La drogue est aujourd’hui l’une des principales sources de financement des terroristes au Burkina Faso. Selon le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, le Colonel-Major Omer Bationo, l’argent engrangé à partir de la vente de drogue permet aux terroristes de s’approvisionner en armes, en carburant et de recruter de nouveaux terroristes pour mener leur sale besogne. D’où l’intérêt du thème de la rencontre avec les médias : « Assèchement des sources de financement du terrorisme : quelle part contributive de lutte contre la drogue ». Ce thème a été développé par le ministre en charge de la sécurité, le 26 juin 2022 à Ouagadougou.
Une lutte acharnée contre les circuits d’approvisionnement
Les militaires au pouvoir veulent assécher les sources de financement du terrorisme en luttant efficacement contre la drogue. Selon l’ancien chef de corps du régiment de sécurité présidentielle, cette lutte passe par la dotation du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD) de moyens juridiques et financiers conséquents. Le gouvernement va permettre au Secrétariat permanent du CNLD de se doter d’une stratégie nationale, de référentiels et de pistes d’actions. Mieux, le CNLD va changer de statut et passer de « Comité » en « Conseil » pour plus d’efficacité. Peiné de savoir que le budget total du CNLD est de 58 millions FCFA, le ministre a jugé ce montant dérisoire et inadmissible ; car, dit-il, cela ne suffit même pas pour le fonctionnement administratif du CNLD. Il a promis que dans les mois à venir, cette somme sera revue à la hausse.
Transit de la drogue : Amérique latine-Burkina Faso-Europe
L’officier supérieur a souligné que les circuits d’approvisionnement étaient multiples et multiformes. Le Burkina Faso est depuis quelques années, un pays de transit de la drogue vers l’Europe. Cette drogue provient essentiellement de l’Amérique latine. Pour faire entrer ce produit illicite sur le sol burkinabè, toutes les stratégies et les manèges sont utilisés par les narcotrafiquants. Ils font venir la drogue par voie terrestre, ferroviaire et aérienne. Pour étayer ses propos, le ministre a rappelé cet avion-cargo en provenance de la Colombie, qui avait été contraint d’abandonner sa cargaison de drogue dans le désert malien. Il note que le circuit de la drogue est complexe et vaste. Le Secrétaire permanant du CNLD, le Contrôleur général de police, Franck Elvis Compaoré, a révélé que la drogue dure (cocaïne, héroïne…) provenait de l’Amérique latine, traversait l’Afrique pour se retrouver en Europe. Le continent africain est un continent de transit, parce qu’il n’a pas les capacités nécessaires dans le contrôle comme en Europe, qui est dotée de moyens sophistiques. Les narcotrafiquants profitent de la porosité des frontières en Afrique. « L’Afrique est une véritable passoire », dit-il.
De la drogue saisie dans des béquilles et boucle-d’ oreilles
A propos de voie aérienne, Franck Elvis Compaoré a fait des révélations sur le mode opératoire, à savoir que les narcotrafiquants font passer par voie aérienne la drogue en petite quantité. Comme exemple, il a cité le dernier cas à l’aéroport de Ouagadougou, où de la cocaïne a été saisie dans des béquilles et dans des boucle-d’oreilles de la gent féminine. Il précise que le Burkina Faso, en plus d’être un pays de transit, est aussi un pays de consommation de la drogue. Les terroristes font circuler la drogue dans le corridor des 3 frontières : Burkina Faso-Mali-Niger. Aussi, le CNLD dit retrouver des traces du circuit de la drogue à l’intérieur du pays.
RD
Encadré 1
122,817 tonnes de drogues saisies
En matière de répression, les services opérationnels ont saisi 122,817 tonnes de drogues et déféré 313 personnes devant les Parquets. 685 personnes ont fait l’objet d’une prise en charge sanitaire, 115 personnes ont fait l’objet d’une réinsertion sociale.
Encadré 2
Internat, attention, la drogue circule !
Selon le Secrétaire permanent du CNLD, toutes les contrées du Burkina Faso sont touchées par le fléau de la drogue. Elle affecte toutes les écoles du pays. Le CNLD dit regretter que déjà en classe de CE1, les enfants connaissent le cannabis. Pire, les internats sont en train de devenir de véritables lieux de consommation et de vente de la drogue, fait savoir Franck Elvis Compaoré. La plupart des quartiers de Ouagadougou hébergent des fumoirs. Sur le cas de la vente de la drogue dans les établissements, le ministre a invité le gouverneur de la région du Centre à déguerpir les débits de boisson des alentours.