• Un marché jadis fréquenté par les expatriés
• Des Burkinabè de plus en plus intéressés
• Le réseau de boutiques se développe
Une personne qui utilise uniquement de la fiente comme engrais pour produire de la tomate sur une superficie donnée, sans utiliser de l’herbicide pour désherber son champ et des pesticides pour éloigner les insectes nuisibles, peut-elle se prévaloir de ce que sa production est bio ? « Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte pour prétendre au bio. Par exemple, pour ce cas-ci, elle peut produire de façon naturelle, mais si son voisin utilise des produits chimiques, il va infester toute sa production. L’eau du barrage, des caniveaux, en provenance d’une zone industrielle, peut polluer son espace. La fiente non seulement ne doit pas provenir d’un élevage qui utilise des produits chimiques, mais doit être compostée avant son utilisation….Une production peut être naturelle sans pour autant avoir une certification bio », explique Souleymane Yougbaré, chargé de certification au Conseil national de l’agriculture biologique (CNABio). A travers ses propos, il est évident que l’agriculture biologique n’est pas encore à la portée de tout le monde.
Il s’agit d’une méthode de production agricole qui vise à respecter les systèmes et cycles naturels, maintenir et améliorer l’état du sol, de l’eau et de l’air, la santé des végétaux et des animaux, ainsi que l’équilibre entre ceux-ci. Le refus d’utiliser des intrants chimiques préserve les sols et les nappes phréatiques. Ce mode de production consomme moins d’eau et d’énergie que l’agriculture dite « conventionnelle ». Les bénéfices de l’agriculture biologique sont multiples en termes de création d’activités et d’emplois, tout en préservant la qualité des sols, la biodiversité, la qualité de l’air et de l’eau… et bien sûr, la santé des consommateurs.
L’agriculture biologique est présente au Burkina Faso depuis plus d’une vingtaine d’années, mais elle est principalement destinée au marché de l’exportation. Les coûts élevés de la certification par tierce et la taille du marché intérieur n’encouragent pas toujours les opérateurs à faire certifier les produits destinés au marché national. « Au début, oui. On a même fait une étude qui a démontré que ce sont les expatriés qui consommaient le bio et certains Burkinabè avec de revenus importants. Mais de nos jours, le Burkinabè moyen mange bio, parce que les gens ont compris qu’ils payent peut-être cher l’aliment, mais ils économisent dans les soins et vivent longtemps », rassure M. Yougbaré.
Etabli en 2013, le label BioSPG (Bio selon le Système participatif de garantie) du Burkina Faso est l’un des premiers labels bio nationaux en Afrique de l’Ouest. Le SPG est un système de certification biologique alternatif, adapté au contexte local et peu coûteux. Il repose sur des outils et des normes d’agriculture biologique rigoureuses, qui intègrent tous les acteurs du cycle: les producteurs, les transformateurs, les transporteurs, les distributeurs, les consommateurs et les associations et ONG d’appui. Son champ d’action porte sur les denrées agricoles (céréales, maraîchages, fruits et légumes) et les produits forestiers non ligneux (PFNL). Chaque producteur/transformateur qui souhaite mettre des produits agricoles sur le marché local, avec le label bio portant la marque SPG au Burkina Faso, doit appartenir non seulement à une organisation ou structure, membre du CNABio, mais également doit faire partie d’un groupe restreint dénommé «Groupe local de contrôle (GLC)». Comment reconnaitre un produit bio ? Souleymane Yougbaré donne les astuces : « Dans un marché écologique, tout produit certifié doit avoir un label. C’est le premier aspect pour reconnaitre les produits bio. Sur nos marchés habituels, il est difficile de faire la différence, et tant que le commerçant ne précise pas, on ne peut pas savoir. Si cela n’est pas fait, on peut se référer à la nature du produit : en fonction des écorches, on peut imaginer le degré d’utilisation des pesticides, mais cela relève toujours des suppositions. A Ouaga, on dispose d’une dizaine de points de vente de produits bio».o
Martin SAMA
Encadré
Fiche synthèse du processus de certification
Conception/ Création (année)
2011-2012 : Réflexion et conception des outils (Norme agriculture biologique et Guide de certification BioSPG,
2013 : Validation de la Norme agriculture biologique et Guide de certification BioSPG ;
Mise en œuvre (année) : 2015 ;
Porteur de l’initiative : Conseil national de l’agriculture biologique (CNABio) ;
Nombre de producteurs certifiés : 864 producteurs, avec plus de 75% de femmes en date de fin juillet 2022;
Produits principaux : Maraîcher-culture, céréales, fruits et produits transformés (Maraîcher-culture, céréales, fruits) ;
La particularité de l’initiative
Portée par une faîtière nationale de l’AE/AB ;
Une diversité d’acteurs certifiés ;
L’implication des consommateurs dans le dispositif d’évaluation SPG ;
Le rôle des producteurs dans l’initiative ?
Maillon central dans le dispositif ;
Suivi quotidien des activités de production (production, tenue de la documentation, etc.) ;
Situation du marché pour les produits PGS
Marché en forte croissance (forte demande des produits par les consommateurs de plus en plus exigeants),
Développement des points de vente (plus d’une dizaine de boutiques seulement que dans la ville de Ouagadougou).o