• Les dépenses militaires prioritaires
• Les finances publiques suivent la cadence
• Attention à un effort de guerre prolongé
30 septembre 2022-30 septembre 2023. Un an que le MPSR2 tient les rênes du pays. Comme le défunt MPSR1, sa principale motivation reposait sur le fait de faire bouger les lignes dans la lutte contre le terrorisme. Le temps de s’installer et de faire valider son Plan d’actions de stabilisation et de développement (PAST), la nouvelle Transition déroule donc ses actions dans un environnement international et sous-régional pas toujours favorable. Obnubilé par la rage d’en finir avec les terroristes, le gouvernement devait d’abord s’occuper de l’armée, renforcer ses capacités en hommes, en armement et surtout résoudre les questions logistiques. Et c’est ici que le MPSR2 a fait mieux que ses prédécesseurs. Le montant consacré, en 2023, au secteur de la défense et de la sécurité pour faire face aux défis sécuritaires en hausse par rapport aux autres années est de 657,78 milliards de francs CFA. Le gouvernement de IB a aussi structuré la mobilisation des ressources pour alimenter les besoins sur les différents fronts, à travers la création du Fonds de soutien patriotique (FSP).
A cet effet, en juin 2023, le président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, a signé le décret promulguant la loi n°009-2023/ALT du 24 juin 2023, portant institution d’une contribution spéciale sur la consommation de certains produits et services. 30 juin 2023. Ces contributions étaient jadis régies par l’Arrêté n°2023- 025/MEFP/SG du 25 janvier 2023 fixant les taux, les montants et les modalités de collecte de la contribution des citoyens au Fonds de soutien patriotique (FSP), à travers la consommation de cigarettes, cigares, cigarillos, de boissons, de produits de la parfumerie ou de toilettes et des produits cosmétiques. Les différentes sessions du comité de pilotage du Fonds permettent de dire que la pioche du gouvernement était bonne pour dénicher des niches de recettes.
A la date du 22 septembre 2023, sur un objectif de 100 milliards recherchés, 49.299.673.127 FCFA ont été déjà engrangés au titre du Fonds de soutien patriotique. Les Burkinabè financent donc la guerre directement et s’équipent auprès de leurs amis, selon Bassolma Bazie, ministre d’Etat, tout en dénonçant des obstructions de certains pays dans la livraison des commandes.
Toujours sur le front de la mobilisation des ressources pour la guerre, le gouvernement a dû céder deux permis « en jachère », celui de la mine d’or d’Inata, dans le Soum, et celui de la mine de manganèse de Tambao pour un montant global de 32 milliards FCFA, assorti de la construction d’un camp militaire dans la zone de Tambao. Certains observateurs ont crié au bradage du patrimoine minier, mais le gouvernement est resté droit dans ses bottes sur ce coup-là. Tout comme lorsqu’il a émis une garantie souveraine, avalisée le 14 avril dernier par l’ALT (Assemblée législative de transition), au profit de International Business Bank Burkina, en contrepartie de sa garantie bancaire, dans le cadre du contrat d’acquisition de matériels de défense et de sécurité entre le gouvernement du Burkina Faso et la société Turque, Company Raykar Makina Sanayi Ve Ticaret Anonim Sirketi.
Des réformes dans l’industrie minière
On peut également citer dans les mesures d’urgence pour faire face à la situation de guerre, la réquisition, en février 2023, de 500 kg d’or de la production de la mine de Houndé et de celle de Bissagold pour les besoins de la cause. Ces actions ont suscité peur et crainte chez certains investisseurs. Mais en dernier ressort, les garanties juridiques données aux uns et aux autres ont permis de ramener la confiance.
Dans cet exercice de mobilisation des ressources pour faire face à l’hydre terrorisme, le gouvernement, à travers les ministères techniques, a pris concomitamment des mesures sur le terrain, pour assécher les sources d’approvisionnement des groupes armés terroristes en ressources de tout genre, à travers le démantèlement des circuits informels de commercialisation des motos, des produits pétroliers, et le contrôle des réseaux de transfert informel d’argent.
Ils sont nombreux les Burkinabè à attendre des résultats chiffrés de la reconquête du territoire. Une chose est sûre, notre armée s’est renforcée en un an. Si elle n’a pas encore nettoyé tout le territoire des bandits armés, elle leur mène cependant la vie dure qu’avant, et cela, malgré quelques coups durs comme à Koumbri ou à Bourzanga.
Si du côté des Forces de défense et des VDP, la résistance est plus qu’une réalité en attendant la grande offensive, du côté des finances publiques, la résilience est en marche. Sous la houlette du ministère des charge des finances, de grands équilibres sont jusque-là maintenus. Malgré la guerre qui plombe les activités économiques, les performances de l’ensemble des régies de recettes sont plutôt satisfaisantes, avec une mobilisation de plus de 1.692,93 milliards FCFA à fin août 2023 par l’ensemble des régies, sur une prévision annuelle de 2.447,80 milliards FCFA, soit un taux de recouvrement de 69,16% au titre de l’année 2023, selon les derniers chiffres du ministère de l’Economie, des Finances et de la Prospective (MEFP).
Ces performances sont soutenues par certains partenaires multilatéraux comme le FMI, le Groupe de la Banque mondiale, la BOAD et la BAD, entre autres. Toute chose qui permet de continuer à financer certains projets de développement économique au profit des populations et de soutenir la modernisation de l’administration publique en termes de services rendus et de recouvrement de recettes. Le gouvernement de transition a pu ainsi arracher la signature de 45 conventions et accords pour un montant de 644 milliards FCFA et conclure avec le FMI un programme économique et financier 2023-2027, soutenu par la Facilité élargie de crédit pour un montant de 302 millions USD, soient 187 milliards FCFA. Le retour de la confiance des investisseurs sur le marché des titres publics, après une petite hésitation en début d’année, permet à l’Etat de s’endetter. Le 25 septembre 2023, il a pu lever 136 milliards FCFA.
JB
Encadré
La contestation interne, l’autre forme d’insécurité
Les bons résultats et performances ne doivent pas faire oublier que le pays est encore loin d’avoir fini avec l’insécurité. Elle n’est pas seulement dans la guerre contre le terrorisme, elle est également dans la lutte pour maintenir une inflation acceptable pour les ménages, cernés par une baisse du pouvoir d’achat, malmenés par l’inflation et par un effort de guerre qui risque de se prolonger si l’accalmie ne revient pas sur tous les fronts rapidement.
L’insécurité, c’est également ce climat délétère entretenu par des thèses complotistes avérés ou pas qui ne rassure pas sur l’avenir du pays. Le complot dévoilé, le 26 septembre, par le communiqué du gouvernement, rappelle que tout le monde n’est pas encore à l’unisson derrière la Transition. Pour son propre succès et pour l’avenir, il lui appartient de trouver les clés du rassemblement de tous les Burkinabè sur l’objectif de gagner d’abord la guerre. Des actes forts sont attendus pour apaiser le climat social, car, il n’est pas sûr que notre économie résiste à une nouvelle secousse. o