En 2020, le Burkina Faso a enregistré un taux de croissance de 2,5%, année où presque toutes les économies ont enregistré des contreperformances. La cause, la conjoncture marquée, sur le plan interne, par la persistance des attaques terroristes et la fronde sociale et sur le plan externe, par la crise liée à la COVID-19. Malgré cela, le gouvernement reste optimiste et projette le taux de croissance à 7,1% en 2025. Une résilience qui passe par le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES II 2021-2025). Du reste, il ressort du rapport du Comité d’orientation et de supervision de son dispositif d’élaboration sur le PNDES-II adopté le 2 juillet 2021, que la « mise en œuvre de la stratégie de développement ambitionne la réalisation rapide de la croissance économique portée par l’industrialisation, le schéma de financement découle des résultats du cadrage macro-budgétaire visant l’atteinte d’une croissance de 7,1% ». En rappel, avec le PNDES I, le gouvernement visait un taux de croissance de 8% en 2020.
Selon le document, le coût global de financement du PNDES II 2021-2025 est de 19.030, 70 milliards FCFA. Pour la levée des fonds, le gouvernement burkinabè compte utiliser deux principales sources de financement avec plusieurs mécanismes. A l’instar du PNDES I, l’Exécutif va tabler sur le financement interne et le financement externe. Le document mentionne que le Burkina Faso exploite déjà les sources traditionnelles de financement qui se rapportent à la mobilisation de l’impôt, aux emprunts sur le marché financier régional, l’aide publique au développement et ses composantes. Pour cette fois-ci, le Burkina Faso va explorer les financements innovants, faiblement exploités jusqu’ici. Il s’agit : du financement participatif, de la contribution volontaire, des ressources de la diaspora, etc.). Ils seront mis à contribution pour optimiser la mobilisation des ressources.
Les 2 et 3 décembre 2021 à Bruxelles pour la Table-ronde du PNDES II
Le rapport souligne que 63,0% du coût total du PNDES-II sera assuré par les ressources propres, soit 11.989,60 milliards FCFA et 9,0% par les ressources extérieures (1.712,97 milliards FCFA) sur la base des conventions déjà conclues avec les partenaires au développement. Il se dégage un besoin de financement additionnel de 5.328,12 milliards FCFA, correspondant à 28,0% du coût total du plan. Les porteurs du projet affirment que le besoin additionnel sera couvert par l’appui des partenaires au développement et le recours au privé, à travers les instruments innovants dans le cadre d’une stratégie d’optimisation des ressources et des dépenses pour plus d’efficacité dans la politique publique. A propos du financement extérieur, une table-ronde est prévue les 2 et 3 décembre 2021 à Bruxelles, en Belgique.
Mobilisation des ressources propres
Pour la réussite du PNDES-II, le gouvernement compte mettre l’accent sur la mobilisation des ressources propres. Deux (2) sources de financements internes sont identifiées : recettes fiscales et recettes non fiscales. C’est ainsi que sur les 11.989,60 milliards FCFA, correspondant à 63,0% du coût total du plan, les recettes fiscales s’élèvent à 10.832,6 milliards FCFA, soit 90,3% des ressources propres et les recettes non fiscales sont à 1.157,0 milliards FCFA, correspondant à 9,7% des ressources propres. L’atteinte de ces objectifs passe par la poursuite de la modernisation des administrations fiscales et douanières, à travers, notamment, la dématérialisation continue des services et le renforcement de la politique fiscale à travers l’élargissement de l’assiette fiscale, l’amélioration du contrôle fiscal, etc.
Les emprunts de capitaux à long terme
Le Burkina va profiter des emprunts de capitaux à long terme. Cette option passe par « guetter » les Eurobonds. Ils apparaissent plus attractifs pour les émetteurs de dettes en raison de la flexibilité qu’ils offrent dans le choix du pays d’émission, et des possibilités d’optimisation fiscale afférentes. En règle générale, ils ne sont pas soumis aux taxes et aux règlementations des pays d’émission, ce qui rend le marché des Eurobonds plus accessible que les autres marchés obligataires. Le risque de change, qui constitue la principale exposition pour le pays, est minimisé en raison de l’arrimage du FCFA à l’Euro, selon les experts.
Synthèse Ambèternifa Crépin SOMDA
Encadré
A propos des financements innovants
Le Partenariat public-privé (PPP)
Pour accroître l’intervention du privé, l’Etat va renforcer l’attrait aux projets porteurs et matures dans les secteurs stratégiques (infrastructures, énergie, etc.) à financement sous la forme PPP. Cette approche vise à amoindrir l’incidence financière sur le cadre macro-budgétaire.
La mobilisation des ressources de la diaspora
Au regard de leur importante contribution à travers les flux de transfert, la contribution de la diaspora sera fortement sollicitée. Cette innovation va se bâtir sur la création d’obligations-diaspora pour le financement de projets d’investissements structurants.
Le financement participatif ou crowdfunding
Le financement participatif ou « crowdfunding », qui est un mécanisme permettant de collecter des ressources financières auprès du public pour assurer le financement des projets, reste une source potentielle de mobilisation de l’épargne intérieure. Généralement, il s’agit de faibles montants collectés auprès d’un public étendu, en vue de financer des projets économiques dans divers domaines. Le crowdfunding vise, la plupart du temps, à apporter un soutien financier à des initiatives de proximité ou à des projets défendant des valeurs sociales et morales. La transparence affichée et la modularité (dons, préventes, prêts, prises de participation) expliquent la confiance du public envers les plateformes de financement participatif.
Les financements verts et climatiques
Le présent PNDES II s’inscrit dans la mise en œuvre des engagements climatiques du Burkina Faso, notamment, l’Accord de Paris sur le climat, à travers la contribution déterminée au niveau national (CDN). Les mécanismes financiers multilatéraux combinés aux financements bilatéraux vont permettre au pays de répondre à ses engagements en lien avec le climat. A cet effet, il existe une gamme variée de mécanismes de financement vert qui constituent des opportunités pour accompagner le financement du développement. Ces mécanismes existants sont, entre autres : (i) le Fonds pour l’environnement mondial ; (ii) le Fonds pour l’adaptation ; (iii) le Fonds vert pour le climat ; (iv) le Fonds multilatéral de mise en œuvre du Protocole de Montréal (v) et le Fonds d’investissement pour le climat.
Encadré
PNDES II va coûter plus de 19.000 milliards FCFA
Le coût global de la mise en œuvre du Plan est estimé à 19.030,70 milliards FCFA, soit un coût annuel moyen de 3 806,14 milliards FCFA. Les dépenses d’investissements (y compris les transferts en capital) représentent 34,7%, soit une enveloppe globale de 6.608,10 milliards FCFA sur la période, soit 1.321,62 milliards FCFA par an. L’amélioration de l’efficience et de l’efficacité de l’exécution de l’investissement public devra permettre d’accroître l’impact des investissements sur la croissance économique, à travers les efforts de maturation des projets et leurs priorisations, le renforcement des contrôles dans la conformité des procédures et dans l’exécution et le renforcement des capacités des différents acteurs de la chaîne.