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Mouton de Tabaski 2022: les bonnes affaires restent à parfaire

Yacouba Sawadogo, au milieu de ses animaux qu’il n’a pas pu écouler pour la fête. (DR)
Pour le trésorier du marché de Kilwin, Boukaré Zongo, l’alimentation des animaux coûte parfois plus cher que celle des humains, faisant grimper ainsi les prix. (DR)

Marché de bétail de Kilwin, marché de bétail de Kamboinsin, marché de bétail de Tanghin. Il était difficile de se frayer un passage entre le 07 et le 08 juillet 2022 au niveau de ces marchés situés aux abords de routes nationales ou au centre-ville, dans les Arrondissements 03 et 04 de la ville de Ouagadougou.
A la veille de la fête de Tabaski où l’immolation d’un bélier est recommandée, les musulmans ont pris d’assaut ces points de vente pour satisfaire cette obligation religieuse.

De nombreux moutons attendent toujours preneurs dans les différents marchés, comme ici à Tanghin. (DR)

La fièvre semblait complètement baissée le mercredi 13 juillet 2022, car la période impartie (le jour de la fête samedi 09 juillet, les trois jours suivants ou Tachriq correspondant au dimanche 10, lundi 11 et mardi 12) pour honorer la recommandation était consommée. L’heure est donc au bilan et le moins que l’on puisse dire, c’est que les affaires n’ont pas été mauvaises sur toute la ligne. « Le marché n’a pas été bon », affirme Yacouba Sawadogo, président des revendeurs du marché de Tanghin. « On en a vendu mais il en reste beaucoup », nuance André Bonkoungou, son homologue de Kamboinsin. Tandis qu’à Kilwin, le trésorier du marché se réjouit, car « ce qui est parti dépasse ce qui reste ».
Les causes de cette mévente, si mévente il y a, il faut les chercher dans plusieurs facteurs. « Le sac de tourteaux qu’on payait à 3.000 FCFA nous est vendu maintenant à 7.500, 15.000, voire 16.000 FCFA par endroits et la quantité même a été diminuée. Le plat de son de maïs qu’on avait à 100 FCFA est passé à 200, 250 et 300 FCFA. Le sac de l’herbe est à 1.000 FCFA », énumère le responsable du marché de Kamboinsin, pour expliquer la difficulté que les éleveurs rencontrent pour nourrir convenablement leurs animaux.
Prenant à témoins ses collègues, il désigne des moutons qu’ils revendaient à 20.000 et 80.000 FCFA l’année passée et qui ont été achetés par eux-mêmes revendeurs à 35.000 et 100.000 FCFA cette année. A Kilwin, sans pour autant renier l’inflation du prix de l’alimentation du bétail qui se répercute sur le prix de revient des béliers, on ne pense pas que les coûts soient la principale cause de la réfraction des clients. « Les gens ont plus de problèmes cette année, sinon les prix n’ont pas fondamentalement changé. Ici, par exemple, nos moutons vont de 30.000 à 200.000 FCFA.
Donc, il y en avait pour toutes les bourses», a-t-on dit. « A cause de l’insécurité, on craignait une pénurie, mais les animaux étaient disponibles, car il y a beaucoup d’élevage parallèle qui a pu combler le vide. Seulement, avec les nombreux déplacés internes, la priorité de ceux qui travaillent c’est de s’occuper de ceux qui ne travaillent plus », explique davantage Yacouba Sawadogo. Lui particulièrement a vu rouge, car non seulement il n’a pas pu tout vendre, mais le peu de bêtes qui a trouvé preneurs l’a été en deçà de ses attentes.
« En moyenne, j’écoule 120 têtes pour la fête, mais cette année, je n’ai eu que 80 têtes et il me reste une vingtaine. Celles que j’ai vendues l’ont été à perte, parce que les clients proposaient moins de 25 000 à 75 000 de mes prix d’achat. J’ai perdu près d’un million pour limiter la casse, car garder les animaux occasionnerait encore plus de dépenses», indique-t-il. Les principaux points d’approvisionnement de ces marchés sont dans les régions du Nord, du Centre-Nord, du Sahel et de l’Est. A cause de l’insécurité qui touche toutes ces zones, le système d’approvisionnement a été déréglé. « On peut faire deux marchés sans avoir vingt têtes.

Ce mouton qui se vendait à 20 000 l’année passée a été acheté par les revendeurs à 35 000 cette année. (DR)

Les éleveurs ont des difficultés pour convoyer les animaux vers les marchés », regrettent les revendeurs. Ce dérèglement a occasionné ainsi l’arrivée de nouveaux acteurs sur le terrain : les éleveurs aux alentours des grandes villes. « Ces revendeurs occasionnels sont chers. Beaucoup sont déjà des salariés et fixent leur prix comme ils veulent. Quand on arrive chez eux, ou tu payes ou tu laisses. Ils sont seuls dans leur coin, donc pas de concurrence», se plaint Boukaré Zongo. Contrairement à la perception populaire, pour lui, les coûts au niveau des marchés sont les plus bas à cause de la concurrence.
Martin SAMA

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