• La lutte contre le terrorisme va s’intensifier
• Plus de ressources seront sollicitées
• Les entreprises et les ménages en première ligne
L’année 2023 aura été une année de doute puis d’espérance. Lorsque le MPSR 2 prenait le pouvoir en octobre 2022, ils étaient nombreux les analystes à ne pas vendre cher la peau du Burkina Faso en termes de stabilité politique et économique.
Une année plus tard, le régime militaire, qui a eu le temps de s’installer et de se donner un horizon, a su manœuvrer entre faire la guerre et gérer une économie à son service. A l’entame de 2024, et avec un œil sur l’an 2 du MPSR 2, cet équilibre va probablement être consolidé, voire renforcé. Les perspectives économiques 2024 DGEP semblent plutôt favorables au pays. Le gouvernement a donc douze mois pour montrer des résultats sur le champ militaire, tout en améliorant les principaux indicateurs économiques
Sur l’année 2022, on constate deux choses. La montée en puissance des forces armées sur le terrain de la lutte contre le terrorisme. C’est le principal objectif du MPSR 2, qui a mobilisé les ressources financières de l’Etat et les contributions du Fonds de soutien patriotique (FSP). Pour l’instant, le coût financier n’est pas à l’ordre du jour, le gouvernement est plutôt concentré sur la mobilisation de nouvelles ressources et les populations, quant à elles, ont les yeux rivés surtout sur les avancées au plan de la lutte, leur principale source de motivation pour continuer à délier le cordon de la bourse.
L’année 2022 a été marquée par la structuration du Fonds de soutien patriotique qui est en soi un succès politique et économique, dans la mesure où les populations y ont adhéré de façon volontaire ou à travers les taxes indirectes. Près de 100 milliards FCFA ont été mobilisés. Et en 2024, l’on espère plus avec les nouvelles mesures liées au prélèvement obligatoire de 1% sur les salaires du public et du privé, ainsi que la ponction de 25% sur les primes servies aux fonctionnaires. De son côté, le gouvernement a augmenté le budget de la Défense d’environ 30%.
L’effort de guerre continue en 2024 et pourrait être déterminant, si on s’en tient à l’impact des vecteurs aériens sur les hordes terroristes. Le principal défi des Etats-Majors de l’armée reste le contrôle et le maillage serré du territoire national, afin de réduire la liberté de mouvement et d’attaque de l’ennemi. La multiplication des Brigades d’intervention rapide entre dans ce cadre et pourrait se poursuivre en 2024, avec l’opérationnalisation de la Brigade spéciale d’intervention rapide.
Planifier la mobilisation des ressources
Tout cet effort nécessite la planification de la mobilisation des ressources. La puissance de feu de l’armée est intimement liée à l’augmentation des moyens humains et matériels mis à sa disposition.
Pour 2024, le budget de l’Etat prévoit des crédits de paiement d’un montant de 620 milliards FCFA pour le compte du ministère de la Défense et des Anciens combattants. C’est un record, puisqu’en l’espace de deux ans, entre 2022 et 2024, la dotation budgétaire s’est accrue de près de 130%.
La part de l’armée représente environ 23% du Budget national, soit presque 1/3 de celui-ci, si on adjoint les allocations du ministère en charge de la sécurité.
De façon générale, le Budget de 2024 est en hausse par rapport à 2023. Elle franchit la barre des 3.000 milliards FCFA. Les recettes sont à 3.019 milliards et les dépenses à 3.600 milliards. On constate une hausse globale de 14% des crédits budgétaires des institutions et départements au cœur des missions clés de la Transition. C’est ainsi qu’au niveau de la gouvernance, des institutions comme l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption et la Cour des comptes, conformément au vœu du président de la Transition, ont vu leurs moyens renforcés, respectivement de 2% et de 21%.
Il faut donc trouver l’argent. 3.600 milliards, dont 600 à rechercher soit chez les partenaires, soit sur le marché financier régional au titre des emprunts. La mobilisation des 3.000 milliards repose sur les performances des régies de recettes que sont les Douanes, les Impôts et le Trésor public.
Ces principales régies de recettes sont sur le pied de guerre, depuis l’avènement du MPSR 1 puis du MPSR2. La Transition militaire n’étant du goût de certains partenaires, ceux-ci ont vite fait de suspendre leur coopération financière. Une situation qui a obligé les régies à améliorer leurs performances. Ces performances reposent essentiellement sur une meilleure identification des contribuables qui échappaient aux impôts et taxes, la digitalisation de certaines procédures et l’élargissement de l’assiette fiscale. Si à cela on ajoute l’impact de la communication sur le civisme fiscal, l’accroissement du budget y trouve son explication.
Si en fin décembre 2024, le Budget est bouclé, ce sera encore un signe de résilience de notre économie et de ses acteurs qu’on ne met pas trop en lumière.
Les entreprises, les contribuables et les consommateurs de toutes les catégories. C’est sur eux que pèse l’effort de guerre et le financement des besoins de l’Etat. En 2024, ils paieront un peu plus, cela réduira peut-être les capacités de consommation de certains ménages, ou le niveau de bénéfice de certaines entreprises. Ce sera dur, mais on sait pourquoi on le fait, en attendant meilleure fortune fiscale.
AT
Encadré
Le couple entreprise /consommateur résiste
Difficile dans un pays en guerre de trouver la personnalité ou l’institution de l’année, tant on a l’impression que tout le monde a mouillé le maillot. Les banques ont tenu leurs promesses de financer l’économie, malgré des taux à la hausse, les ménages et les entreprises ont survécu à l’inflation de +14 de 2022, et leur consommation a permis d’engranger d’énormes taxes indirectes au profit du Fonds de soutien patriotique.
L’économie, de façon générale, n’a pas été désarticulée, malgré la guerre qui s’intensifie. C’est ce couple qui produit la richesse dans ce pays qui permet cela, grâce au dispositif mis en place par les services du ministère des Finances pour recouvrer au mieux les ressources disponibles. Il sera encore en première ligne, en 2024, et le mal qu’on lui souhaite, c’est d’être en mesure de s’acquitter de ses obligations pour le bonheur du Budget de l’Etat.