Selon l’Indice harmonisé des prix à la consommation du mois de février 2022, publié par l’INSD, les prix des denrées alimentaires de première nécessité ont connu une augmentation. Entre 2021 et 2022, les prix des céréales non transformées ont connu une hausse de 21,2%, les huiles alimentaires de 16,4%, les légumes frais en fruits ou racines de 36,5% et les tubercules et plantains de 44%. Cette situation de hausse intervient dans une période où les populations sont confrontées à plusieurs difficultés, notamment, la mauvaise pluviométrie et la crise sécuritaire que traverse le pays. L’Economiste du Faso est allé à la rencontre du Directeur général (DG) de la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) pour comprendre comment elle compte continuer à approvisionner les populations vulnérables en céréales à des prix subventionnés.
L’Economiste du Faso : Selon vous, qu’est-ce qui peut expliquer cette augmentation des prix des céréales ?
DG de la SONAGESS, Hamadé Belem : Cette année, l’augmentation des prix des céréales est exceptionnelle. On n’a jamais vu des prix des céréales très élevés comme ce que nous voyons présentement. Cela s’explique par plusieurs raisons. D’abord, il y a la mauvaise pluviométrie. Ensuite, il y a l’insécurité qui n’a pas permis aux populations de travailler leurs champs. Enfin, il faut reconnaitre qu’il y a des sorties de nos céréales vers les pays voisins. Ces trois facteurs sont principalement à l’origine de l’augmentation des prix des céréales, car il y a un manque de céréales en quantité suffisante sur le marché. A notre niveau, nous vendons les céréales à un prix subventionné dans nos points de vente, communément appelés les boutiques SONAGESS. Il y a un prix fixe que nous ne dépassons pas. C’est 6.000 FCFA le sac de 50 kg. Ces céréales sont destinées aux populations vulnérables. Cette opération de vente de céréales à prix subventionné par la SONAGESS à la population vulnérable commence en début d’année pour prendre fin au 31 décembre. Après, il faut faire la situation et produire des rapports. A cet effet, un rapport est produit au niveau du ministère de l’Agriculture pour faire la situation de la campagne agricole écoulée. Ce rapport indique les zones qui nécessitent l’implantation des boutiques témoins. Nous sommes là-dessus. Le gouvernement est à pied d’œuvre pour approvisionner la SONAGESS et ouvrir des boutiques témoins dans les zones à fort besoin.
Quelle est l’évolution des prix des céréales sur le marché ?
Présentement, le prix du sac de maïs est à plus de 40% d’augmentation. L’évolution des prix est inquiétante. Chaque jour, ça ne fait qu’augmenter. Nous sommes à pied d’œuvre avec le nouveau gouvernement pour avoir rapidement les ressources pour pallier ce problème. Les prix évoluent chaque jour. Par exemple, à « Sankaryare », on peut trouver le sac de 100 kg de maïs peut-être à 24.500 FCFA et l’avoir à 22.000 FCFA vers Banfora et environ 23.500 FCFA à Bobo. Vers Djibo ou Titao, il n’y en a même pas. Le sac peut atteindre 30.000 FCFA, voire 45.000 FCFA. C’est déplorable. Dans certaines localités, les populations se nourrissent de feuilles. C’est une situation vraiment difficile. La SONAGESS rassure que le gouvernement travaille à résoudre ces problèmes.
Les stocks que vous avez suffiront-ils ou envisagez-vous faire des approvisionnements ?
Il y a des quantités de céréales qu’on doit acheter chaque année. Il y a des seuils d’approvisionnement dans l’année. Nous avons pratiquement épuisé le stock prévu pour 2021, mais nous sommes sur le point d’acquérir d’autres stocks. Il y a d’autres perspectives, notamment, l’intervention du PAM, de la Croix Rouge et la Banque mondiale pour reconstituer les stocks de céréales.
Quelles sont les dispositions prises pour maintenir le prix subventionné des céréales dans vos boutiques témoins et contrer l’inflation des prix des céréales ?
C’est comme ce que je disais, l’Etat a subventionné les céréales que nous distribuons pour fixer le prix du sac de 50 kg à 6.000 FCFA. Nous sommes en train d’étudier une option pour faire baisser le prix des céréales. Il s’agit de faire des opérations d’importation des céréales dans les pays où le prix est bas par rapport au prix opéré sur le territoire national. Nous pensons que cela pourrait avoir un impact sur l’inflation des prix. o
Issouf TAPSOBA (Collaborateur)
Encadré
Détermination des prix des céréales sur le marché
La SONAGESS couvre 64 marchés sur le système d’information des prix des produits locaux au Burkina Faso. Elle dispose de deux enquêteurs par marché qui fournissent chaque jour en détails des informations sur les prix des produits agricoles. Donc, elle dispose en temps réel de l’information sur l’évolution des prix.