• La rencontre avec sa passion, la peinture
• Un mental d’acier pour persévérer
• Malgré la réticence de la famille au départ
Aïchata Maïmouna Mariama Bazié est l’incarnation de la douceur, de la sagesse, de la joie, et semblable à une rose. Des qualités qu’elle porte depuis l’école primaire et dont ses camarades, à l’époque, se sont inspirés pour la surnommer « Iris ». En grandissant, Iris est devenue courageuse, battante et exceptionnelle…. Portée par son amour pour le beau, le joli et l’esthétique, elle s’est tournée vers la peinture.
Taille fine, teint clair et mesurant à peu près 1m65, Iris est née d’un père charpentier. Depuis son bas-âge, elle aidait son père à scier et à vernir le bois. Ce qui suscite en elle son amour pour les travaux manuels. « Une fois, je travaillais dans une station-service en tant que pompiste et j’ai vu deux messieurs passer, tous couverts de peinture. Je leur ai dit que je voulais apprendre leur métier. Ils m’ont demandé si j’en étais sûre. J’ai répondu oui et ils m’ont dit OK. Nous avons échangé les contacts et au fil du temps, j’ai démissionné de mon poste de pompiste pour mieux me concentrer sur la peinture. » Nous a-t-elle confié.
C’est ainsi que de pompiste, Iris a opté plus pour la peinture bâtiment, les intérieurs et décorations maison. Ce qui la motive, selon elle, c’est voir de la joie sur le visage de son client, le voir sourire, lire de la satisfaction dans le regard de celui-ci. Une source d’inspiration, de motivation à toujours faire mieux, pour cette battante qui affirme : « j’aime toujours cette phrase que les clients disent à la fin de chaque prestation : “waouh que c’est beau !”, ça me touche, ça m’inspire. »
Pinceau en main, pot de peinture au sol et des écouteurs aux oreilles, elle contamine les lieux avec son ambiance dans la bonne humeur. Toujours joyeuse, la jeune femme peintre souligne que le départ n’a pas été rose pour elle, comme pour toute autre jeune fille exerçant dans les domaines que la société qualifierait de “travail pour homme”. De la résilience de la famille en passant par le regard de la société et les difficultés pour une femme d’être dans le milieu “des hommes”. « Le début n’a pas du tout été facile. La famille me disait que ce n’est pas ma place là-bas; principalement, ma maman, qui trouvait que ce n’est pas un boulot fait pour moi. Et pour mon papa adoptif, ce n’est pas un travail de femme. J’ai vraiment eu du mal à les convaincre. J’ai dû faire mes preuves avec beaucoup de difficultés, en mettant de la peinture à la maison et en leur faisant plaisir, toujours dans mon domaine. Aujourd’hui, ce sont eux qui me soutiennent le plus dans mon travail et m’encouragent à aller de l’avant », nous a-t-elle souligné. Pour ce qui est de son conjoint, Iris ne rencontre aucune difficulté avec lui concernant son choix de boulot. Au contraire, il l’a toujours soutenue, même quand tout va mal. « Il m’arrive parfois de rentrer du travail avec des larmes et il me remonte toujours le moral », a-t-elle précisé.
Le manque d’encouragement, la sous-estimation et le rejet dû à sa corpulence sont les principaux soucis que notre peintre rencontre dans l’exercice de son boulot. Iris est un peintre pas comme les autres. Son amour pour l’esthétique l’amène souvent à être à l’image de l’esthétique.
Toujours propre, bien habillée où qu’elle soit fait sa particularité. Cela contribue à faire naître une discrimination à son égard de la part de certains collègues. « Ils me disent que ce n’est pas ma place. Que je suis trop fragile et que je suis plutôt faite pour être dans un bureau. Toi tu ne peux pas être peintre, ce n’est pas possible ». A côté, il existe des personnes qui lui proposent des marchés, en contrepartie (le sexe). Tout cela n’a fait que la forger, afin de faire chaque jour un pas vers l’avant.o
Rahinata KOUDA (Collaborateur)
Encadré
La bouche à l’oreille pour se faire connaître
C’est en travaillant comme ouvrière qu’Iris a réussi à se faire connaître, malgré l’existence de son entreprise. Sa publicité a été faite de bouche à oreille, surtout par ses clients qui ne peuvent que rester stupéfaits de son passage dans leur maison. Également, certains amis ne manquent pas de parler d’elle à chaque occasion. C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de nous intéresser à elle. Le fait d’être une femme lui permet dans son métier d’être originale, de s’attarder un peu sur les détails, donc elle ne peut que faire un travail de “wahou!” Elle nous fait savoir que pour elle, la finition, c’est la base de la peinture.
« Tu peux faire un bon boulot, mais si la finition n’est pas bien, c’est moins bon. » Pour cela, parmi tant d’objectifs qu’elle cherche à atteindre dans plusieurs domaines, le principal est d’aller se faire former dans un autre pays, renforcer son professionnalisme, afin de venir “innover” le domaine de la peinture bâtiment.o