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Exonérations fiscales: une aubaine pour les multinationales

Certaines multinationales implantées au Burkina Faso (sociétés minières, cimenteries, sociétés de téléphonie mobile, etc. paient moins d’impôt que le citoyen lambda. Tel est le constat du Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) et ce, depuis 2018.
Celles-ci bénéficient de la part de l’Etat, des (exonérations fiscales et douanières et autres incitations fiscales) suivant des choix révélés ou discrétionnaires dans le but de créer plus d’emplois et partant, créer la croissance nationale. Pour le CERA-FP, ces exonérations desservent plus les intérêts du pays qui fait face déjà à plusieurs défis de développement.
Elles sont source d’inégalités sociales, selon le Secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio. Aujourd’hui, par le truchement des dérogations fiscales, certaines grandes entreprises n’hésitent pas à s’adonner à des flux financiers illicites et à des évasions fiscales au détriment des recettes de l’Etat. A ce propos, Hermann Doanio révèle que les multinationales transfèrent chaque année, 1,58 milliard FCFA de bénéfices vers les paradis fiscaux, en vue d’échapper au fisc (45,622 milliards de pertes de recettes en 2019). Un manque à gagner pour le budget de l’Etat. Le cumul de cette somme aurait pu aider l’Etat burkinabè dans la réalisation des investissements sociaux de base (santé, éducation, eau…). Mieux, se passer de l’aide au développement. A titre d’exemple, sur la période 2016 à 2019, l’Etat a alloué en moyenne annuelle 36,72% de son budget aux dépenses sociales (éducation, santé et agriculture) au lieu de 41,8% du budget national, conformément à certains engagements internationaux. Toute chose qui fait dire au président du Conseil d’administration du CERA-FP, Yoroko Dembélé, que les ressources propres collectées creusent de plus en plus les inégalités. Pour lui, dans un pays, la norme voudrait que tout contribuable soit assujetti aux impôts, malheureusement, tel n’est pas souvent le cas de ceux qui possèdent la plus grande part de richesse mondiale.
Conséquence, ce sont les basses classes, « les pauvres », qui s’acquittent de ce devoir citoyen. Il recommande l’application de la ‘’juste part d’impôt’’ dans toute sa rigueur et aussi à rendre effective l’égalité devant l’impôt.
Pour Hermann Doanio, le gouvernement burkinabè gagnerait à expérimenter la fiscalité progressive (définition de taux progressifs ; réduire les impôts indirects ou régressifs ; lutter contre les FFI ; minimiser les dépenses fiscales (grandes entreprises) et les dépenses pro-pauvres (investissements publics conséquents dans les secteurs sociaux de base ; répartition équitable des dépenses publiques ; subventions au profit des personnes vulnérables). En rappel, des journalistes, acteurs de la société civile et des élus nationaux ont été sensibilisés sur la campagne “justice fiscale», les 16 et 17 septembre 2021 à Ouagadougou.
Ambèternifa Crépin SOMDA

 

Encadré

Dérogations fiscales, l’Etat en tire des dividendes

Si pour le CERA-FP, les dérogations fiscales accordées aux multinationales desservent l’Etat burkinabè dans la réalisation des investissements sociaux de base et la création d’emploi, tel n’est pas l’avis de la Direction générale des Impôts et de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat. Selon leurs représentants, ces dérogations correspondent à une vision politique du moment. Ils laissent entendre que contrairement à une certaine opinion, ces multinationales facilitent la résorption du chômage à travers la création de milliers d’emplois. Des emplois qui sont créateurs de richesse nationale. Aussi, disent-ils, elles appuient l’Etat dans la réalisation de certaines infrastructures sociales, au regard de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE).

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