Les prévisions d’inflation dans la zone UEMOA montre qu’il faut attendre le dernier trimestre de l’année pour constater une baisse du taux d’inflation. Prévu pour s’établir à plus de 6% au 3e trimestre de cette année, le taux d’inflation s’établirait entre 4,4 et 5,3% pour le dernier trimestre de l’année. Ces prévisions tiennent compte de trois hypothèses dressées (basse-centrale-haute) par le comité de politique monétaire de la Banque centrale, dont le rapport a été publié le 20 juin 2022. Par soucis d’équilibre, nous nous sommes intéressés au scénario central.
Pour le 3e trimestre de l’année qui débute (juillet à septembre), la Banque centrale prévoit une accélération de l’inflation. Les risques entourant les prévisions de l’inflation sont globalement haussiers. Ils ont trait, notamment, à l’extension des zones d’insécurité qui pourraient affecter les capacités de production, avec notamment, des déplacements des populations dans les zones concernées, ainsi que des perturbations des circuits de commercialisation des produits alimentaires. L’aggravation des crises sécuritaires dans la zone de l’Union perturbera davantage les circuits de distribution, notamment, celui des produits alimentaires.
Ils ont également trait à l’aggravation des crises géopolitiques, notamment, le conflit russo-ukrainien, qui pourrait entraîner une accélération de la hausse des prix des produits pétroliers et alimentaires importés. En effet, la Commission de bancaire a observé des tensions sur les cours de certains produits alimentaires importés (blé, sucre, huile) qui se répercutent sur les prix domestiques dans les pays de l’Union. Sans oublier la persistance de la hausse des cours mondiaux du pétrole brut, exacerbée par la crise russo-ukrainienne. Les prix des carburants ont déjà été revus à la hausse en avril 2022 en Côte d’Ivoire (+9,4% pour le super) et en mai 2022 au Burkina (+16,3% pour le super) et au Togo (+5% pour le super et +9,1% pour le gasoil). La Commission bancaire avertit que des relèvements de prix seraient également probables dans les autres pays, en l’absence de marges de manœuvre budgétaire.
« Par ailleurs, l’accentuation de l’accroissement des exportations de produits vivriers en direction des autres pays de la CEDEAO, notamment, le Nigeria et le Ghana, contribuerait au renchérissement des denrées alimentaires dans la Zone », peut-on lire dans le rapport produit par la BCEAO.
Ainsi, pour le scénario central, le taux d’inflation est projeté à 7,1% au deuxième trimestre 2022, après une réalisation de 6,4% au premier trimestre 2022. Le taux d’inflation devrait rester à un niveau élevé au troisième trimestre (+6,6%), avant de décroître sensiblement au quatrième trimestre (+4,9%). La forte décélération attendue au quatrième trimestre 2022 serait liée à des effets de base, l’inflation ayant connu une accélération au quatrième trimestre 2021, conjugués à une hausse attendue de la production de la prochaine campagne agricole 2022/2023. Au premier trimestre 2024, le taux d’inflation se situerait à 2,5%, soit dans l’intervalle de cible de 1,0% à 3,0%, défini pour la mise en œuvre de la politique monétaire de l’Union. La décélération de l’inflation sera essentiellement imprimée par la détente des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers projetée à cet horizon.
NK
Encadré
La hausse des prix de l’UEMOA tirée par l’inflation au Burkina
Selon l’INSD, l’indice harmonisé des prix à la consommation de mai 2022 au Burkina Faso est en hausse de 1,9% par rapport à avril 2022. Comparé à mai 2021, les prix augmentent de 15,3%. Une hausse des prix principalement liée à l’augmentation des prix des produits pétroliers, des produits alimentaires, et des combustibles solides.
En effet, l’analyse de la contribution à la hausse du niveau général des prix entre avril et mai 2022 indique que les principaux produits ayant induit la hausse de l’IHPC sont l’essence super, le gasoil, le mélange 2 temps, les céréales que sont le maïs blanc et le riz, les légumes frais, notamment, la tomate, les huiles, en particulier, l’huile de coton ainsi que le bois de chauffe. A eux seuls, ces produits contribuent à hauteur de plus de 70% à la hausse des prix.
L’analyse pays laisse apparaître qu’une accélération de l’inflation a été notée dans tous les pays de l’Union, à l’exception de la Côte d’Ivoire, au cours du premier trimestre 2022. L’accélération du niveau général des prix dans l’Union est essentiellement tirée par l’inflation au Burkina (+10,3%, contre +5,9% le trimestre précédent), au Togo (+8,2%, contre +5,8%), au Mali (+8,2%, contre +6,3%) et au Sénégal (+6,1%, contre +3,3%).
Les tensions sur les prix des céréales sont plus importantes au Togo (+30,3%, contre +21,4%), au Burkina (+29,6%, contre +15,1%), au Mali (+17,2, contre +11,5%) et au Niger (+14,6%, contre +13,5%).
Quant aux tubercules, la progression de leurs prix a atteint 40,9% (contre +17,4% au Burkina), 23,4% (contre +19,9% au Togo) et 19,0% (contre +19,7% au Mali).