Des habitants de Silmiougou ont tenu un sit-in devant le siège de la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) pour protester contre l’ultimatum de déguerpissement qui leur a été donné. C’était à Ouagadougou, le lundi 31 janvier 2022, dans la matinée. Ces personnes n’auraient pas été attributaires et ont été sommées par la société de déguerpir. L’objectif de ce rassemblement était d’exprimer leur mécontentement par rapport à l’attribution des parcelles concédées par la SONATUR qu’ils jugent injuste.
Ils étaient une centaine de personnes, femmes et hommes à se regrouper devant les locaux du siège de la SONATUR : « Nous ne sommes pas contents de la SONATUR », pour justifier ce sit-in.
Un représentant des manifestants, Moumouni Derra, nous explique les causes de ce mouvement d’humeur : « Nous sommes résidents dans les non-lotis de Silmiougou, 15 à 16 ans pour certains, et d’autres en deçà. La SONATUR est venue nous donner un ultimatum de trois mois pour déguerpir, car voulant entamer la construction des cités. A cet effet, il y a eu des attributions de parcelles.
Mais malheureusement, tout le monde n’a pas été bénéficiaire. Nous sommes allés pour rencontrer le chef de Silmiougou et il ne nous a pas reçus. Nous nous sommes tournés vers le Maire de Boulmiougou, il ne nous a pas accueillis. Nous sommes venus ici à la SONATUR, c’était toujours le même refus, alors qu’elle nous a donné trois mois pour quitter les lieux, sans nous donner une autre place. Nous n’avons pas où aller, moi, j’y suis depuis 15 ans, j’ai une femme avec des enfants et on vient me dire de libérer cette place sans aucune nouvelle destination.
C’est comme si nous n’étions pas des Burkinabè. Nous sommes-là pour demander la clémence de la SONATUR, parce que nous ne savons pas à quel Saint se vouer. Des gens ont eu 2 à 3 parcelles, mais comme nous ne pouvons pas nous exprimer parce que nous n’avons pas de bras longs, donc on ne parle pas de nous. Nous leur demandons de faire pardon et revenir sur le site pour qu’on échange, parce que nous qui sommes dans cette situation, nous sommes seulement une centaine, nous ne sommes pas nombreux. Ils étaient venus avec des machines pour détruire nos habitations, mais nous avons protesté et c’est suite à cela qu’ils nous ont donné les trois mois. Il ne reste que deux mois. Nous sommes membres de l’association « neb la zaka », mais avec la situation actuelle, si les autochtones sont divisés, ce n’est pas un étranger qui viendra résoudre leurs problèmes. Nous ne voulons pas beaucoup discuter avec eux, car nous ne connaissons pas la loi mieux qu’eux. Mais ce que nous leur demandons, c’est de nous céder cette place que nous occupons déjà ».
Quittant les locaux de la SONATUR, les manifestants disaient se rendre chez le Mogho Naaba pour y défendre leur cause.
Du coté de la SONATUR, le Directeur de la qualité et de l’audit interne, Adama Séré, s’est prononcé sur la situation. Selon lui, des attributions de parcelles sont en cours sur le site de Silmiougou. Ce site d’une superficie de 35O hectares a été acquis depuis 2008 par l’intermédiaire de la Mairie et de la population.
A l’issue d’un recensement des propriétaires terriens, 100 hectares sur les 350 ont été mis à leur disposition, c’est-à-dire, la trame d’accueil. Cependant, le hic est qu’ils se sont rendu compte par la suite que certains propriétaires terriens avaient déjà cédé des parcelles qui revenaient de droit à la SONATUR. Au regard de cela, dans un souci d’apaisement, un nouveau recensement a été fait pour ceux qui y résidaient effectivement, ce que M. Séré a qualifié de double dédommagement. Avec l’accord du Conseil d’administration, 304 parcelles ont été attribuées à nouveau. Ce processus est en cours pour dédommager les personnes qui ont été retrouvées sur le site, a-t-il signifié. Il dit être surpris de ce mouvement d’humeur. Mais une promesse a été faite de rencontrer ces personnes et comprendre davantage la situation. S’ils sont dans leur droit, la SONATUR prendrait des engagements pour voir dans quelle mesure résoudre le problème. Au cas échéant, l’Etat est interpellé pour éviter toute dérive, a-t-il conclu.
Affaire à suivre….o
Flora SANOU (Collaboratrice)
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