• Selon la Banque mondiale
• 1,5 million de pauvres en 2022
• 2,5% de taux de croissance en 2022
La Banque mondiale au Burkina Faso a fait un diagnostic sans complaisance de l’économie burkinabè. Elle a aussi fait des recommandations et envisager les perspectives économiques. Ce diagnostic est contenu dans le rapport annuel intitulé « Note sur la situation économique au Burkina Faso. Chapitre spécial : renforcer la résilience financière face aux risques climatiques », publié en avril 2023.
De ce diagnostic, il ressort que l’économie du pays des Hommes intègres enregistre une évolution en dents de scie. Cette économie en hausse en 2021, a chuté en 2022, mais reste prometteuse en 2023. Cette évolution en cascade, selon la représentante-résidente de la Banque mondiale au Burkina Faso, Maïmouna Mbow Fam, est due à la baisse de la production minière qui, elle-même, est impactée par la crise sécuritaire. Pour la dissémination du dit rapport, une présentation officielle a eu lieu le 12 juin 2023, à Ouagadougou, en présence des membres du gouvernement burkinabè. Le Burkina Faso, fortement dépendant de sa production d’or, est-il en train d’être confronté au revers de la médaille ? Le rapport détaillé par Maïmouna Mbow Fam est sans équivoque : la baisse de la production d’or impacte négativement sur l’économie.
Elle souligne qu’avec une reprise économique forte de 6,9% en 2021, la croissance du PIB du Burkina Faso a connu une décélération en 2022, à 2,5%, due principalement à une baisse de l’activité minière de 13,7%, à la suite des fermetures de quelques mines. L’inflation moyenne a atteint 14,1%, alors que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 22,4% en moyenne sur l’année.
L’institution de Bretton Woods note que la faible croissance en 2022 (notamment, dans le secteur agricole) et l’inflation élevée ont entraîné une augmentation du taux de pauvreté, estimée à 5,9 points de pourcentage. Comme corollaire, 1,5 million de personnes supplémentaires ont basculé dans l’extrême pauvreté. Face à cette paupérisation croissante, la « patronne » de la BM au Burkina Faso a invité le gouvernement à miser sur la création d’emplois.
Insécurité alimentaire en 2023 ?
Point marquant, la baisse de revenus des ménages pauvres, qui dépendent principalement de l’agriculture, s’explique, notamment, par la mauvaise récolte de 2021. Par ailleurs, en 2023, une inflation plus faible et des prévisions de croissance du PIB modérées n’entraineront qu’une réduction marginale de la pauvreté à moyen terme, d’environ 1 point de pourcentage par an. Il ressort également que malgré une saison des pluies satisfaisante en 2022, et au regard des nombreux défis auxquels le pays est confronté, les stocks de céréales sont plus bas que de coutume.
Par conséquent, l’insécurité alimentaire devrait se détériorer en 2023. Face à ce contexte difficile, la Banque mondiale recommande à l’Etat burkinabè de se focaliser non seulement sur des réformes des finances publiques à même de libérer plus d’espace budgétaire pour renforcer l’action gouvernementale, mais aussi sur des mécanismes spécifiques qui permettront d’améliorer la résilience financière face aux risques climatiques. Le gouvernement burkinabè est invité à l’accroissement de l’inclusion financière et l’extension de la couverture des filets sociaux pour garantir une croissance plus inclusive et durable. Le rapport suggère aussi une combinaison d’instruments de financement des risques ; l’adoption d’une stratégie globale, comme le passage de la réaffectation budgétaire à une ligne de crédit conditionnelle, qui pourrait aider à minimiser les risques d’épuisement des ressources financières, lors de la réponse à des catastrophes. Maïmouna Mbow Fam révèle que l’amélioration de la résilience financière face aux risques climatiques pourrait et devrait être une priorité stratégique pour le pays. Elle martèle que cette amélioration se positionne comme un levier de transformation essentiel pour parer aux défis économiques et environnementaux futurs du Burkina Faso.
R.D
Encadré
Le gouvernement travaille pour relancer l’économie
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Dr Aboubakar Nacanabo, a mentionné que le gouvernement portait une attention particulière aux recommandations, afin d’apporter des solutions urgentes et appropriées. Pour lui, l’adaptation aux changements climatiques n’est plus un choix mais un impératif. Il a reconnu que l’économie burkinabè balbutiait mais que cela était dû à des facteurs exogènes (crise ukrainienne) et endogènes (crise sécuritaire). Comme remède, dit-il, le pays a entrepris la mise en place des unités de production et de transformation des matières premières.
Lesquelles unités font baisser la pénibilité des ménages ruraux. Le ministre en charge de l’agriculture, Dr Dénis Ouédraogo, a ébauché quelques projets phares du gouvernement pour contrer les chocs climatiques. L’amélioration d’irrigation, l’aménagement de 27.000 hectares de bas-fonds, l’implication du secteur privé dans le financement agricole.