• Soient 972 femmes sur 5.117 agents
• Peu promues au niveau des postes de responsabilité
• Des femmes montrent l’exemple
Au Burkina Faso, la Journée internationale des droits de la femme ne passe pas inaperçue, même si cette année 2023, au regard du contexte national, la ministre en charge du genre et de la femme a recommandé la sobriété aux femmes burkinabè. Commémoration des droits de la femme oblige donc, L’Economiste du Faso fait un zoom sur le ministère de la Justice et des Droits humains pour voir l’état de féminisation des différents métiers, leur représentativité au niveau des instances de décisions et des postes de responsabilité et échanger avec quelques actrices.
Selon les données contenues dans le tableau de bord statistique 2021 de la Justice, l’effectif total du personnel était de 5.117 agents (magistrats, Greffiers, Gardes de sécurité pénitentiaire, personnel des droits humains, interprètes judiciaires et autres personnels). Le nombre de femmes s’élevait à 972, soit un taux de féminisation de 19%. Actuellement, le pays compte 111 magistrates sur un effectif total de 638 magistrats, soit un ratio de 16,37%. Relativement au personnel greffier, les chiffres actualisés de 2023 font état de 184 femmes Greffiers sur un effectif de 898 Greffiers, soit un taux de 20%. Aussi, le personnel féminin des Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) est de 532 à ce jour. Plus exactement, on dénombre 11 inspecteurs, 26 contrôleurs et 495 assistants. 3.000 est l’effectif total actualisé des GSP. En 2021, l’administration comptait 7 femmes interprètes judiciaires sur un total de 17.
Le ministère de la Justice et des Droits humains est dirigé par une femme, en la personne de Bibata Nébié/Ouédraogo. Une femme est également Secrétaire générale du ministère. Les deux sont magistrates. A priori, cela laisse penser que les femmes de ce ministère s’affirment et assument beaucoup de responsabilités. Mais, les résultats semblent mitigés.
Des 12 Directions régionales des Droits humains, il n’y a pas de femme. Actuellement, au sein du ministère, on liste une DG des Droits humains (DGDH), une Secrétaire permanente de l’Observatoire national de gestion et de prévention des conflits communautaires (SP-ONAPREGECC) et une autre DG des relations avec les institutions (DGRI). En outre, on dénombre 2 Chargées d’études et des Chargées de mission.
RO (Collaborateur)
Encadré
Personnel féminin et postes de responsabilité
• 27 tribunaux de grande instance (TGI) : 3 présidentes de juridiction, 00 procureur du Faso et 2 cheffes de greffe
• Tribunaux de travail : 3 magistrates (présidentes) et 2 cheffes de greffe
• Tribunaux de commerce/tribunaux administratifs autonomes : les 4 greffes, une présidente et une commissaire du gouvernement
• Cour d’appel : une cheffe de greffe
• Hautes cours de justice : une commissaire du gouvernement et une responsable de greffe .
Encadré 1
Maître Adjara Sawadogo, Greffier en chef au Tribunal administratif
Maître Adjara Sawadogo, mariée et mère de deux enfants, est Greffier en chef au Tribunal administratif depuis 5 ans. Titulaire d’une Licence en Droit, elle a accédé à ce corps sur concours direct de Greffiers. Pour elle, la profession de Greffier est aussi faite pour les femmes qui ont un rôle important. « Le Greffe est la porte d’entrée de la juridiction. Pour cela, les Greffiers doivent accueillir et informer les justiciables. Les femmes sont disposées à ces tâches, car plus accueillantes », a-t-elle laissé entendre. Affirmant ne pas être favorable à l’instauration d’un quota genre, elle estime que la représentativité au niveau des postes de responsabilités est acceptable, même si elle considère que ces dernières peuvent mieux faire. « Pour moi, le 08-Mars constitue l’occasion de se remettre en cause, de réfléchir à comment améliorer les conditions des femmes. Les femmes continuent de souffrir à plusieurs niveaux. Si nous pouvons faire une tontine pour fêter, on peut bien le faire pour offrir une couveuse, un lit d’hôpital », opine Maître Sawadogo. Comme attente, elle souhaite que certains hommes puissent considérer le personnel féminin comme leurs collaboratrices et non les traiter à l’image de leurs femmes.
Binta Soré, chef de service à la Direction de la planification de l’Ecole nationale des GSP
Contrôleur de sécurité pénitentiaire, mariée et mère de trois enfants, elle est la présidente de l’amicale des femmes de l’administration pénitentiaire et chef de service à la Direction de la planification de l’Ecole nationale des GSP. Par ailleurs, elle est la responsable du service genre. L’amicale a pour objectif de travailler à l’amélioration des conditions de vie du personnel féminin GSP et de soutenir les personnes détenues défavorisées, à savoir : les handicapés, les femmes détenues….
Titulaire d’une Licence en psychologie, elle a intégré le corps des GSP en tant qu’assistante, sur concours direct en 2007. Cette garde de sécurité pénitentiaire pense que les femmes sont indispensables, parce que les textes nationaux et internationaux exigent que les femmes détenues soient surveillées, fouillées et gardées par le personnel féminin. « Les femmes contribuent significativement au bon fonctionnement des établissements pénitentiaires », s’exclame-t-elle. Les femmes GSP burkinabè sont compétitives tant sur le plan national qu’international et remportent des prix, foi de Binta Soré.
En tant que corps paramilitaire, le contrôleur de sécurité pénitentiaire estime que la condition physique et la maternité constituent des limites que certaines mesures s’efforcent à combler. « Le personnel féminin est victime d’un certain nombre de préjugés et de pesanteurs sociales qui nous compliquent la tâche », a-t-elle affirmé. Selon elle, le nombre de personnes au niveau des postes de responsabilités est insignifiant. Elle explique cet état de fait par la faiblesse de GSP au niveau des grades d’inspecteurs et de contrôleurs. Pour cela, elle plaide pour que l’autorité prenne en compte le genre à ces niveaux.
Dans le cadre de la célébration du 08-Mars, l’amicale entend mener des actions. Entre autres, une formation sur les techniques d’écoute sur les violences basées sur le genre du personnel féminin, un don de sang, une conférence sur les droits spécifiques des femmes de tenue, un repas communautaire et un match de gala qui va opposer le personnel féminin aux femmes détenues.