Depuis un certain temps, on assiste à la recrudescence du phénomène de la disparition des enfants au Burkina Faso. En vue d’apporter une solution et une analyse scientifique sur cette question, l’Institut des sciences des sociétés (INSS) a organisé un séminaire scientifique sous le thème : « Le phénomène de disparition d’enfants au Burkina Faso : causes, solutions, perspectives ». C’était le 31 mai 2022 au siège de l’institut à Ouagadougou. Cette activité avait pour objectif de susciter une réflexion autour de la problématique de ce phénomène au Burkina Faso, afin d’en trouver des solutions. Pour le Directeur de la protection de l’enfant au ministère de la Femme et du Genre, Martin Sanou, en 2021, sur 161 appels reçus, 5 concernaient des enfants égarés, 3 des rapts de filles et 3 des fugues (sources : données de la ligne d’assistance aux enfants). En plus, selon les données de la Direction provinciale en charge de la famille du Kadiogo, au premier trimestre de cette année, 39 enfants égarés ont été reçus, dont 28 remis à leurs familles. Ces statistiques montrent la recrudescence de ce phénomène au pays des Hommes intègres. C’est justement une des motivations de l’organisation de ce séminaire par l’INSS. C’est une activité qui a permis de faire une analyse du phénomène, d’identifier ses causes et de proposer des solutions. Pour le Directeur de l’INSS, Ludovic Kibora, ce séminaire rentre dans le cadre des activités de sa structure pour la présentation des projets et des résultats de recherches des chercheurs.
Causes
A en croire Sabine Somé, chercheuse à l’INSS, l’accentuation de ce phénomène est due à plusieurs raisons. Il s’agit, notamment, de la perte des valeurs familiales, de la solidarité et de la démission des parents face à leurs responsabilités. Aussi, il y a la recrudescence des mines d’or au Burkina, la recrudescence des activités mystiques pour accroître l’or dans les trous et la recrudescence des activités des réseaux des traites et trafics d’enfants.
La mobilisation des autorités dans la lutte contre ce phénomène a permis d’engranger des acquis. Le 30 août a été désigné comme Journée internationale des personnes disparues. En plus, des numéros verts ont été mis en place pour signaler des cas de disparitions. Il y a également une mobilisation citoyenne et des ONG dans cette lutte. En dépit de cela, la disparition des enfants continue de prendre de l’ampleur ces dernières années au Burkina.
Solutions
Pour endiguer le phénomène, les participants ont proposé des solutions. Il s’agit, entre autres, de l’information et de la sensibilisation des populations sur les risques liés à la protection de l’enfant, de la mise en place de mécanismes de signalement et des mesures à prendre pour protéger les enfants.
Djéneba Ouédraogo était l’une des panélistes du séminaire. Elle est, par ailleurs, juge des enfants. Selon elle, pour la prise en charge des enfants des personnes déplacées internes (PDI), l’Etat les enregistre sur le site avec les personnes de sa localité, en attendant de retrouver leurs parents.
L’INSS est spécialisé dans la recherche en sciences sociales et humaines. Il a pour mission de produire, et mettre les connaissances scientifiques sur les phénomènes sociaux et la dynamique des populations au centre des exigences du développement socioéconomique du Burkina Faso. o
TA
Encadré
Encadré : Les perspectives de la lutte
Les participants ont fait quelques propositions en guise de perspectives pour améliorer la lutte contre ce phénomène.
Relecture du programme d’éducation parentale ;
Mobilisation de financement pour la mise en œuvre des stratégies en matière de protection de l’enfant ;
L’information et la sensibilisation du public sur le phénomène, les mécanismes de signalement et les structures de protection existantes ;
Poursuite des actions en faveur des enfants et jeunes en situation de mobilité à risque, de rue et la lutte contre les pires formes de travail ;
Meilleur engagement des acteurs d’éducation et de protection de l’enfant (enseignants, travailleurs, transporteurs, chercheurs…).