L’Indice FAO des prix des produits alimentaires, publié le 2 septembre 2021, est reparti à la hausse. Un rebond qui s’explique principalement par la forte hausse des sous-indices du sucre (9,6%), des huiles végétales (6,7%) et des céréales (3,4%), en août, par rapport au mois de juillet de la même année.
Au Burkina Faso, les statistiques de l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) confirment cette tendance, du moins en ce qui concerne les céréales et autres produits alimentaires. L’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) du mois d’août, publié le 13 septembre dernier, annonce une hausse générale du niveau des prix à la consommation. L’Indice harmonisé des prix à la consommation du mois d’août 2021 se situe à 108,8, soit une hausse de 0,4% par rapport à juillet 2021. En glissement annuel, les prix augmentent de 2,8%.
Dans ces données sur les variations des prix, les prix dans les fonctions « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées », « Boissons alcoolisées », « Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles » et « Restaurants et hôtels » ont subi des hausses.
Concernant la première fonction, à savoir les produits alimentaires et boissons non alcoolisées, cette variation est la plus sensible sur le long terme. Dans ce panier, on y compte les céréales non transformées, les farines semoules et grumeaux, la viande de bœuf, le beurre et les huiles, les légumes secs. Ces produits se sont achetés 0,7 fois plus cher entre juillet et août 2021. En variation annuelle, ces produits ont connu une variation en hausse de 6,1% entre août 2020 et août 2021. Dans la fonction « Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants », l’augmentation des prix a été causée par celui du tabac local à chiquer et de la noix de cola. La hausse des prix des combustibles solides (le bois de chauffe et le charbon de bois) est la principale cause de la montée des prix dans la fonction « Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles ». S’agissant de l’augmentation des prix dans la fonction « Restaurants et hôtels », elle est liée à la montée des prix des repas pris hors du ménage, surtout le porc au four. Ainsi donc, selon les données de l’INSD, ce n’est pas seulement les produits alimentaires qui coûtent plus cher, mais aussi les stupéfiants, le bois de chauffe, et même les services de restauration.
Les causes de la hausse
Le ministre de l’Industrie et du Commerce au Burkina Faso a évoqué les tensions sur le fret maritime et la baisse de l’offre comme des causes de la hausse des prix des denrées alimentaires, particulièrement l’huile végétale. « Cette perturbation que connaît l’huile actuellement est liée au retard d’embarquement des navires qui sont censés alimenter les pays africains », affirmait Harouna Kaboré, premier responsable du département, devant la presse, lors de sa tournée pour contrôler les prix de l’huile alimentaire, le 12 août dernier.
Une autre explication existe pour comprendre cette hausse des denrées. Selon la FAO, il s’agit de la pénurie de matières premières liée à une explosion de la très forte demande chinoise, ce qui a pour conséquence les augmentations des prix par les fournisseurs ainsi que la longueur des délais de livraison. Les grands producteurs ont connu des mois d’inactivités sans production à cause des mesures de confinement associées à la fermeture des frontières. Mais dès la levée progressive de ces mesures, le marché mondial a connu une hausse sans précédente de la demande des produits alimentaires et de matières premières, selon l’OMC, en raison de la très forte demande soudaine de la Chine, ce qui a eu pour conséquence un déséquilibre de la balance de la production de ces produits et par ricochet, un renchérissement des prix sur le marché international. o
NK
Encadré
Liste des produits dont les prix sont règlementés
Depuis début août 2021, le ministère de l’Industrie et du Commerce s’est lancé dans un certain nombre d’actions pour faire face à la hausse des prix. Il s’agit de solutions conjoncturelles et structurelles. Les tournées et autres visites effectuées par le MICA ont pour but d’assurer la disponibilité des produits de grande consommation et aussi de surveiller le marché.
La loi 016-2017/AN du 27 avril 2017 portant organisation de la concurrence au Burkina en son article 6 permet au ministre en charge du commerce de fixer aussi des prix pour remédier à des hausses excessives de prix, une situation de crise, des circonstances exceptionnelles ou une situation de fonctionnement manifestement anormale du marché dans un secteur économique donné. Quant à l’arrêté 2020-0117/MCIA/SG portant modification de l’arrêté N.2018-0022 du 22 janvier 2018, il fixe la liste des produits, biens et services soumis à la règlementation des prix. L’article donne la liste des 24 produits qui sont :
– Le riz ;
– Autres céréales locales (maïs, mil, sorgho) ;
– Huiles alimentaires ;
– Coton graine destiné à la fabrication de l’huile alimentaire ;
– Intrants agricoles ;
– Produits phytosanitaires ;
– Sucre ;
– Farine de froment ;
– Pain ;
– Lait et produits de la laiterie ;
– Savon ;
– Ciment ;
– Fers à béton ;
– Tôles ;
– Hydrocarbures ;
– Médicaments essentiels génériques ;
– Tarifs publics (eau, électricité…) ;
– Articles scolaires ;
– Tabacs ;
– Services de transport ;
– Services de parking ;
– Décodeurs de base de télévision numérique terrestre ;
– Gels ou solutions hydro-alcooliques destinés à l’hygiène corporelle ;
– Masques de protection respiratoire.o