• Le Cobucan fait salle pleine à Pissy
• Pourquoi ont-elles peur de se faire dépister ?
Le 17 novembre 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lançait la stratégie mondiale, dans l’optique d’accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique mondial. Pour célébrer l’an 2 de cette stratégie au Burkina Faso, la Coalition burkinabè contre le cancer (COBUCAN) a organisé, le 18 novembre dernier, une campagne de sensibilisation des femmes et jeunes filles au dépistage du cancer du col de l’utérus, à travers une séance de projection de film documentaire : « Conquering Cancer ». Ce film montre ce qui doit être fait pour réaliser cet exploit incroyable de sauver la vie d’environ 62 millions de femmes. La projection a eu lieu au Canal Olympia de Pissy, quartier populaire de Ouagadougou. Une heure avant le début de la projection, la salle était quasi pleine. Plus de places pour les retardataires. Hommes, femmes ayant contracté ou non la maladie, jeunes filles de moins de 18 ans, avaient hâte de découvrir le contenu de cette projection. Un silence total envahit la salle assombrie de l’entame. Le film donne vie aux histoires des femmes qui ont survécu au cancer du col de l’utérus et présente des témoignages de professionnels de la santé, qui travaillent à l’élimination du cancer du col de l’utérus par la vaccination contre le virus du papilloma humain (VPH), le dépistage et le traitement.
Une heure dix minutes après, fin de la projection. Une acclamation prolongée de la salle pour tous ceux qui ont contribué à la réalisation du film et pour toutes les femmes qui ont malheureusement perdu le combat contre le cancer du col de l’utérus. La projection n’a pas manqué de susciter des questions parmi les spectateurs, dont celle sur l’hérédité. « Le cancer du col de l’utérus n’est pas lié à une hérédité quelconque. Il ne se transmet pas à travers le sang, mais plutôt par voie sexuelle. Le virus est transmis à la femme par l’homme », a rassuré le Professeur Nayi Zongo, Chirurgien cancérologue, président de la COBUCAN.
Les membres du présidium n’ont pas manqué d’inciter les femmes, les jeunes filles et même les hommes (pour qu’ils motivent leurs femmes) à aller se faire dépister. Il est ressorti des échanges que certaines femmes négligent le dépistage à cause, entre autres, de la peur du diagnostic, la peur de se faire consulter par un homme, la peur de montrer son corps à une tierce personne. C’est le cas d’Adjara Sawadogo, qui, à l’âge de 43 ans, ne s’est jamais fait dépister. « J’entends tout le temps parler du cancer du col de l’utérus. Je ne comprends pas exactement ce que ça veut dire, mais aujourd’hui, je sais que c’est une maladie très dangereuse, à cause du mot cancer. C’est une amie qui m’a expliqué comment se passe le dépistage. Mais je n’ai pas le courage de me déshabiller devant quelqu’un d’autre si ce n’est mon mari. Lui-même ne l’acceptera pas. S’il existait un autre moyen pour le faire, même si c’est seule à la maison, ça allait m’aider », nous a-t-elle fait entendre.o
Rahinatou KOUDA (stagiaire)
Encadré
Cette tumeur maligne
Le cancer du col de l’utérus est une tumeur maligne développée à partir de la muqueuse du col utérin. Il est dû à l’infection persistante du vagin et du col par un virus de la famille des papillomavirus humains (HPV), transmis au cours de rapports sexuels. Il existe plusieurs moyens de dépistage du cancer du col de l’utérus. Au Burkina Faso, on fait le dépistage des lésions précancéreuses (qui pourraient évoluer vers un cancer). Le moyen le plus courant, le plus répandu au Burkina, c’est l’inspection visuelle (l’IVA), qui est l’application de l’acide acétique (vinaigre). L’examen le plus reconnu au niveau international est la recherche du HPV, avant qu’il ait pu faire les lésions. Cet examen demande plus de moyens. Les autres moyens sont le frottis cervico-vaginal et la colposcopie. Ce dernier s’adresse à celles qui ne peuvent pas faire l’IVA ni le frottis.o
