• Objectif, relancer la production de la société sucrière de la Comoé
• Combien va coûter le rachat des parts ?
Est-ce un retour à la nationalisation pour la SN Sosuco ? La question est posée depuis que le ministre du Commerce a annoncé, à l’issue du Conseil des ministres du 25 octobre 2023, que l’Etat avait décidé de reprendre les parts cédées, en 1998, au sein de la société sucrière de la Comoé.
Serge Poda, devant les journalistes, au sortir de l’hebdomadaire Conseil des ministres, a soutenu que l’Etat burkinabè avait cédé ses parts dans l’objectif de permettre à la société, sur la base des engagements pris par l’acteur stratégique, d’investir sur une période de 5 ans pour environ 20 milliards FCFA, afin de renforcer les capacités de production de la canne à sucre et du sucre à l’échelle nationale.
« De ce constat et tenant compte du rôle très stratégique de la SN-SOSUCO, le gouvernement a décidé de dénoncer la convention de 1998. Cette dénonciation ouvre donc les opérations en matière de reprise des parts de l’État au profit de l’État lui-même, afin que cette société devienne de nouveau une société étatique », a indiqué le ministre Poda.
La convention avec Sucre Participation dénoncée
Denrée stratégique, le sucre du Burkina a toujours bénéficié de forts investissements. On doit la production au complexe de Banfora, inauguré en 1969, au sein duquel la Société sucrière de Haute-Volta (SosuHV), devenue plus tard la Société sucrière de la Comoé (Sosuco). Elle devait rapidement atteindre 14.000 tonnes de sucre en morceaux en 1972, contre 5.000 tonnes en 1970 puis 33.000 tonnes en 1977, après l’extension des plantations. Le coût de l’usine fut de 6,5 milliards FCFA, financés à 80% par l’aide internationale. Ce chiffre englobe les études réalisées dès 1965, les plantations, les raffineries.
Avant la convention de 1998, l’Etat burkinabè détenait 77% du capital de la société. Le reste était réparti entre plusieurs autres opérateurs du secteur, dont Jean Vilgrain, les sucreries de Nossy-Bé, les Sucreries marseillaises de Madagascar ou encore les Raffineries de Saint-Louis.
De nombreux prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI), octroyés dans le cadre de la Convention de Lomé, ont permis de renforcer la capacité productive de l’usine. Accordés en octobre 1976, ces financements visaient à rendre le pays autosuffisant jusqu’en 1985. Confrontée à des difficultés de gestion, aux coûts des facteurs de production et à la concurrence d’autres pays, l’entreprise a connu de grosses difficultés dans les années 90, et fut incapable de satisfaire une demande croissante. L’Etat s’est résigné à la privatisation.
Ainsi, dès 1998, un consortium réunissant le Groupe Aga Khan Embelfaso et FC Schaffer était à la tête de l’entreprise renommée Nouvelle Sosuco (SN Sosuco).
En dénonçant la convention avec le plus gros actionnaire de Sn Sosuco, l’Etat s’apprête à récupérer 52% des parts détenus. Et deviendrait ainsi, l’actionnaire majoritaire de Sn Sosuco, avec 80% des actions de l’entreprise. Pour cette opération, le gouvernement de IB devra trouver pas moins de 3 milliards FCFA, rien que pour le rachat des actions. La facture sera-t-elle plus salée, si la dénonciation est contestée ? Rien n’est sûr. Pour le gouvernement, le retrait des parts de Sucre Participation vient du fait que cet acteur n’a pas respecté les clauses du contrat. « Les différents engagements qui avaient conditionné la cession des parts de l’État au partenaire stratégique n’ont pas été respectés », a prévenu le ministre du Commerce.
J.B.
Encadré
Historique de la SN Sosuco
1965 : création de la société d’étude sucrière (SE.SU.HV.) avec comme participation le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la SOMDIIA. Avec un capital social de 1.000 millions FCFA.
1968 : Création de la société sucrière de la Haute Volta (SE.SU.HV), pour l’exploitation d’un complexe de sucre.
1969 : Démarrage du complexe.
1972 : Création des complexes sucriers par absorption de la SE.SU.HV par la SE.SU.HV avec un capital social de 1.832.500.000 FCFA.
1973 : Signature de la convention d’établissement, augmentation du capital social à 1.965.600.000 F CFA.
1975 : Inauguration du complexe sucrier (capital social prêté à 3.115.500.000 FCFA).
1984 : Augmentation du capital à 6.031.050.000 FCFA et changement de dénomination de la société en Société sucrière de la Comoé (SN.SO.SU.CO).
1998 : Privatisation de la Société sucrière de la Comoé, reprise par le Groupe IPS, avec des partenaires burkinabè et F.C Schaffer, sous la dénomination Nouvelle Société sucrière de la Comoé (SN. SOSUCO).
Encadré 2
Le capital qui était de 6.031.050.000 FCFA
Il était réparti comme suit, en 1998 :
Sucre Participation : 52% ;
Etat burkinabè : 28% ;
Etat ivoirien : 10,72% ;
SOMDIAA : 6,05% ;
et les privés burkinabè : 3,23%.
En 2016, le gouvernement ivoirien a annoncé son intention de vendre ses 17.922 actions détenues au sein de la SN Sosuco. Un appel à la concurrence pour l’achat des actions a eu lieu et aucune information n’a fuité sur les éventuels acquéreurs. o