Cela fait exactement 34 ans que le capitaine président et ses 12 compagnons ont été fauchés par les balles d’un commando militaire. Ce 11 octobre, après toutes ces années, la Justice va enfin entendre les protagonistes de cette affaire. Que ce fut long pour les familles des victimes. On pense surtout aux orphelins et aux veuves des victimes dont tout l’argent du monde n’aurait pu soulager la peine et la douleur. Mais également, à ces activistes, sankaristes ou pas qui ont décidé que ce crime ne resterait pas impuni et qui ont utilisé tous les recours judiciaires pour que ce dossier ne tombe pas dans les oubliettes de l’histoire. L’affaire Sankara ne concernait pas que les Burkinabè, mais tous ces panafricanistes, révolutionnaires à qui il avait vendu ce rêve qu’il était possible de redonner sa dignité au peuple par la volonté et par l’action. Et ces rêveurs désabusés attendent de savoir pourquoi, comment et qui a fait quoi le 15 octobre 1987 au Conseil de l’Entente. La Justice a la lourde mission de reconstituer ce puzzle pour qu’enfin, la vérité soit connue. Qu’importe les sanctions. Ce sera pour l’histoire. La fermeture d’une parenthèse sanglante qui a divisé un pays pendant plus de 30 ans. Ce sera aussi un pas important vers la réconciliation nationale, grâce à la Justice, si le procès tient toutes ses promesses.o
Par Abdoulaye TAO