• La quiétude du ciel suspendue à l’issue des négociations
• Une nouvelle grève sera lourde de conséquences
Il y a trois semaines, les aiguilleurs du ciel ont mis à exécution leur préavis de grève, clouant passagers et compagnies aériennes au sol. Il ne tient qu’aux conclusions du comité ministériel convoqué en urgence pour ce 17 octobre 2022, pour que ce beau monde ne revive le calvaire du 23 septembre.
Le comité ministériel a la lourde charge de jouer au médiateur dans cette crise qui oppose les contrôleurs aériens à la Direction générale de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique de l’Ouest (ASECNA). Suite à la grève du 23 septembre, des négociations sous la médiation des autorités sénégalaises avaient été entamées pour trouver un consensus. Sur les 19 points de revendications, 12 avaient fait l’objet d’un accord entre la Direction et les syndicats, les 7 autres points devraient être soumis au prochain Conseil d’administration de l’ASECNA pour validation. Les syndicats, quant à eux, devaient se présenter à leurs mandants. C’était donc sur ces entrefaites que les syndicats avaient décidé de suspendre leur mouvement pour 10 jours, à compter du 24 septembre 2022. Cette suspension a été prorogée en attendant l’issue de la rencontre du comité ministériel extraordinaire.
Cependant, le 10 octobre 2022, le Bureau exécutif (BEU) de l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’ASECNA (USYCAA) s’est fendu d’un communiqué dans lequel, les aiguilleurs du ciel accusent l’administration de l’ASECNA de prendre des mesures de rétorsion contre ses membres. Le communiqué cite, entre autres, des griefs tels que : « le gel sans explication des congés annuels, les invectives verbales, les suspensions non écrites de plusieurs contrôleurs aériens, les pesanteurs administratives dans le traitement des dossiers administratifs (couverture sociale, souscription aux prêts…) ».
La Direction générale de l’ASECNA n’avait pas encore démenti ses accusations au moment où nous bouclions cette édition.
En rappel, la grève du 22 septembre avait été déclarée illégale par certains tribunaux des 17 pays membres de l’ASECNA. Ils avaient déclaré la grève illégale, ce qui a amené la Direction générale à prendre un certain nombre de mesures pour maintenir le service minimum dans certains aéroports. Ces mesures avaient d’ailleurs été décriées par les syndicats au niveau international comme mettant en danger la sécurité aérienne au regard de la qualité des personnes réquisitionnées à cet effet.
Secteur très sensible, les perturbations dans l’aérien sont souvent lourdes de conséquences. Selon nos informations, rien qu’a Ouagadougou, le manque à gagner tournerait entre 1 et 2 milliards FCFA. A cela, il faudrait ajouter les prises en charge des passagers bloqués en transit et les éventuelles annulations de vols.
Le fret aérien est également touché en cas de grève, posant des problèmes d’approvisionnement pour certains secteurs. La réunion de crise de cette semaine est donc décisive pour les acteurs du secteur.o
JB
Encadré
Synthèse des revendications des contrôleurs de la circulation aérienne
1- Indexation de la prime de licence à l’échelle 7 de la catégorie C et calculée avec la VPI moyenne;
2- Revalorisation de la prime de licence par la prise en compte des responsabilités induites par le guidage radar;
3- Reversement de tous les contrôleurs aériens sans exception dans la même catégorie G1 dans le système de rémunération à venir;
4- Non-forfaitisation des heures supplémentaires sans la résorption du sous-effectif;
5- Retour au choix de l’Angleterre comme destination arrêtée en mai 2019 par la Direction générale pour les immersions en Anglais, ainsi que l’augmentation de la fréquence des cours d’Anglais sur site ;
6- Reclassement en C des contrôleurs aériens CCA-P, après la formation en Route, conformément au Règlement N°3 et aux résolutions de la réunion de l›OCCN (Lomé 2010) et gestion des effets pervers induits par celui-ci ;
7- Réforme du plan de carrière des contrôleurs aériens à l›ASECNA ;
8- Reprise des commissions mixtes de qualifications des ATCOs;
9- Révision de l’annexe relative au dialogue social, afin de préserver les droits légitimes des organisations syndicales;
10- Rétablissement sans délai de la prime de licence des collègues en formation à l’EAMAC;
11- Reprise des échanges avec les contrôleurs;
12- Reprise des vols en cockpit;
13- Etablissement d’un nombre raisonnable de stages ATM;
14- Retour des stages en facteurs humains;
15- Correction des effets pervers engendrés par le reclassement de A vers B ;
16- Résorption du sous-effectif dans les centres ATS;
17- Retour de la semaine ATC ;
18- Application de la disposition 2.4 de la résolution N° 2014 CA 128-11 relative à la perte de licence en cas d’affectation pour les instructeurs contrôleurs de l’EAMAC ;
19- Revalorisation des heures de nuit.o