• 107 attaques terroristes en un mois
• Le flottement à la tête de l’Etat en cause
• Selon l’expert en sécurité, Mahamoudou Sawadogo
Comme lors du coup d’Etat du 24 janvier 2022, qui a vu le retour des militaires à la tête de l’Etat burkinabè, celui du 30 septembre 2022 n’a pas dérogé à la règle. Les terroristes ont profité du flottement, du fait que les militaires étaient préoccupés à asseoir leur pouvoir à Ouagadougou, pour multiplier les raids meurtriers.
Centre-Nord, région la plus attaquée
L’expert en sécurité, Mahamoudou Sawadogo, a révélé, sur la chaîne de télévision privée BF1, dans l’émission 7Info du 30 octobre 2022, que du 30 septembre au 30 octobre 2022, le pays, sous la gestion du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR 2), avait subi 107 attaques, causant 173 morts, au minimum 23 Forces de défense et de sécurité (FDS). Fin connaisseur des questions sécuritaires, l’ancien gendarme ajoute qu’en un mois d’existence du MPSR 2, le Burkina Faso a enregistré en moyenne 5 morts par jour et 3 à 4 attaques par jour. Mahamoudou Sawadogo affirme que la région du Centre-Nord est la plus attaquée, avec 23 attaques terroristes qui ont fait 79 morts. Pour endiguer le fléau, il interpelle le spécialiste en artillerie qu’est le président Ibrahim Traoré, à vite réorganiser la troupe pour éviter d’être toujours dans la réaction. Mahamoudou Sawadogo invite ses anciens collègues à quitter les villes pour le terrain, afin, dit-il, d’affronter l’ennemi.
Bondoukuy attaqué, un symbole
Parmi les attaques terroristes symboliques sous le règne des Capitaines, il y a l’attaque contre le 14e Régiment interarmes (RIA) de Djibo, le 24 octobre 2022, qui a coûté la vie à 10 soldats, enregistré 50 blessés et 18 terroristes neutralisés. Les terroristes ont poussé le culot jusqu’à faire une intrusion fracassante dans le village natal du Capitaine IB, Bondoukuy, à 80 km de Dédougou, dans la région de la Boucle du Mouhoun, dans la nuit du 28 au 29 octobre 2022. Des hommes armés ont incendié la Préfecture, l’Inspection de l’enseignement primaire et la Mairie de Bondoukuy. Ces statistiques doivent interpeller le Capitaine président, qui a promis de lutter contre le terrorisme jusqu’à son dernier souffle.
IB a l’excuse du temps, mais…
Le Capitaine IB a l’excuse du temps. Un mois pour réorganiser, voire galvaniser une armée, c’est un peu juste. L’enjeu pour le nouveau pouvoir est de renverser une situation déjà mal engagée. Mais à condition que le chef de guerre qu’il est demeure fidèle à ses mots prononcés, le 21 octobre 2022, jour de sa prestation de serment. « …nous avions décidé, devant l’histoire, d’assumer notre révolte ; car, le contexte dans lequel est notre Nation est assez difficile à décrire. L’existence même de la Nation est en péril. Nous sommes confrontés à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent. Autre atout , il bénéficie de la confiance d’une partie du peuple, notamment, la jeunesse, qui retrouve en lui un autre Thomas Sankara. Toutefois, attention au syndrome Damiba, qui avait aussi suscité de l’espoir, mais qui a connu la fin qu’on lui connait !
« Pour ma Nation, je me battrai jusqu’au dernier souffle… »
Capitaine IB, comme l’ont surnommé certains Burkinabè, part avec la fougue de la jeunesse et cette détermination à vaincre l’hydre terroriste. « Pour ma part, je serai engagé à vos côtés et aux côtés du peuple pour la libération totale du territoire. Pour ma Nation, je me battrai jusqu’au dernier souffle… » déclarait il le 21 octobre lors de sa prise de fonction.o
Joël Bouda
Encadré
Le Président Henri Sandaogo Damiba a aussi eu son temps de flottement
Après avoir renversé, le 24 janvier 2022, le 2e président élu démocratiquement de l’histoire du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le commandant de la 3e région militaire, Paul Henri Sandaogo Damiba, était aussi préoccupé à asseoir son « nââm » dans la capitale. Pour preuve, selon une enquête de l’Institut d’études de sécurité (ISS), le Burkina Faso a connu 610 attaques terroristes qui ont tué 567 personnes entre le 25 janvier et le 8 avril 2022. 3 mois de flottement ont suffi aux hommes armés non identifiés (HANI) pour passer à l’offensive et commettre autant de morts.