Une activité économique morose. C’est le qualificatif qui ressort pour le premier trimestre de l’année, comparativement au 4e trimestre 2021. Le contexte sociopolitique difficile marqué par le changement de régime est-il responsable à lui seul de cette contreperformance qui ressort des comptes nationaux du premier trimestre en juin 2022 ?
Selon le document publié par l’INSD, la baisse des performances a été ressentie le plus au niveau du secteur secondaire de notre économie. Les activités liées à la transformation ont ainsi connu une baisse de -8,6%. De quelles activités parle-t-on au juste ?
L’extraction chute de 10,3% au premier trimestre 2022
Après avoir légèrement replié au quatrième trimestre 2021 (-0,2%), la valeur ajoutée des activités extractives recule fortement. Cette baisse est entièrement imputable à la baisse des quantités d’or produites qui sont passées de 16,733 tonnes au quatrième trimestre 2021 à 15,002 tonnes au premier trimestre 2022. Ce niveau de production trimestrielle des sociétés minières est le plus bas depuis les huit derniers trimestres. Elle est consécutive à plusieurs facteurs difficiles qu’ont rencontrés les mines. « D’abord, en janvier 2022, il y a eu l’attaque de la mine de Ouaré qui appartient au groupe Avesoro, un évènement qui a causé l’arrêt de la mine de Youga elle-même, puisque c’en était une extension. Donc, ça veut dire que Youga qui a produit en 2021, pour l’instant, ne produit pas. Ensuite, on a connu malheureusement l’incident avec la mine de Taparko et la mine a suspendu ses opérations jusqu’à nouvel ordre. Du côté de l’extraction du zinc, on a eu l’incident malheureux de Perkoa. Avec tous ces évènements, le secteur de l’extraction a connu un repli de -10,3% », a expliqué Adama Soro, président de la Chambre des mines, au Café de L’Economiste du Faso.
En plus du secteur minier, la branche BTP est aussi contreperformante sur deux trimestres consécutifs, avec une chute plus prononcée au premier trimestre 2022. La chute des activités des bâtiments et des travaux publics (BTP) est ressortie à -18,9%. Principale raison invoquée dans le rapport des comptes nationaux, le changement de régime qui a affecté la sous-branche de génie civil (construction de routes, ponts, chaussées, etc.). En effet, on note, au premier trimestre 2022, une baisse exceptionnelle des investissements publics (-67,5%), constitués essentiellement des travaux publics (génie civil).
-22,1% pour les activités de transport
Le secteur secondaire n’est pas le seul responsable de la morosité de l’économie au premier trimestre de l’année. Le secteur des services marchands connait lui aussi des baisses dans plusieurs de ses branches d’activités dans un contexte de transition politique interne conjuguée à une crise inflationniste mondiale et à la guerre en Ukraine. La baisse est beaucoup plus prononcée dans les activités de transport et entreposage (-22,1%).
Cette baisse des activités de transport est expliquée, d’une part, par la baisse de la production des biens du secteur secondaire, et d’autre part, par la baisse du volume des échanges de marchandises avec l’extérieur. Si l’on analyse les statistiques du commerce extérieur, celles de biens fait ressortir une baisse globale des quantités importées de 2,4% au premier trimestre 2022. De plus, l’or qui représente 67,1% de la valeur des exportations totales du premier trimestre 2022 a également connu une baisse des quantités produites de 10,3%, ce qui contribue à baisser le volume des biens transportés.
A cela, on peut ajouter l’amplification de la situation sécuritaire qui a contribué à la baisse du transport des personnes. Autre conséquence, le volume de ventes des marchandises marque un repli de 0,1% au premier trimestre 2022, par rapport au trimestre précédent. Ce léger recul peut être expliqué par la résultante des mêmes facteurs ayant entrainé la chute de la branche de transport et entreposage (baisse de la production des biens du secondaire et du volume des échanges avec l’extérieur).
Les autres branches du secteur tertiaire marchand ayant enregistré des baisses importantes de leur valeur ajoutée sont les services d’hébergement et de restauration (-11,7%) et les services d’information et de communication (-10,6%).o
NK