• Selon la Banque mondiale
• Baisse du taux d’inflation à 4,9%
• Condition : baisse de l’insécurité
A la date du 30 mars 2023, la représentation de la Banque mondiale au Burkina Faso a fait une revue des perspectives économiques à moyen terme du pays au titre de 2023.
L’institution de Bretton Wood révèle qu’à moyen terme, et dans un contexte marqué par l’incertitude, la croissance réelle du pays des Hommes intègres devrait poursuivre sur sa trajectoire d’avant la pandémie de COVID-19. La revue projette cette croissance en 2023 à 4,3 %, soit (1,7 % par habitant) et devrait être tirée par les secteurs de l’agriculture et des services, et la reprise de l’exploitation aurifère. A contrario, le Burkina Faso, qui avait atteint le pic de l’inflation de l’espace UEMOA avec un taux de 13,5% en octobre 2022, devrait beaucoup reculer avec un taux raisonnable.
Il ressort que l’inflation annuelle moyenne devrait baisser à 4,9 % en 2023, reflétant une baisse des prix mondiaux du pétrole et des denrées alimentaires et en supposant que la situation sécuritaire ne se détériore pas davantage. Autre information de Bretton Wood est que le déficit budgétaire devrait rester élevé à 6,9 % du PIB, dépassant l’objectif (4,7 %) du budget adopté.
Les raisons de cette hausse s’expliqueraient par l’augmentation des dépenses de sécurité et de l’inclusion de la dette titrisée liée aux subventions aux carburants dans les chiffres des dépenses. Conséquence, fait savoir l’institution dirigée par Maïmouna Mbow Fam, la convergence vers l’objectif de 3 % du PIB de l’UEMOA n’est pas attendue avant 2027.
Autre conséquence est que le financement du déficit s’avérera difficile à atteindre, car le durcissement des conditions de financement au niveau mondial a déjà augmenté le coût du financement sur le marché obligataire régional de l’UEMOA et l’accès au financement concessionnel reste limité. Ces conséquences pourraient être atténuées avec le retour à un régime civil, prévu à la mi-année 2024, donnant lieu à une reprise des financements concessionnels, ce qui contribuerait à la viabilité de la dette.
Une croissance de 5,1% d’ici 2025
La Banque mondiale pense que dans l’hypothèse d’une amélioration de la sécurité et de la mise en œuvre du programme de la Transition, la croissance devrait s’améliorer à moyen terme pour atteindre 5,1 % d’ici 2025. Les taux de pauvreté devraient rester inchangés en 2023, l’inflation compensant la croissance des revenus des ménages pauvres, avant d’amorcer une tendance à la baisse d’environ un point de pourcentage par an. Cette légère baisse ne fera que compenser l’augmentation de la population, si bien que le nombre de pauvres devrait rester à environ 7,5 millions, fait savoir la représentation de la BM au Burkina Faso.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré 1
L’insécurité persistante, gros handicap au décollage économique
La revue martèle que l’insécurité persistante est le principal risque qui pèse sur les perspectives. En outre, un ralentissement de la croissance mondiale, une hausse de l’inflation et un resserrement monétaire au niveau international pourraient entraîner une augmentation des coûts de financement. Le prix de l’or reste à des niveaux historiquement élevés, mais il pourrait baisser en termes réels, ce qui constituerait un risque pour le compte courant et la mobilisation des recettes intérieures.
Encadré 2
Dépenses sécuritaires en hausse
La Banque mondiale relève que du fait des dépenses liées à la défense et à la sécurité qui sont en forte hausse (4,6 % du PIB en 2022, contre 3,4 % en 2021), de la masse salariale publique structurellement élevée, et des transferts fiscaux plus élevés, le déficit budgétaire est passé à 10,6 % du PIB en 2022, contre 7,5 % du PIB en 2021. Dans le même temps, la dette publique atteint 54,3 % du PIB, la dette intérieure à taux d’intérêt élevé constituant la majeure partie de l’encours de la dette publique.