Depuis un certain temps, le secteur de la boulangerie-pâtisserie au Burkina Faso traverse d’énormes difficultés. En effet, les prix des matières premières rentrant dans le cadre de la fabrication du pain ont connu une augmentation. Il s’agit, notamment, du prix de la farine du blé qui s’est accru de façon exponentielle. Afin de trouver une solution à cette situation, les acteurs du secteur ont organisé une assemblée générale. Etaient présents à cette rencontre, les membres de la Ligue des jeunes promoteurs de boulangerie et de la Fédération des patrons de boulangerie, pâtisserie et confiserie du Burkina. C’était le 27 avril 2022 à Ouagadougou.
Selon le chargé de mission de la Fédération des patrons de boulangerie, pâtisserie et confiserie du Burkina, Vincent Ouédraogo, de janvier 2021 à avril 2022, le prix de la farine de blé a connu une augmentation. Il est passé de 350.000 FCFA à 500.000 FCFA la tonne pour les farines importées, et de 338.250 FCFA à 450.000 FCFA la tonne pour les farines locales. Il est donc enregistré une hausse de 150.000 FCFA la tonne, soit 42,85% d’augmentation pour les farines importées et 100.000 FCFA la tonne, soit 29,56% de hausse pour les farines locales.
Pour monsieur Ouédraogo, malgré cette hausse constatée sur le prix de la farine du blé, le prix de la baguette de pain reste le même depuis mars 2017 à aujourd’hui. « Nous notons donc une augmentation moyenne de 130.875 FCFA sur la tonne, soit 37,39% de hausse avec un prix de pain à 150 FCFA la baguette de mars 2017 à nos jours », a-t-il dit.
Qu’est-ce qui explique cette hausse ?
A entendre Vincent Ouédraogo, plusieurs facteurs expliquent cette flambée des prix de la farine du blé. En effet, le principal facteur est la guerre entre la Russie et l’Ukraine déclenchée en février 2022. Ces deux pays sont respectivement troisième et cinquième producteur et exportateur de blé. En plus, il y a la baisse du stock mondial de blé causée par la Covid-19 et la mauvaise pluviométrie.
Aux dires de monsieur Ouédraogo, en vue de trouver une solution, ils ont entamé une concertation tripartite entre les acteurs du secteur, le ministère du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises (MDICA-PME) et la Ligue des consommateurs. Cependant, cette initiative n’a pas été un succès. « Nous avons même entrepris de réduire, voire supprimer certaines charges pour compenser le gap. Mais c’est toujours difficile », a-t-il ajouté. Pendant ce temps, déplore-t-il, nous assistons à des fermetures de boulangeries, mettant des centaines d’employés en chômage. Selon le président de la Fédération des patrons de boulangerie, pâtisserie et confiserie du Burkina, Oumar Yugo, sans être exhaustif, la fermeture d’une dizaine de boulangeries a été enregistrée.
Quelle solution adoptée ?
Face à cette situation, les acteurs du secteur ont proposé des solutions. Il s’agit de la baisse des ristournes des clients et des livreurs et de l’élaboration d’un code de bonne conduite soumis à toutes les boulangeries dont l’adoption sera appuyée par un décret.
Ils envisagent de procéder à un réajustement du prix du pain à 200 FCFA pour un poids de 200g en tenant compte du coût de revient dans la structure des prix.
Il est de 189,73 FCFA, soit une marge de 10,27 FCFA par pain, en tenant compte du prix actuel de la farine de blé, conformément à l’article 4 de l’arrêté N°2011-0224/MICA.
Une rencontre est prévue entre les acteurs du secteur de la boulangerie-pâtisserie entre le MDICA-PME afin de trouver une solution à cette crise.o
Issouf TAPSOBA (Collaborateur)
Encadré 1
Le paysage du secteur de la boulangerie-pâtisserie au Burkina
Le pays compte plus de 400 boulangeries modernes avec plus de 1.500 employés directs permanents. A côté de cela, il y a plus de 1.200.000 employés indirects répartis sur toute l’étendue du territoire.
Encadré 2
Fixation des prix : les explications du ministre Tall
« Le pain, la farine de blé, l’huile et le sucre sont des produits de grande consommation et leurs prix sont règlementés. Ils sont régis par un décret de 2011 qui a institué un cadre de consultation tripartite, gouvernement, opérateurs économiques et société civile. C’est ce cadre qui a en charge d’analyser et de proposer éventuellement une révision des prix.
Dans le cas particulier du prix du pain, des concertations se sont tenues du 11 au 25 avril 2022. Toutes les parties prenantes y étaient représentées. A l’issue des concertations, divers scénarios ont été évoqués et seront soumis à l’attention du cadre de concertation pour décision à prendre. Nous sommes donc dans l’attente de la décision», a déclaré Abdoulaye Tall, ministre du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, lors du point de presse du gouvernement, le 28 avril 2022.