• Un cinquantenaire sous la réflexion, l’introspection et la prospection
• Universitaires, praticiens et consommateurs se sont questionnés sur la pratique
• Et proposé des pistes pour suivre la mutation face au numérique
Le doyen de la presse privée burkinabè, L’Observateur paalga, a soufflé sur sa cinquantième bougie, le 28 mai 2023. Pour marquer l’évènement, plusieurs activités ont été organisées et la plus phare reste le colloque international, tenu du mardi 23 au mercredi 24 mai 2023, à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, sous le thème : « Les médias traditionnels africains face au développement du numérique : résilience, opportunités et défis ». Au lieu d’une célébration festive, le comité d’organisation, présidé par Ousseni Ilboudo, a préféré placer ce cinquantenaire « sous le signe de la réflexion, de l’introspection et de la prospection ».
Durant 48 heures donc, enseignants-chercheurs, professionnels de médias, journalistes, communicateurs, étudiants et participants se sont entretenus sur plusieurs points dont on peut retenir, entre autres, les pratiques journalistiques à l’ère du numérique, les enjeux économiques à l’ère du numérique ; médias TIC et espace public ; femmes et médias… « Beaucoup de gens, grâce au téléphone portable et aux supports électroniques, ne s’embarrassent plus de papier. Ils préfèrent faire l’abonnement à partir du numérique pour pouvoir lire l’information online. Et aujourd’hui, vous voyez que dans les réseaux sociaux, il y a beaucoup d’informations qui circulent. La presse est donc obligée de tenir compte de cela pour se réadapter. Si elle ne se réadapte pas, elle est obligée de disparaître. Celui qui maîtrise le numérique et celui qui sait que le numérique offre d’immenses possibilités pourra se repositionner et suivre la mutation », a indiqué le président du comité scientifique du colloque, Pr Magloire Somé, pour expliquer l’option des communicateurs d’exposer les nouvelles possibilités de publication qu’offrent les nouvelles technologies tout en présentant des risques pour les médias traditionnels.
Une vingtaine de communications ont été présentées par des auteurs venus de 4 Universités du Burkina, 2 Universités de Côte d’Ivoire, du Niger, du Congo/Brazzaville, des organisations professionnelles des médias du Burkina et du Sénégal ; de Directeurs de publication de médias locaux. Ils ont échangé, en substance, sur l’avenir des médias classiques burkinabè à l’ère de la convergence numérique, la fiscalité appliquée aux médias du Burkina, le basculement dans le numérique, les pratiques journalistiques à l’ère du numérique, les médias sociaux et discours de violence, la crise de confiance entre les médias et l’opinion publique au Burkina, etc. Il y a eu d’excellents exposés qui ont été faits et qui ont suscité beaucoup de débats. Et de l’avis du comité scientifique, « les présentations étaient dans le cœur du sujet et c’étaient des présentations innovantes qui ont suscité beaucoup d’intérêt auprès des participants ». Après ce colloque, les actes seront réunis et mis à la disposition du public. Mais il faudrait attendre encore, car l’ensemble des communications sera d’abord distribué pour évaluation et ensuite, on les retournera aux auteurs qui vont prendre en compte les observations. C’est seulement après toutes ces étapes que le comité scientifique va procéder à l’édition des actes du colloque. La célébration du jubilé d’or a été placée sous le patronage du ministre de la Communication, Jean Emmanuel Ouédraogo, et coparrainée par le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie, Mamady Sanoh, et l’ancienne présidente du Conseil supérieur de la communication, Béatrice Damiba. En plus du colloque, une journée portes-ouvertes a eu lieu le 25 mai, au siège du journal, et une action caritative en faveur des personnes déplacées internes a été réalisée, le 27 mai 2023.
Moumouni SIMPORE
Encadré
Retour sur la naissance du quotidien
L’Observateur Paalga, en ayant poussé ses premiers cris en 1973, est le premier quotidien privé indépendant d’Afrique de l’Ouest francophone, et malgré les différents soubresauts, il s’est efforcé d’être au service de la liberté de presse et de la démocratie. « Sur le plan institutionnel, c’était la première entreprise de presse, puisque c’était non seulement un journal, mais un journal assis.
Cinquante ans après, nous sommes là. L’aventure était tellement risquée pour nous et pour les observateurs et les connaisseurs que certains ne nous donnaient même pas trois mois de vie », se rappelle Edouard Ouédraogo, fondateur et Directeur de publication du journal.