• Le coût de la vie est monté en flèche
• L’alimentation et l’énergie, les plus touchées
• Les autorités monétaires confrontées à un compromis délicat
L’un des problèmes les plus urgents auxquels l’Afrique subsaharienne est confrontée, ce sont les niveaux d’inflation élevés depuis une décennie, qui ont des effets dévastateurs sur les revenus et la sécurité alimentaire. Selon les données du Fonds monétaire international, ce taux a atteint 9% en août. Il s’agit d’une moyenne, puisqu’il existe de grandes différences entre les pays.
Pourquoi une telle alerte ?
Dans son blog dédié aux réflexions sur les thématiques liées à la croissance, l’institution internationale appelle à s’attaquer à l’inflation tout en soutenant la croissance et en protégeant les personnes vulnérables, justifie un resserrement prudent et vigilant de la politique monétaire.
Malgré un rebond l’année dernière, les retombées de la pandémie ont maintenu l’activité économique intérieure en Afrique subsaharienne relativement faible, « et nous prévoyons un ralentissement de la croissance dans la région cette année », poursuit le FMI. En effet, selon ses statistiques, la plupart des pays de la région n’ont pas eu les ressources nécessaires pour soutenir et stimuler la croissance, ce qui contraste fortement avec les pays plus riches d’ailleurs, qui pourraient injecter des billions de dollars dans leurs économies.
L’alimentation et l’énergie, les plus touchées
En Afrique subsaharienne, ce sont plutôt des évènements extérieurs qui ont façonné l’évolution de l’inflation depuis le début de la pandémie. Il s’agit, notamment, de la forte hausse des prix mondiaux des produits de base, des fluctuations des taux de change, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale et des catastrophes naturelles.
Dans le cas des denrées alimentaires, les prix des principales denrées de base telles que le maïs et le blé ont augmenté depuis 2019, contribuant aux deux tiers de l’inflation globale dans les États fragiles et à la moitié, ailleurs, dans la région. La hausse des prix mondiaux de l’énergie et la vigueur du dollar ont également alimenté l’inflation de manière indirecte, via les transports et les biens échangeables comme les produits ménagers.
En revanche, il n’y a eu que des augmentations modestes pour les prix des biens et services qui reflètent le plus les pressions de la demande intérieure, ce qu’on appelle les biens non échangeables – qui comprennent généralement tous les services produits localement, comme dans les secteurs de l’hôtellerie, de la santé ou de l’éducation-.
L’alimentation et l’énergie représentant la moitié de la consommation des ménages en Afrique subsaharienne, le coût de la vie dans la région est monté en flèche. Le FMI estime que 12 % de la population de la région sera confrontée à une insécurité alimentaire aiguë d’ici la fin de l’année.
Faire preuve de prudence
Dans le blog qui s’appuie sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne d’octobre 2022, les deux experts du FMI, Marijn Bolhuis, Peter Kovacs, apportent des recommandations sur les mesures prises par les Etats. Ainsi, sur la décision des Banques centrales de la région de relever les taux d’intérêt en réponse à la hausse de l’inflation, aux sorties de capitaux et à la dépréciation des devises résultant du resserrement de la politique monétaire dans les économies avancées. Le FMI les invite à agir avec prudence et relever progressivement les taux d’intérêt, afin de ne pas compromettre la reprise. L’institution précise que les autorités monétaires se trouvent également confrontées à un compromis de plus en plus délicat en augmentant les taux pour contenir l’inflation, on risque d’étouffer le crédit à l’investissement, de déprimer l’activité économique et de réduire les revenus. Parallèlement, l’assainissement budgétaire et le ralentissement mondial pèsent sur l’activité économique intérieure. D’où la recommandation à l’endroit des décideurs de ne pas faire preuve d’autosatisfaction : les pays où les pressions sur la demande intérieure sont fortes, où l’inflation est très élevée peuvent avoir besoin de resserrer leur politique plus rapidement ou de manière plus décisive.
« Compte tenu de la fragilité de la reprise en Afrique subsaharienne et du fait que les pressions de la demande intérieure n’ont pas été jusqu’à présent un moteur important de l’inflation, les responsables politiques doivent faire preuve de prudence dans les mois à venir, tout en surveillant de près l’inflation », conclut le FMI.
NK