• Lors d’un panel organisé par l’ASCE-LC
• Les segments sensibles identifiés
• Un engagement anti-corruption a été signé
La Journée internationale de la lutte contre la corruption, décrétée par les Nations unies depuis maintenant plus d’une décennie, est célébrée chaque année, à la date du 9 décembre. L’ASCE-LC, institution étatique ayant pour attribution générale la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées, a commémoré ladite journée le vendredi 09 décembre dernier, à sa façon. A cette occasion, L’ASCE-LC, en accord avec les acteurs de lutte contre ce fléau, a décidé d’examiner la problématique construite autour du thème : « Lutter contre la corruption, quels enjeux pour la restauration du territoire national ».
Selon le Contrôleur général d’État, M. Philippe Neri Kouthon Nion, l’ASCE-LC a planché sur ce thème parce qu’il existe un lien étroit entre la corruption et le terrorisme. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que toutes les composantes des FDS ont été conviées pour réfléchir sur la question. Cette journée a été jalonnée de communications animées par les FDS, à savoir les Forces armées nationales (FAN), la Police nationale, la Douane et les Eaux et Forêts. Le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance Ouaga I, a aussi disserté sur la question.
Liens entre corruption et terrorisme
Les liens entre corruption et terrorisme ont été scrutés au cours du panel. Il est ressorti que la corruption ternit l’image des FDS, ébranle la confiance des citoyens, affecte leur légitimité et leur acceptation, donc impacte négativement la collaboration avec des citoyens, condition sine qua non pour la réussite de leurs missions. Ensuite, il a été mentionné que la corruption fragilisait les capacités des FDS, provoque un gaspillage de ressources financières, occasionne l’acquisition de matériels inadéquats, mettant en danger les troupes engagées et entame fortement le moral de ces dernières. Par ailleurs, il en est résulté que les segments sensibles des FAN à la corruption sont les services de santé, le génie militaire et l’intendance militaire. Au niveau de la Police nationale, la Gendarmerie nationale, la Douane et les Eaux et Forêts, la corruption serait favorisée du fait de leurs contacts avec les populations, notamment, lors des contrôles sur les axes frontaliers et les postes frontaliers, les contrôles routiers et sur les corridors, les contrôles documentaires et aussi lors des missions accomplies dans le cadre de l’exercice des missions de police judiciaire. Ces actes ont été considérés comme étant de nature à permettre aux terroristes de circuler clandestinement sur le territoire national et d’introduire des armes en contrebande.
La corruption au sein des FDS se matérialise par le moyennage d’actes, la surfacturation, les rackets et la pratique de cadeaux. Les causes citées sont relatives à la cupidité de certains agents publics, l’ignorance de textes législatifs et règlementaires par les citoyens, l’incivisme et le manque de rigueur dans les contrôles. Dans une perspective d’éradication de ce fléau social, les FDS ont présenté les mécanismes préventifs et répressifs mis en œuvre et ceux en cours d’élaboration.
Pour le Procureur du FASO, M. Harouna Yoda, la corruption et les pratiques corruptives du fait des FDS contribuent à légitimer l’argumentaire terroriste et extrémiste. La corruption est un allié du terrorisme, parce quelle rend le crime terroriste possible en contribuant à son financement, poursuit-il. Elle nuit aux capacités de notre pays à lutter efficacement contre le terrorisme, parce qu’elle permet aux groupes terroristes d’exploiter l’État pour atteindre leurs fins, termine-t-il.
De la signature d’un acte d’engagement anti-corruption
Ces activités commémoratives ont connu le sceau de l’innovation. Un acte anti-corruption a été signé. L’acte contient 12 points. Ont signé : le Contrôleur général d’État, le chef d’État-Major général des armées, représenté par le chef d’État-Major de l’armée de Terre, le Directeur général de la Police nationale, le Directeur général des Douanes, le Directeur général des Eaux et Forêts, le Directeur général de la Garde de sécurité pénitentiaire et le Directeur général de la Police municipale. Une copie de l’engagement anti-corruption a été remise au Directeur de cabinet, représentant du chef de l’Etat.
Remise du prix de l’intégrité
Cette année, pour la première fois, l’ASCE-LC a initié « le prix de l’intégrité ». Ce prix a été décerné à trois lauréats. Il vise à récompenser les personnes dont l’intégrité a été éprouvée lorsqu’elles étaient toujours en activité. La cérémonie de remise a été placée sous le très haut patronage du chef de d’État, représenté par son Directeur de cabinet. Le Contrôleur général d’État pense que l’instauration de ce prix rappelle que l’intégrité est une valeur toujours payante, et permettra de trouver des repères pour notre génération et celles à venir.
Le représentant du président du Faso a salué ces sanctions qu’il juge positives et a espéré que cette distinction soit perçue par notre jeunesse comme un signal fort qui interpelle chacun à l’exemplarité et à la culture de l’intégrité dans l’accomplissement quotidien de son travail.o
Rahim OUEDRAOGO (Collaborateur)
Encadré
Le palmarès
Les trois lauréats sont repartis chacun avec une médaille en bronze, une attestation, un habit en pagne traditionnel et une enveloppe individuelle de cinq millions de francs CFA.
1- Ousmane Koka Mano, contrôleur financier à la retraite. Son intransigeance et sa rigueur dans le travail lui ont valu des ennemis.
2- Beatrice Sanou, officier de police à la retraite. Elle a refusé la proposition de 50 millions qui lui a été faite par Sia Popo Prosper, braqueur de la BCEAO, en échange de sa liberté
3- Alassane Hassane Tamboura dit la loi, secrétaire administratif à la retraite. Cet homme est reconnu pour son attachement inébranlable au respect de la loi.