• Tous concernés
• Employeurs, travailleurs, consommateurs
• Large ratissage au niveau de la boisson
Pendant que la grande muette réorganisait son dispositif avec de nouvelles régions militaires, de nouveaux commandants, le nouvel argentier du moment au ministère de l’Economie, des Finances et de la Prospective déroule sa stratégie pour financer la guerre : d’abord, un projet de budget de l’Etat pour 2023, qui en disait long sur l’effort de mobilisation de ressources attendu par les régies financières. On note une des recettes attendues à 2.631,3 milliards FCFA, en augmentation de plus de près de 12 % par rapport à celles de 2022. Les prévisions de dépenses, quant à elles, sont évaluées à 3.235,9 milliards FCFA. Ce budget est caractérisé par un gap à combler de 604 milliards FCFA.
Ainsi, au niveau de la DGI, une des innovations fiscales consistait à mieux taxer les boissons, afin d’améliorer les recettes de l’Etat (NLDR : Voir encadré).
Mais l’effort des régies seules ne pourraient pas couvrir les besoins de financement de la guerre. C’est ainsi qu’est né le Fonds de soutien patriotique (FSP). Le succès de cette mobilisation financière sera un indicateur de l’engagement des Burkinabè à se sortir de cette guerre. Il faut de l’argent et surtout beaucoup de milliards FCFA pour que l’Etat continue de fonctionner et que les FDS et les VDP massivement recrutés ne manquent de rien en termes d’équipements, de logistique et de solde.
Les contributions volontaires ne manquent pas et le point régulier fait par le comité de pilotage indique un certain engouement, même si les montants ne sont pas encore astronomiques. L’esprit de ce fonds : ce sont des contributions volontaires et l’Etat se charge de mettre en place un dispositif transparent pour le collecter.
A ce niveau, il s’est passé quelque chose de remarquable. Les confessions religieuses, toutes tendances confondues, ont sollicité la générosité de leurs fidèles. Des détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), du fond de leurs cellules, ont tenu à participer à cet effort collectif. Les entreprises et des citoyens ordinaires également. Du côté des salariés, un dispositif a été mis en place pour permettre de collecter la contribution à 1% de leur salaire, toujours de façon volontaire.
Mais voilà, la semaine dernière, en application de l’arrêté N°2023-025/MEF/SG fixant les taux, les montants et les modalités de collecte de la contribution des citoyens au Fonds de soutien patriotique, à travers la consommation de cigarettes, de cigares, de cigarillos, de boissons, de produits de la parfumerie ou de toilettes et de produits cosmétiques. Cet arrêté, signé le 25 janvier 2023, a été immédiatement pris en charge par les principaux producteurs et distributeurs locaux de boissons qui ont annoncé un supplément de 100 FCFA par bouteille de bière et de 50 FCFA sur les bouteilles de sucrerie (NDLR : voir détails encadré). C’est une niche très intéressante en termes de ressources à collecter, si on s’en tient au fait que les Burkinabè sont de gros consommateurs.
Boire de la bière ou autre type de boisson devient paradoxalement donc une contribution patriotique. N’est-elle pas en contradiction avec les motivations des nouvelles mesures fiscales sur les boissons et le tabac ? Bref, tous les moyens sont bons actuellement pour renflouer les caisses de l’Etat. Cependant, pour plus de clarté, il faudra expliquer aux collecteurs de cette contribution si c’est une continuité de la loi de finances ou une mesure différente.
Lors de son grand oral, le 03 février 2023, le président de la Transition, d’un ton posé, a déclaré que la guerre n’avait pas encore commencé. Cette déclaration a alimenté bien des débats dans les chaumières. Les plus durs ont même soutenu que si on n’était pas en guerre, il faudrait une redéfinition de la guerre. C’était oublier que l’on avait affaire à la parole d’un chef de guerre, qui connait le terrain et qui, depuis sa prise de pouvoir, est en train de réarticuler l’Armée nationale, afin d’apporter une riposte adaptée à l’ennemi. Manifestement, le pays est en guerre depuis au moins 2016. Et dans cette guerre, il y a des phases. L’heure des grandes manœuvres semble avoir sonné pour financer la guerre. Et on n’est pas encore au bout des sollicitations. Cependant, pour le contribuable et le consommateur, il a bel et bien commencé.
FW
Enadré
Boissons : les prévisions de la loi de finances 2023
«Dans cette nouvelle règlementation, on note le rehaussement du taux de la taxe sur les boissons. Afin de lutter contre la prolifération de certaines boissons très alcoolisées et/ou énergisantes, nuisibles à la santé des populations, une taxation conséquente de ces boissons pourrait décourager la consommation excessive et constituer un levier pour la mobilisation des recettes fiscales », se justifie la DGI.
La modification opérée consiste donc à rehausser les taux de la taxe pour compter du 1er janvier 2023 comme suit :
– Bières titrant moins de 8° d’alcool : 30%
– Bières titrant plus de 8° d’alcool : 40%
– Vins : 70%
– Autres boissons alcoolisées titrant moins de 35° d’alcool : 50%
– Autres boissons alcoolisées titrant 35° d’alcool et plus : 70%
– Boissons non alcoolisées énergisantes : 50%
– Sucreries et autres boissons non alcoolisées : 15% »o
Source : Lefaso.net