A la UneDossier

Perspectives économiques de la BCEAO: les tendances à moyen terme

La BCEAO a publié, le 29 septembre 2022, le rapport sur la politique monétaire de l’Umoa. Ce document passe en revue les principales évolutions de la conjoncture économique régionale, ainsi que les facteurs de risque pouvant affecter les perspectives à moyen terme d’inflation et de croissance économique dans l’Union. Ainsi, on y voit la poursuite de la reprise de l’activité économique au deuxième trimestre 2022, avec une progression de 5,7% du PIB en volume, sur un an, après une réalisation de 5,6% au trimestre précédent. Globalement, la croissance dans l’Union devrait ressortir à 5,8% en 2022 et à 7,0% en 2023. Voici les tendances des grands agrégats de la macro-économie de la zone UEMOA.

Rebond de la production céréalière
Après une saison 2021/2022 marquée par une baisse importante de la production céréalière (-13,3%), les prévisions saisonnières agro-hydro-climatiques réalisées pour la prochaine campagne 2022/2023 par le Centre régional AGRHYMET annoncent, pour les pays des zones soudanienne et sahélienne, des quantités de précipitations supérieures aux moyennes, un démarrage précoce et une fin tardive de la saison des pluies, avec des séquences sèches courtes.
Des conditions climatiques favorables devraient soutenir un rebond de la production céréalière, après la baisse exceptionnelle enregistrée l’année précédente, du fait de mauvaises conditions pluviométriques. Cependant, la baisse des superficies emblavées du fait de l’insécurité et son corollaire de mouvement des populations, ainsi que la hausse du prix des engrais et les difficultés liées à leur disponibilité pourraient contraindre le potentiel productif et réduire l’effet bénéfique des conditions climatiques favorables sur la production. La production céréalière au cours de la campagne 2022/2023 connaîtrait donc une augmentation de 5%.

L’économie portée par l’industrie en 2023

La croissance économique de l’Union, en termes réels, s’établirait à 5,8% en 2022 et 7,0% en 2023, portée, notamment, par la progression de l’activité dans le secteur secondaire, en raison de la poursuite des projets de construction et de renforcement des infrastructures socioéconomiques de base dans la plupart des États membres de la Zone. Les performances au niveau du secteur tertiaire contribueraient également à cette évolution. Pour l’année 2023, en particulier, l’accélération de la croissance économique résulterait de l’exploitation pétrolière au Sénégal, des exportations de pétrole brut du Niger via le Bénin et de la consolidation de l’activité de raffinage de pétrole.
Comparativement aux prévisions communiquées en juin 2022, les perspectives de croissance de l’UEMOA ont été réduites en lien avec les performances moindres qu’attendu précédemment au Bénin. Globalement, la croissance économique au cours de la période 2022-2023 serait portée par le secteur tertiaire.
Ces perspectives de croissance restent entourées de risques baissiers importants, liés, notamment, à la situation sécuritaire et sociopolitique dans la sous-région et à l’évolution des prix des matières premières, notamment, des hydrocarbures et des engrais. Ces risques ont également trait aux conditions météorologiques et à la hausse des coûts de production dans les pays de l’UEMOA (+24,7% sur les six premiers mois de 2022 au Sénégal et +14,2% sur les cinq premiers mois en Côte d’Ivoire) qui pourraient limiter l’offre dans l’Union.

Consommation : la baisse des prix prévue pour le second trimestre 2024
La baisse des prix n’est pas pour bientôt. Selon le rapport de politique monétaire, il faut patienter jusqu’au deuxième trimestre 2024, pour voir le taux d’inflation retourner dans la zone de confort (entre 1% et 3%). En attendant, la BCEAO, dans son rapport, affirme que le Burkina a le plus fort taux d’inflation dans la zone (16,1%). Pour le troisième trimestre 2022, le taux d’inflation devrait atteindre 8,1%, après 7 % au trimestre précédent. Le maintien des tensions inflationnistes à un niveau élevé serait lié aux répercussions de la poursuite de la hausse des cours mondiaux des produits pétroliers et alimentaires, ainsi qu’à l’impact de la période de soudure dans les pays sahéliens. La persistance de la hausse des cours mondiaux du pétrole brut se traduirait par un renchérissement des prix à la pompe. Déjà, les prix des carburants ont été revus à la hausse en juillet 2022 au Togo (+12,0% pour le super et +28,8% pour le gasoil) et en août 2022 au Niger (+24,2% pour le gasoil) ainsi qu’au Burkina (+4,6% pour le gasoil).
A partir du quatrième trimestre, cependant, les tensions inflationnistes dans la région devraient s’atténuer. Le taux d’inflation baisserait au quatrième trimestre 2022 à 7 %, en raison, notamment, des effets de base, l’inflation ayant connu une accélération au quatrième trimestre 2021, conjugués à une hausse attendue de la production de la campagne agricole 2022/2023. L’arrivée des premières récoltes de la campagne 2022/2023 qui s’annonce meilleure que la précédente devrait accroître l’offre de produits alimentaires locaux sur les marchés.

+15% de la masse monétaire en 2023
En 2022, la masse monétaire ressortirait en hausse de 14%, après une réalisation de 16,3% en 2021, portée à la fois par les créances intérieures et les actifs extérieurs nets. Les créances sur l’économie maintiendraient un rythme de croissance soutenu (10,3%) et les créances nettes des institutions de dépôt sur l’Administration centrale augmenteraient de 2.940 milliards en lien avec le recours des États au marché intérieur pour le financement de leurs déficits. Les réserves de change de la Banque centrale se renforceraient pour se situer à 14.200,8 milliards correspondant à un taux de couverture de l’émission monétaire de 76%.
En 2023, la progression de la masse monétaire s’établirait à 15,7%, induite par l’évolution des créances sur l’économie (11,3%) et la consolidation de 1.024,3 milliards des actifs extérieurs nets (AEN). Le niveau des réserves se renforcerait pour se chiffrer à 15.064,1 milliards en 2023. Le taux de couverture de l’émission monétaire ressortirait à 74,5%.
NK

 

Encadré

La liquidité bancaire s’est dégradée

Au cours du deuxième trimestre 2022, la liquidité propre des banques de l’UEMOA, définie comme la trésorerie des banques hors refinancement de la BCEAO, s’est dégradée de 913,7 milliards pour se situer à -3.608,9 milliards à fin juin 2022. Cette évolution résulte de l’incidence négative de l’ensemble des facteurs autonomes. Les retraits nets de billets aux guichets des banques ont eu un effet baissier de 115,1 milliards. Le solde des transferts reçus de l’extérieur a eu un impact négatif de 469,7 milliards et le solde des opérations avec les Trésors et des autres facteurs nets a affecté la liquidité propre de -328,9 milliards.
Sur la même période, les banques ont accru de 574,3 milliards leurs recours au refinancement de la Banque centrale. Cette évolution est observée à la fois sur les guichets de longues et courtes maturités, à savoir 334,4 milliards sur le guichet hebdomadaire, 91,1 milliards sur le guichet mensuel, 140,7 milliards sur le guichet de relance d’une maturité de 6 mois et 8,1 milliards sur le guichet de soutien et de résilience d’une maturité de 12 mois.
L’encours du refinancement accordé par la BCEAO aux banques est ainsi passé de 6.066,3 milliards à fin mars 2022 à 6.640,6 milliards à fin juin 2022. En ligne avec ces évolutions, la liquidité bancaire s’est réduite de 339,4 milliards pour s’établir à 3.031,7 milliards à fin juin 2022. 

Commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page