arrivée du personnel féminin a vraiment facilité le travail de la police judiciaire non seulement pour les fouilles, mais aussi et surtout pour les cas de viol où les victimes se lâchent facilement quand elles parlent à d’autres femmes comme elles. Elles sont pratiquement dans tous les services : l’informatique, la police judiciaire, la santé, l’Action sociale, les unités spécifiques. Le retour que nous avons de leur travail sur le terrain est très positif. C’est le sentiment que la population nous fait voir et savoir.
Par la grâce de Dieu, on n’a pas encore eu des pertes en vie humaine parmi le personnel féminin, mais on a des blessées, étant donné qu’elles sont dans les détachements pour les patrouilles.
– L’Etat-Major de la Gendarmerie nationale a-t-elle une politique genre en son sein ? Quelles sont les actions menées en faveur du personnel féminin ?
La politique genre de la Gendarmerie nationale découle de celle de la hiérarchie, notamment, le ministère de la Défense et des Anciens combattants. On parle d’égalité des sexes, certes, mais compte tenu de certaines spécificités et de certaines pesanteurs socioculturelles, on ne peut pas employer des femmes. En cas de décès, par exemple, on ne va pas envoyer des femmes creuser des tombes ni enterrer des corps. Hormis cela, on a des aménagements propres à elles. Elles ont leurs toilettes à part, une crèche pour leurs enfants, des salles de repos, des vestiaires….
Interview réalisée par MS et ESS
