• 2 coups d’Etat en l’espace de 8 mois
• 8 présidents militaires sur 11
• 7 coups d’Etat en 62 ans d’indépendance
Deux coups d’Etat en l’espace de 8 mois. 7 coups d’’Etat de 1960 à nos jours, cela est de trop pour un pays qui est indépendant à peine 62 ans. Des faits inédits qui méritent de rentrer dans le record Guinness. Cette intrusion répétée des militaires sur la scène politique doit s’arrêter et les bruits de bottes en date du 30 septembre 2022 doit être la dernière.
Le CGD en fait son cheval de bataille
Telle est la conclusion qui résulte du dialogue démocratique initié par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), le 12 octobre 2022, avec pour thème principal : « Phase II de la Transition, que faire ? ». Le constitutionnaliste, Djibrina Ouédraogo, déplore cette intrusion permanente des militaires sur la scène politique. Il note que cette entorse à la démocratie est à l’origine de la suspension de la Constitution à 3 reprises, conséquence, dit-il, elle a perdu sa sacralité. Pour l’administrateur civil, Kalifara Séré, l’armée doit cesser de servir de « bras long » aux politiciens qui l’instrumentalise.
Le Pr Augustin Loada a abondé dans le même sens, en signifiant que le rôle de l’armée n’est pas de s’accaparer du pouvoir politique, mais plutôt d’être sous ses ordres et de garantir la défense du pays. Enseignant en Droit constitutionnel, il a émis le vœu de voir l’adoption d’une loi qui va criminaliser les putschs. Pour lui, seule la voie démocratique qui favorise l’expression plurielle doit prévaloir. Pour décourager toute tentative de prise de pouvoir par les militaires, les panélistes souhaitent qu’on n’accorde plus le statut d’ancien chef de l’Etat aux régimes issus des putschs. L’ancien ministre sous la Transition de 2015, Augustin Loada, a aussi tiré à boulets rouges sur les hommes politiques. Lui-même, président d’un parti politique, a invité ses collègues à un sursaut patriotique et à un dépassement de soi pour privilégier l’intérêt des Burkinabè. « Le Burkina Faso a besoin des hommes politiques responsables », martèle-t-il. Pour que ce souhait se matérialise, il recommande l’adoption d’un Code d’éthique des dirigeants.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré
Présidents civils depuis 1960
Sur 11 présidents du Faso, le pays des Hommes intègres en compte 3 civils (Maurice Yaméogo, Roch Marc Christian Kaboré et Michel Kafando) et 8 militaires (Général Sangoulé Lamizana,Colonel Saye Zerbo, Commandant Jean-Baptiste Ouédraogo, Capitaine Thomas Sankara, Capitaine Blaise Compaoré, Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida, Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et le Capitaine Ibrahim Traoré). Autre fait anodin, sur les 3 présidents civils, un seul d’entre eux a pu terminer son mandat jusqu’à la fin. C’était le mandat du président de la Transition, Michel Kafando, même là encore, le coup d’Etat du Général Gilbert Diendéré, le 16 septembre 2015, a failli l’emporter.