Le gouvernement de transition rencontre plusieurs acteurs de la vie sociale pour demander leur accompagnement durant la période de la Transition.
Le couronnement de ces rencontres est intervenu le 12 avril 2022, lorsque le Premier ministre a reçu successivement avec les responsables de l’Unité d’action syndicale (UAS), des syndicats autonomes de travailleurs et du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB). L’accompagnement de la Transition a aussi été demandé à ces acteurs qui se sont préparés pour la rencontre.
Le président de mois de l’UAS, Marcel Zanté, a posé des conditions de l’accompagnement, dont la dynamique du respect des libertés syndicales et des droits des travailleurs. Pour lui, les préoccupations principales de l’UAS tournent autour de l’insécurité et de la vie chère qui sévissent dans notre pays.
Le vice-président du patronat, Seydou Diakité, a emboîté le pas des syndicats. Leur principale attente est la pacification du pays, « parce qu’il n’y a pas de business s’il n’y a pas de stabilité ». Les préoccupations des syndicats et du patronat qui tournent autour de la lutte contre l’insécurité sont complètement en déphasage avec les attentes du gouvernement qui attend d’eux un climat social apaisé.
En contrepartie à ce climat social apaisé pour un accompagnement de la Transition, le Premier ministre a affirmé avoir instruit les ministres de ressortir tous les dossiers pendants, notamment, les protocoles d’accord signés avec les gouvernements précédents, afin de voir comment résoudre les différentes préoccupations.
La mise en œuvre de ces protocoles aura des incidences financières. Plusieurs dizaines de milliards FCFA seront nécessaires pour satisfaire à toutes les protocoles d’accord.
En rappel, les incidences financières dans la mise en œuvre du protocole d’accord signé entre le gouvernement et la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE), d’une part, et avec les syndicats de la Santé, d’autre part, étaient respectivement de 42,689 milliards FCFA et 34,835 milliards FCFA.
Où trouver les ressources pour les protocoles non mis en œuvre dans un contexte difficile ?
L’effet conjugué du contexte sécuritaire et du coup d’Etat du 24 janvier 2022 se répercute sur la mobilisation des recettes internes et externes.
Des réamenagements budgetaires sont en cours et des coupes importantes ont été faites sur les budgets de fonctionnement et d’investissement.
Pour ne rien arranger, 02 mines ont annoncé la fermeture de leur site. Sur le plan social, l’impact de ces fermetures sur les revenus de près de 1.500 travailleurs directs et les nombreux travailleurs indirects provenant des fournisseurs de biens et services est indescriptible. Sur le plan économique, outre le manque à gagner en termes d’impôts et de taxes que ces sociétés ne paieront plus aux budgets national et locaux, les travailleurs ne paieront plus l’Impôt sur les traitements et salaires (IUTS).
L’information sur ces fermetures est un mauvais signal envoyé aux autres investisseurs qui hésitent à investir au Burkina Faso en ces temps d’incertitude. L’avènement du coup d’Etat a aussi engendré une méfiance de plusieurs partenaires qui ont soit suspendu leur aide au Burkina Faso, soit exigé des garanties avant de débloquer des sous. Les Etats-Unis ont complètement mis fin au MCA, faisant perdre au Burkina Faso plus de 600 milliards FCFA. Plusieurs localités se voient ainsi privées de l’électricité à cause de cette mesure. Le FMI conditionne les futures aides à une maîtrise de la masse salariale. Plusieurs partenaires du Burkina Faso sont accrochés au FMI pour débloquer leur aide. Si toutes ces aides étrangères étaient injectées dans le pays, elles allaient créer une valeur ajoutée en termes d’emplois et de taxes pour le budget national.
Les promesses d’examen des protocoles d’accord avec les syndicats interviennent dans un contexte de morosité économique. La crise alimentaire et la cherté de la vie réduisent le pouvoir d’achat des citoyens.
En attendant d’en savoir plus sur l’évaluation financière des dépenses de la Transition et des sources de financement, les dépenses liées à la lutte contre l’insécurité et la réponse à la crise humanitaire qui en découle nécessitent d’importantes sommes d’argent. Ce sont d’ailleurs les priorités de la Transition. A côté de ces dépenses, le gouvernement doit poursuivre certaines dépenses sociales et le développement des infrastructures. En plus de toutes ces dépenses, peut-il dans ce contexte prioriser l’application des protocoles d’accord avec les partenaires sociaux ? Wait and see.
E K
Encadré
Des syndicats sollicités pour accompagner la Transition
Plusieurs ministères ont organisé des rencontres avec les syndicats de leur département pour demander leur accompagnement.
Le 8 avril 2022, une rencontre a eu lieu entre les ministres chargés de la Fonction publique, Bassolma Bazié, et de l’Education nationale, Lionel Bilgo, d’une part, les organisations syndicales non affiliées à l’Unité d’action syndicale (UAS), d’autre part. Au cours de cette rencontre, le ministre chargé de l’Education nationale a invité les partenaires sociaux à accompagner le gouvernement, surtout dans un contexte marqué par une situation sécuritaire difficile.
Toujours le 8 avril 2022, la ministre des Affaires étrangères, Olivia R. Rouamba, a rencontré le Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE). Au cours de la rencontre, la ministre a demandé l’accompagnement du bureau du syndicat et de l’ensemble du personnel pour atteindre les objectifs qui lui ont été conférés. Les responsables du syndicat ont profité de l’occasion pour dérouler leurs préoccupations.
Le 14 avril 2022, la ministre de l’Environnement, de l’Énergie, de l’Eau et de l’Assainissement, Maminata Traoré/Coulibaly, a eu une rencontre avec le Syndicat national des travailleurs des mines et de l’énergie (SYNATRAME) qui s’est dit disposé à accompagner la ministre. Le 28 mars 2022, elle a rencontré le Syndicat national des environnementalistes de l’Etat (SYNAEE).