L’Afrique de l’Ouest est numéro 1 en nombre de films produits annuellement sur le continent. L’information est venue du rapport sur L’industrie du Film en Afrique, publié par l’UNESCO et lancé le 21 octobre 2021 à Ouagadougou, à l’occasion du Fespaco.
En plus du nombre de productions à petit budget, grâce à Nollywood au Nigeria, cette zone a une prédominance de coproductions internationales avec les pays européens pour les films d’auteur, et numéro 2 en nombre d’écrans de cinéma et de chaînes de télévisions privées sur le continent. Au niveau du marché local de la production de séries télévisées et de la diffusion télévisuelle, on constate une croissance, notamment au Nigéria, en Côte d’Ivoire, Sénégal.
Cette production est aussi en croissance au Burkina Faso, selon l’Unesco. Selon la Direction générale du cinéma et de l’audiovisuel (DGCA) au Burkina Faso, des dizaines de films de petits budgets ont produits chaque année. « La DGCA estime que 40 films locaux et 28 films étrangers (tous genres et formats confondus) sont produits en moyenne par an au Burkina Faso », révèle le rapport.
Sources et mécanismes de financement
Ou trouver l’argent pour faire un film ? La question est de plus en plus sur la table des producteurs, réalisateurs, acteurs de cinéma. L’Unesco a dressé les sources et aussi les mécanismes de financement.
Depuis 2016, un Fonds de Développement Culturel et Touristique (FDCT) a été créé avec pour mission principale d’offrir aux secteurs culturels et touristiques un accompagnement financier et technique pour soutenir leur développement. Un autre dispositif de financement est le Programme d’Appui aux Industries Créatives et à la Gouvernance de la Culture (PAIC-GC). Le programme est cofinancé par le gouvernement burkinabè et l’Union européenne pour une durée de cinq ans (2018-2023). Trois filières sont concernées : artisanat d’art et design, cinéma/ audiovisuel, et arts de la scène.
Les producteurs burkinabè ont également accès aux subventions d’institutions internationales comme l’Organisation internationale de la Francophonie ou le programme ACP-UE Culture. Une source non négligeable de financement provient également des ONG internationales et des services de coopération des ambassades et missions diplomatiques représentées au Burkina Faso. Enfin, certains producteurs réussissent à financer leurs productions à petits budgets en levant des fonds privés auprès de partenaires institutionnels ou commerciaux.
46 salles dont 7 fonctionnent régulièrement
Selon la DGCA, le pays compte un total de 46 salles dont 7 fonctionnent de façon régulière, 9 de façon irrégulière, les 30 autres n’étant pas fonctionnelles. Les salles fonctionnelles programment entre 50 et 60 % de films locaux. Les deux salles du groupe Canal Olympia (300 places chacune) sont en activité depuis 2017 et programment en moyenne 80 % de films étrangers (notamment des blockbusters américains), 15 % de films africains et 5 % de films burkinabè.
En dehors des grandes villes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les autres localités ne sont pas prises en compte dans les plans de diffusion des films. Des infrastructures souvent en mauvais état existent en province, mais elles ne sont pas opérationnelles. Le parc de salle devrait s’agrandir en 2021 avec le projet de réhabilitation du Ciné Guimbi à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays. En dépit de la réalité du parc de salles, les Burkinabè restent dans leur majorité des cinéphiles et indiquent clairement leur intérêt pour les films locaux, suivis par les films africains.
Au titre des faiblesses dans l’industrie du Cinéma de la zone Afrique de l’Ouest, le rapport de l’UNESCO cite l’inexistence, de mesures incitatives gouvernementales dans certains pays, le potentiel limité de coproduction entre pays de la même région et avec ceux des autres régions en Afrique. L’on note aussi les pertes importantes de revenus liées au piratage et au non-respect de la propriété intellectuelle ; la faiblesse des infrastructures cinématographiques et numériques dans certains pays et enfin le nombre peu élevé de producteurs expérimentés.
NK
Encadré: Peu de plateformes de diffusion de films en ligne
Malgré la forte pénétration du mobile qui a atteint 97 % de la population en 2019, il existe toujours peu d’engouement vers les plateformes de diffusions en ligne. 32 % des abonnés mobiles avaient accès à Internet via leur mobile en 2019. La récente ONATEL Ciné offre des films en tous genres avec une possibilité d’abonnement journalier. Les services de vidéo à la demande de Netflix sont également accessibles, mais le nombre d’abonnés reste modeste en raison de la faible connectivité à Internet des ménages.