La Banque mondiale a organisé une cérémonie de dissémination du « Rapport sur la situation de l’économie au Burkina Faso » le 09 juin 2022 à Ouagadougou, sous la présidence du ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Seglaro Abel Somé. « La production de tels travaux analytiques vise à accompagner les pays dans la formulation de leurs stratégies et politiques publiques et à mieux cibler les axes d’intervention au bénéfice des populations », a précisé Maïmouna Mbow Fam, Représentante-résidente de la Banque mondiale au Burkina Faso. La note sur la situation économique du Burina Faso est d’ailleurs une publication périodique de la Banque mondiale qui met en évidence les tendances économiques récentes et discute de questions de développement pertinentes pour le pays. Elle s’appuie sur les études analytiques existantes et en cours de la Banque mondiale pour présenter et analyser les principaux problèmes économiques et sociaux de l’heure. La mise à jour est destinée au grand public et sert de supports pour contribuer aux discussions entre les décideurs politiques, les acteurs non étatiques, les chercheurs et les citoyens concernant les choix économiques auxquels le pays est confronté.
Trois personnes ont assuré la présentation du rapport édition d’avril 2022 intitulé « Résilience en période d’incertitude : promouvoir les services numériques » : Daniel Pajank et Kodzovi Abalo, respectivement économiste principal et économiste à la Banque mondiale et co-auteur du rapport, et Fatimata Dicko. On peut en retenir que l’économie du Burkina Faso a enregistré une croissance de 7,0% en 2021, après une décélération de 1,9% en 2020, en raison de la Covid-19. Ce rebond de croissance est principalement dû à celui du secteur des services et à des investissements importants dans la production minière, notamment, l’or, de même que dans l’industrie manufacturière. L’économie burkinabè devrait poursuivre sa trajectoire de croissance en 2022 pour s’établir à 4,8% grâce à la consommation privée, un rebond modéré de la production agricole, et la poursuite de bonnes performances du secteur aurifère. Le taux de pauvreté devrait avoir régressé en 2021, bien que le nombre absolu de personnes vivant dans l’extrême pauvreté ne diminue que lentement, en raison de la forte croissance démographique du pays et de la nature des secteurs ayant porté cette croissance. Le rapport analyse l’impact de la pandémie de la Covid-19 et des crises climatiques et sécuritaires sur l’économie burkinabè. Il note que les perspectives à court terme sont soumises à de multiples risques de dégradation, dont la hausse de l’inflation suite à l’augmentation des prix mondiaux, en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Si ces risques s’atténuaient, la croissance devrait s’établir à 5,3% sur la période 2023-2024 et le taux d’extrême pauvreté continuer à baisser à moyen terme, d’environ 1 point de pourcentage par an. Les effets des différentes crises en combinaison avec des défis structurels ont eu un impact négatif sur la sécurité alimentaire et les interdictions d’exportation en réponse aux augmentations de prix des denrées alimentaires pourraient s’avérer inefficaces ou contreproductives. Selon les auteurs, « le gouvernement pourrait envisager des mesures pour reconstituer les stocks alimentaires stratégiques, renforcer les systèmes d’alerte précoce, les rendre plus transparents et prévisibles tout en définissant les modalités de prélèvement, et enfin, renforcer l’aide alimentaire aux plus vulnérables, y compris par une opérationnalisation accélérée du registre social unique ». Ils préconisent également des options politiques pour améliorer les perspectives macro-budgétaires et de pauvreté, des services financiers digitaux, et plus généralement des technologies numériques pour renforcer la résilience économique du pays, et créer de nouvelles opportunités de croissance par des gains de productivité, davantage d’innovation et d’inclusion.
Le Pr Pam Zahonogo, président de l’Université Thomas Sankara, et le Directeur général adjoint de l’économie et de la planification, Kabiogda Larba Issa, ont porté un regard critique sur le rapport. Les échanges entre les participants à la cérémonie de dissémination et les responsables de la Banque mondiale ont porté, entre autres, sur la méthodologie, les services numériques, le coût de la connexion Internet, l’indice de croissance, la dématérialisation des procédures de passation de marchés. La pandémie de Covid-19 a révélé que l’adoption des technologies numériques avait été à l’échelle mondiale, le mécanisme d’adaptation le plus courant pour les entreprises, et celles qui ont ouvert la voie ont, en moyenne, obtenu de biens meilleurs résultats que les entreprises qui ont tardé à s’adapter. « Les services numériques pourraient et devraient être une opportunité pour accroître la résilience de l’économie burkinabè », a indiqué Maïmouna Mbow Fam.
Martin SAMA
Encadré
Promotion de nouveaux secteurs
L’édition d’avril 2022 du rapport se focalise non seulement sur des réformes des finances publiques à même de libérer plus d’espaces budgétaires pour renforcer la délivrance des biens et services aux populations, mais aussi sur la promotion de nouveaux secteurs à même de créer des emplois et de booster la croissance sur la durée, de même que sa résilience et son inclusion. Au titre de ces secteurs, le service numérique, qui est largement discuté dans le rapport, occupe une place centrale.